Des millions de personnes ont-elles manifesté contre la funeste loi Taubira pour qu’un mouvement, émergeant grâce à l’action infiniment courageuse et déterminée de ces manifestants, se taille gaillardement des places, des promesses de place, une petite notoriété, en jetant par-dessus bord le fondement anthropologique de l’immense protestation collective qui les a fait sortir de l’anonymat ?
Nous avions prévenu Sens commun dès le jour de son ralliement à Sarkozy : celui-ci les dévorerait tout cru. Nicolas les a effectivement dévoré tout cru : exit toute idée d’abroger la taubiresque loi, après avoir dit le contraire. Sens commun devait alors démissionner avec fracas : il ne l’a pas fait, la soupe était sans doute trop bonne. Pendant de longs mois, les critiques ont fusé de toutes parts : dirigeants de Sens commun, que faites-vous dans cette galère ? Le mouvement s’est donc rallié à Fillon : hélas, lui non plus n’abrogera pas ce « mariage homosexuel » insensé…La jeunesse de Sens commun ne peut être une excuse à sa naïveté ou sa compromission, tant le problème est simple.
Sens commun a commis trois lourdes fautes :
- Au moment de son ralliement à Sarkozy, il aurait dû, d’emblée, dire que l’abrogation de la loi n’était plus le cœur nucléaire de son combat, car il avait mieux à faire : c’eut été clair, et non filandreux. Il ne l’a pas fait : il a trompé son monde pendant des mois, mais a bénéficié de postes en contrepartie.
- Après le reniement attendu de Sarkozy concernant la loi Taubira , il devait quitter les Républicains avec fracas : l’on ne peut se coucher devant quelqu’un qui, sur un sujet fondamental de changement de civilisation, contredit cyniquement ses propres positions. Il ne l’a pas fait : il a soulevé une incompréhension bien compréhensible.
- Au lieu de rallier Fillon, il aurait dû rallier Poisson, qui, dans l’esprit des manifestations géantes de 2013, maintient sa position d’abrogation pure et simple de la loi. Il ne l’a pas fait, plantant froidement les authentiques résistants à la loi Taubira.
Sens commun, reniant son origine et sa filiation, sur un mode « gender » très prisé aujourd’hui, a donc conclu une alliance surprenante avec un homme pour qui un dramatique changement de civilisation est acceptable. Il risque de connaître la défaite, entrainant dans son sillage celle des authentiques résistants au « mariage homosexuel ». Les opposants déterminés à la loi assistent, médusés, à cette triste farce.
> François Billot de Lochner est le Président de la Fondation de Service politique, de Liberté politique et de France Audace.
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