Après les déclarations de Hollande, lors de ses vœux, toute la presse a annoncé que l’hôte de l’Élysée était devenu social-démocrate. Cette proclamation aurait dû ajouter de la clarté au débat mais, dans la réalité, elle l’obscurcit. Que veut dire “social-démocrate” ? Quel rapport les socialistes français ont-il avec le marché et la concurrence d’une part, et d’autre part avec le capitalisme et surtout les capitalistes ? Car ce sont là deux réalités bien différentes. Au final, le socialisme est-il seulement un projet économique ? Rien n’est moins sur, à tout le moins celui de François Hollande et de sa clique.
Hollande ou l’impuissance économique
Ce qu’ont voulu comprendre les journalistes économiques, après le discours des vœux, était que Hollande avait l’intention de se recentrer sur les déficits publics. “Nous pouvons faire mieux en dépensant moins” sur “les missions essentielles” de l’État, en taillant dans les dépenses publiques. Voici qui est bon à prendre, s’ il ne s’agit pas que de paroles, mais, outre le fait que, jusqu’à présent, Hollande n’a tenu aucune de ses promesses, hormis le “mariage” des homosexuels. La question est encore de savoir si la logique de l’économie française et de sa “gouvernance” rend possible le virage annoncé, nous ne le croyons pas. Au surplus, ce n’est pas par conviction libérale qu’il le fait mais pour ne pas tout simplement disparaître et afin de disposer de moyens économiques pour accomplir son projet politique. Il est question de coupes dans la fonction publique par exemple. C’est, pour les socialistes, se tirer une balle dans le pied. Hollande ne va quand même pas se priver de sa clientèle électorale, surtout si le seul parti politique qui défende la fonction publique voire songe à l’augmenter est le… Front national ! Les annonces a minima, et sans qu’aucun objectif précis n’ait été dévoilé, ressemblent à s’y méprendre au programme de l’UMP, en un peu plus timide ! De même pour la « clarification » des collectivité locales, Hollande sait bien qu’il se heurterait aux grands féodaux socialistes et que la réforme régionale n’a aucune chance d’aboutir. Il veut même en finir, nous dit-il, avec “les excès et les abus de la sécurité sociale », ni plus ni moins que ce qu’avait dit Sarkozy. Mais là, attention danger ! Il touche au modèle français, il identifie la source du mal et se démarque des Verts, de Mélenchon, du PC, voire de l’aile gauche du PS et de Martine Aubry, mais après ? Le sans-culotte du Front de gauche aura de quoi vociférer et le PC avalera la couleuvre sociale-démocrate pour garder les restes de son antique implantation. En réalité, le président est acculé par les effets du choc fiscal, par l’accroissement du déficit public de 38 milliards d’euros supplémentaires, par une dette (delta 83 milliards d’euros) qui augmente trois fois plus que le PIB et une popularité au plus bas. Ses maîtres en la matière ne sont pas sa gauche mais l’Europe et Merkel qui veulent contraindre la France à revenir dans les 3% de déficit du PIB fin 2015. Parions que cela ne se fera pas, car pour tenir ces engagements, la France devra réduire de 50 milliards la dépense des 3 budgets à venir. Mais de toute façon, si la sociale-démocratie, c’est cela, alors tout le monde est social-démocrate.
“À l’origine, ‘social-démocrate’ veut dire ‘socialiste’.”
Social démocratie: le syndrome du pasteur Masaï
Pour en finir avec le mot : à l’origine, “social-démocrate” veut dire “socialiste”, celui de Marx du Manifeste communiste, de Jules Guesde et de Jaurès. Puis, vinrent les sociaux démocrates allemands qui furent les premiers à chercher un compromis avec les capitalistes, en échanges d’avantages sociaux pris à l’initiative de Bismarck sous forme d’assurances vieillesse, chômage, maladie. Mais c’est lorsque Lénine constitua à Moscou la Troisième internationale (1919) et que, consécutivement, le Parti communiste français naquit en décembre 1920 du congrès de Tours de la rupture avec les socialistes, que le mot “social-démocrate” devint péjoratif comme signe du compromis avec le capitaliste. Le PCF durablement stalinien traita encore de “sociaux-démocrates” tous les socialistes jusqu’au début des années 80. Le mot étant l’équivalent de “social-traître” ! Tandis que la sociale-démocratie allemande poursuivait sa route historique via l’économie sociale de marché au temps de la RFA puis avec les réformes de Schröder et aujourd’hui, la Grande Coalition, au fil des ans, il ne reste rien du socialisme, la social-démocratie l’ayant en quelque sorte digéré. En France, en revanche le programme, assez flou au demeurant, que promeut Hollande relève plutôt de la technique du guerrier Masaï, il sait bien qu’à trop saigner la vache, il la fera mourir, il se résout désormais à une entaille modeste dans la gorge de l’animal, mais ces bonnes résolutions seront violées par gourmandise idéologique de son entourage. Celui-ci n’a pas renoncé abattre l’animal. Mais alors, que penser des socialistes qui se plaisent avec les “deux cent familles” ? C’est, en réalité, un capitalisme de connivence qui favorise les penchants monopolistiques du capital. En revanche, nos socialistes demeurent beaucoup plus mal à l’aise face à la liberté économique, la concurrence n’est pas dans leur ADN, et dans l’oxymore ‘liberté égalité’ ils préfèreront toujours l’égalité. Sachant que pour être plus égaux, il faut être moins libres. D’où ce dualisme profond entre les grandes entreprises prêtes à collaborer par la voie du MEDEF avec ce pouvoir tandis que demeurent pénalisées les PME, PMI, les libéraux, les artisans, etc. Par ailleurs, la vache sacrée de la Sécurité sociale ne sera pas touchée. Le modèle français qui travaille maintenant contre les Français a encore de beaux jours devant lui. Mais, au final, et si la “conversion” de Hollande ne constituait qu’un compromis social-démocrate, si le mot veut encore dire quelque chose, pour mener à bien un autre projet ?
“Le socialisme moderne ou sociale-démocratie à la française est un socialisme de l’être. Toutes les décisions prises dans l’année écoulée ont été une dépossession des français de leur être historique, moral,identitaire, culturel.”
Le socialisme sociétal ou l’extrémisme avéré du pouvoir
Le socialisme ce n’est pas seulement l’appropriation collective des moyens de production. Certes, il détruit de la valeur et fabrique des pauvres et c’est parce qu’il les aime d’ailleurs qu’il en importe. Plus encore, c’est l’appropriation collective des consciences qui l’intéresse et sa préoccupation sociétale n’est pas qu’un repli sur les mœurs du à son impuissance économique, elle n’est pas anodine puisqu’il s’agit de changer l’homme, ou de lui en substituer un autre forgé de toute pièce. Il faut appeler les choses par leur nom : Hollande le grassouillet débonnaire, avec ses blagues à deux balles, est un chef de guerre, une guerre impitoyable. Il a déjà choisi entre Moscovici et Taubira, il fait la guerre au peuple français avec l’aide de complices réputés appartenir à l’élite.
Allons donc, voici encore un phantasme complotiste, un pensée coupée du réel ! Nous avons affaire, certes, à des politiciens retords, nous opposera-t-on, mais leur ambition, c’est leur ventre, pas la victoire contre la France !
Rien n’est moins sur : le socialisme traditionnel était de l’ordre de l’avoir et, même si il voulait un homme nouveau, il n’atteignait que difficilement son être profond. Le socialisme moderne ou sociale-démocratie à la française est un socialisme de l’être. Toutes les décisions prises dans l’année écoulée ont été une dépossession des français de leur être historique, moral,identitaire, culturel. Tous ceux qui opposent le combat économique pour la liberté et le combat pour les valeurs au nom d’une confusion, pire un malentendu culturel français, sur le libéralisme, ne voient pas toujours que les deux ne font qu’un et que pour combattre ce pouvoir, le combat économique sert le combat identitaire et philosophique ne serait-ce que parce qu’il permet au socialisme de survivre. Or, comme le scénario économique s’annonce difficile pour le pouvoir, il faut lui couper les vivres. L’échec est programmé : sociaux-démocrates ou pas, les socialistes et Hollande vont nous conduire à la ruine qui les privera des moyens de transformer la société plus avant. Car il est totalement illusoire de croire que le supposé changement de politique annoncé avec les vœux présidentiels puisse permettre à l’économie française et à son président de tenir jusqu’en 2017.
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