Eric Zemmour a encore frappé – fort comme souvent, mais avec le sourire, comme toujours… Son livre sort tout juste en librairie, peu l’ont lu, je ne suis d’ailleurs pas de ceux-là.
Penchons nous sur l’effet « Zemmour », ou plus exactement les effets « Zemmour ». Zemmour mène un combat utile, puisqu’autant qu’il lui est possible, il cherche à rétablir des vérités factuelles, à remettre sur la table des débats interdits, des considérations que les tenants de l’idéologie oligarchique ont criminalisées – sur la question ethnique, par exemple – ce qui lui a valu des procès, qu’il a naturellement perdu.
Il a éveillé tout un public aux sujets qui le préoccupent : identité nationale, fin du modèle assimilationniste, échecs et violence des sociétés multiculturelles, déshérence des classes populaires, critique du projet libéral-libertaire et sans frontiériste, défense et illustration du protectionnisme, promotion de Michéa et de Guilluy… Tout cela est très bon.
Cependant, je crois, comme d’autres – nous commençons à être nombreux – qu’il n’est pas nécessairement le meilleurs porte-voix des Français de la France périphérique (1) face à l’oligarchie, en raison même des qualités qui le protègent – un peu – des foudres des sycophantes médiatiques.
En effet, la speakrine Léa Salamé, a eu beau jeu de soulever les contradictions intimes qu’elle croit déceler chez Eric Zemmour, elle lui a reproché de penser « contre-lui-même », lui rappelant à contretemps ses origines juives, qu’elle partage avec lui.
“Il est grand temps que la famille soit défendue par autre chose que des ‘fille(s) à pd’ (le mot est de Frigide Barjot), le ‘Grand remplacement’ combattu par quelqu’un d’autre qu’un homosexuel – par définition infécond – comme Renaud Camus.”
Sans m’étendre sur la sottise qui consiste à rabattre quelqu’un sur ses seules origines, qui nous conditionnent certes, mais ne nous épuisent pas, je m’arrêterai là pour laisser la parole à Laurent Ozon, qui aborde brièvement le cas Zemmour dans son dernier ouvrage :
« Disons que je serais pleinement détendu en écoutant Zemmour et Finkielkraut lorsqu’un Français non juif pourra en dire autant dans les mêmes conditions, les mêmes émissions et les mêmes médias. En attendant, vous me pardonnerez de contenir mon enthousiasme.
Les talents de ses deux personnes n’expliquent pas tout et les vieilles astuces consistant à croire que seules les catégories présumées cibles des passions xénophobes ou racistes sont autorisées à parler des sujets sensibles comme l’identité et l’immigration sont idiotes. Cette grosse astuce est du même niveau que celle consistant à signer des articles antiféministes écrit par des hommes abrités sous des pseudos de femmes. Tout cela est affligeant. »
Et de continuer sur l’aspect peut-être le plus intéressant du cas Zemmour – son absence de propositions ou de solutions, son style platement nostalgique et réactionnaire, proprement désespérant…
« Par ailleurs, plus fondamentalement, si je partage souvent des constats avec ces deux personnes, je suis aussi persuadé qu’ils sont désespérants parce qu’ils enferment la population dans une sensibilité réactionnaire et passéiste sans issue. »
Il est grand temps que la famille soit défendue par autre chose que des « fille(s) à pd » (le mot est de Frigide Barjot), le « Grand remplacement » combattu par quelqu’un d’autre qu’un homosexuel – par définition infécond – comme Renaud Camus. De même, l’identité française doit être défendue par des Dupont-Lajoie… Que ces personnalités continuent le bon travail, personne ne leur demande de se renier ou de disparaître des écrans… Nous attendons cependant que des représentants moins « baroques » et moins désespérants fassent leur apparition.
1. La France périphérique, Flammarion, 2014, 190p., 18€.
2. Laurent Ozon, France, les années décisives, Editions Bios, 2014, 100p., 15€.
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