Selon son habitude, quand il y a un problème, le pouvoir lance un nuage de poudre de perlimpinpin : c’est ce qu’il a fait, en présentant vingt mesures pour « reprendre le contrôle de l’immigration », alors que les banlieues s’embrasent et que les Français n’en peuvent plus de voir leur pays changer avec l’arrivée de migrants qui ont accès à des droits dont eux-mêmes ne bénéficient pas, comme l’Aide Médicale d’Etat, alors qu’ils les financent. La préférence étrangère est devenue dans un pays qui marche sur la tête une vertu, quand la préférence nationale, simple conséquence logique de l’existence d’une nation, est rejetée dans les horreurs du populisme. Trop, c’est trop, et même si la rancoeur qui monte dans l’opinion peut favoriser le duel souhaité par le président pour sa future réélection, il ne faudrait pas qu’à force d’inertie, le sortant soit balayé. Il pratique donc la triangulation qui lui est chère : annoncer des mesures qui paraîtront répondre au problème, mais qui auront ce doux parfum d’équilibre qui plaît aux modérés, ceux qui joueront le rôle essentiel dans l’éventuelle réélection. Les fanatiques de l’immigration et les gens de la France Insoumise… sauf à l’étranger, ne voteront jamais pour la droite, mais la droite bourgeoise et prospère ne votera pas aux extrêmes. Il fallait donc rassurer cette dernière par des mesures montrant qu’on a perçu le problème, et qu’on lui apporte des solutions techniques supprimant les excès évidents de générosité et de laxisme, mais respectant le bon sens économique et l’idéal humanitaire.
Ce catalogue est un trompe l’oeil, qui attire l’attention sur ce qui cache l’essentiel, et qui dissimule la politique du long terme derrière le décor de mesurettes annoncées pour occuper l’actualité alors que leur mise en pratique est douteuse. C’est ainsi qu’une mesure est plantée au devant de la scène : les quotas d’immigration économique. La droite l’avait voulu dans le passé, Macron l’a fait. Le patronat se dit satisfait, sauf le BTP qui craint évidemment la perte d’une souplesse si utile pour faire baisser les coûts par la dissimulation. Mais en discutant de l’opportunité des quotas, on oublie que l’immigration économique est marginale (13%) par rapport à celle qui emprunte d’autres voies, comme la famille ou les études sans compter bien sûr l’immigration clandestine et la demande d’asile, ces deux dernières se confondant souvent. Les titres de séjour pour des raisons familiales sont trois fois plus nombreux que ceux pour des motifs économiques en 2018. Dans un pays qui connaît un taux de chômage élevé, plus important d’ailleurs chez les immigrés que chez les nationaux, l’immigration économique parait une absurdité : soit elle est, rarement, un accueil de cerveaux hautement spécialisés, dont on risque de priver les pays d’origine, comme les médecins africains, par exemple, soit loin de correspondre à un besoin de compétence, elle vise surtout à faire venir une main d’oeuvre peu spécialisée et donc peu coûteuse qui pèsera sur l’ensemble des salaires. On voit très bien l’écran de fumée de l’économie masquant le laxisme de la politique de regroupement familial que le pouvoir actuel a élargie lors du vote de la loi Asile-immigration, en faisant semblant de distinguer la « réunification familiale » du « regroupement familial » pour permettre en fait à un mineur rentré sur le territoire d’y faire venir toute sa famille, ascendants et collatéraux. Que le mineur n’en soit pas forcément un, en raison de la difficulté de s’en assurer par des tests osseux, trop peu nombreux, coûteux, tardifs, peu fiables à deux, voire quatre ans près, et que la réunification soit plus logique là où vit la famille sont des observations que le législateur n’a pas prises en compte. Et on voudrait nous faire croire qu’il veut se ressaisir ? On remarquera le rétropédalage de Mme Belloubet qui avait d’abord dit que les « quotas ne marchaient pas » dans les pays qui avaient tenté l’expérience, et qui, sans doute après qu’on lui eut passé un savon, a prétendu qu’on avait mal interprété ses propos. Cette volte-face spectaculaire est un aveu : ne pas désavouer un plan destiné à la communication et qui n’aura guère de conséquence réelle.
Ainsi en sera-t-il des modifications apportées au régime de l’AME. Un délai de carence de trois mois sera instauré, mais les cas d’urgence en seront exclus. Lorsqu’on connaît l’importance qu’y tiennent les accouchements (30%) qui permettent en outre une naissance en France avec ses conséquences juridiques, on mesure l’inanité de la prétendue réforme. De même la création de trois nouveaux centres de rétention et la réduction de la protection sociale de douze à six mois après une mesure d’expulsion ne peuvent qu’entretenir la confusion : on va continuer à accueillir plus de demandeurs d’asile en sachant que la plupart seront déboutés, et disparaîtront dans la nature, non sans risque sanitaire. Ni les titres de séjour, ni les régularisations, ni les acquisitions de nationalité ne diminueront. Dormez braves gens, le grand changement est en marche, et il est en accord avec le mondialisme, le multiculturalisme, l’idéologie de la caste au pouvoir.