“Charlie” ou l’abomination

Je suis père d’une fille trisomique, que j’aime et que je protège, et que je protègerai jusqu’à ma fin. Elle m’a appris énormément de choses de la vie. Je me ferais tuer sur place pour elle.

Le dessin de Charlie est une abomination. Le dénégations maladroites de la pitoyable dessinatrice m’inspirent le commentaire suivant : elle a mis les pieds dans le plat et elle les agite. Car on voit bien, quand on est parent d’une telle enfant, que cette personne connaît parfaitement les traits anatomiques précis, quoique discrets, qui signent la trisomie 21. C’est donc bien la trisomie 21 qui est évoquée par cette journaliste, qui l’a fait en toute conscience, et de façon à porter le message le plus repoussant possible, dans le but évident d’associer cette répulsion à la personne de Nadine Morano et aux accusations dont elle est accablée par les maîtres actuels des médias dominants.

Je ne m’exprime jamais sur ces sujets, mais ce dessin répugnant (moralement) m’en donne l’occasion.

La plus élémentaire pudeur m’interdit de m’étendre sur le handicap en général et sur la trisomie 21 en particulier. En famille, chez moi, le mot “handicapé” est interdit. Ma fille a été éduquée comme les autres filles de son âge et a fréquenté l’école primaire de tout le monde jusqu’à l’âge de feu le certificat d’études. Elle a un physique agréable,sait lire et écrire, et a un sens inné surprenant de l’orthographe. Sa gentillesse naturelle est une source de joie. Sa politesse et et son respect des gens nous font honneur. En plus, elle est douée d’un sens de l’humour étonnant. Elle a maintenant 38 ans.

Moi qui me tais depuis toujours sur ce type de problèmes, pour la première fois de ma vie, je romps ce silence, à cause de ce dessin méprisable. Trop c’est trop. J’ai quelques vérités à dire.

Quand ma fille est née, ce fut certes une épreuve. Cela nous a fait perdre la moitié de nos amis, enfin, de ceux que nous pensions en être. ils nous évitaient ; certains changeaient carrément de trottoir dans la rue pour ne pas nous parler. Or, c’est parmi les plus acharnés “militants” de gauche dure que cette attitude a été dominante… Toujours prêts à s’enflammer pour le sort d’un inconnu à l’autre bout du monde, à défiler pour les “droits de l’homme” partout sauf près de chez eux, mais face à une épreuve aimple et dure ayant frappé dans leur premier cercle de relations, là, plus personne et politique de l’autruche ! Tel est le vrai fond de ces infatigables donneurs de leçons ! Heureusement, il y a eu assez de gens qui ont été formidables et n’ont rien changé dans leurs relations avec nous, qui ont accepté notre fille sans l’ombre d’un problème.

Charlie Hebdo, ou l’opposition Canada-Dry : il a bien la couleur de l’opposition, le goût de l’opposition, l’odeur de l’opposition, le look de l’opposition, mais ce n’est pas de l’opposition !”

Mais ce qui n’est pas vraiment une surprise, c’est que c’est dans Charlie Hebdo que ce dérapage nauséabond s’est produit. Je dirais même qu’il n’y a que dans cette feuille qu’il pouvait se produire, et ça n’a pas raté… Ce qui démontre bien que l’esprit qui souffle sur cet hebdo n’a pas changé de sens même après janvier 2014.

Cet hebdo a toujours été haineux et pas drôle pour un sou. Il a constamment confondu satire et insultes trash, volontiers scatologiques ou à connotations sexuelles crades et chargées, Moi qui suis si bon rieur et suis reconnaissant envers ceux qui me font rire (Fernandel, De Funès, Noël Roquevert, Coluche quand il savait être impayable, Fernand Raynaud, Devos, Konk – ses dessins font souvent rire rien qu’en les racontant sans les voir -, Les Inconnus dans certains de leurs sketches désopilants, Zouk, Pierre Repp, etc. etc., j’avoue que jamais je n’ai ri en prenant connaissance, quand ça m’arrivait, des dessins-poubelles de Charlie Hebdo.

Tous ces gens qui donnent des leçons à l’univers entier pour se donner bonne conscience ont un point commun, qu’ils retrouvent amplifié à la puissance mille dans leur hebdo préféré Charlie Hebdo : la lâcheté.

Car il faut être lâche pour laisser passer ce dessin affreux, qui s’en prend à des personnes incapables de seulement concevoir le mal, et qui ne comprendront jamais rien à la mésaventure survenue à Nadine Morano.

Mais tout n’est-il pas permis quand on va dans le bon sens, c’est-à-dire le sens du pouvoir en place, le sens de la “pensée unique” ? certes, il est plus courageux, mais aussi plus risqué, de satiriser dans le sens contraire ! Charlie Hebdo ne s’y risque jamais, ce qui est la marque de la lâcheté qui préside à ces grasses plaisanteries de corps de garde toujours, toujours aux dépens de ceux qui ne pensent pas bien, c’est-à-dire pas dans le sens de ceux qui détiennent aujourd’hui tous les pouvoirs, notamment médiatiques. Exemple : on ne voit guère, dans cet hebdo, de caricatures sur le thème de décapitations, lapidations, amputations au Moyen-Orient, ou de massacres de chrétiens au Soudan. C’est tellement plus confortable de dessiner un curé sodomisant un jeune garçon ou de se moquer à la fois d’une élue coupable d’avoir déplu aux ”autorités morales”, des trisomiques, en chargeant leurs petites différences dans le dessin d’un bébé, et du Général de Gaulle, dont il est rappelé finement que lui aussi avait une fille trisomique, d’ailleurs décédée à l’âge de vingt ans. Ah oui alors vraiment, quel courage ces journalistes, on en reste muets d’admiration ! Charlie Hebdo, ou l’opposition Canada-Dry : il a bien la couleur de l’opposition, le goût de l’opposition, l’odeur de l’opposition, le look de l’opposition, mais ce n’est pas de l’opposition !

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22 Comments

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  • 0 / 10
  • kerneilla , 14 octobre 2015 @ 17 h 52 min

    Merci pour votre témoignage

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