La carte des sociologues Jérôme Fourquet, Hervé le Bras, Emmanuel Todd et Christophe Guilluy sur la fracture électorale entre les centres villes bourgeois et les zones péri-urbaines populaires et patriotes est bonne sur le plan socio-économique mais non sur le plan identitaire et sécuritaire.
Une étude Ifop demandée par François Billot de Lochner pour son association “Liberté Politique” montre une vision commune entre les électorats LR-FN-EM. L’écrasante majorité d’entre eux trouvent qu’il y a trop d’immigration, que la montée de l’islam est dangereuse, que l’espace Schengen est nocif, etc.
A l’inverse l’électorat de Mélenchon est le plus éloigné de cette vision identitaire et sécuritaire, bien plus que l’électorat de Macron, pour la simple et bonne raison qu’il est composé, selon l’Ifop, de la grande majorité de la communauté musulmane qui vote uniquement et utilement à gauche pour ses intérêts de groupe distincts du reste des Français, choisissant opportunément Mélenchon car sachant que le PS décomposé n’avait aucune chance de remporter le premier tour et se reportant sur Macron uniquement au deuxième tour pour faire barrage au FN.
C’est ce qu’avait très bien compris autrefois Patrick Buisson en conseillant au candidat Sarkozy de 2007 de siphonner l’électorat populaire du FN par un discours ferme et patriote tout en séduisant la bourgeoisie citadine, elle aussi inquiète par l’immigration et par l’islam, grâce à un discours économique plus libéral (travailler plus pour gagner plus, etc.). C’est grâce à cette stratégie que Sarkozy était arrivé en tête du premier tour avec plus de 31% des voix.
Si Fillon avait eu la même ligne, il aurait capté de nouveau une partie conséquente de l’électorat FN mais aussi de celui de Macron et aurait fait 30% au premier tour. (1)
Or les questions identitaires, d’islamisation et d’immigration ont été évacuées de la campagne par tous les candidats qui ont obligé leur électorat respectif à se positionner uniquement sur des questions économiques: résultat la carte électorale socio-économique de Christophe Guilluy est apparue à la place de celle de l’identité et de la sécurité qui est transversale au péri-urbain et aux villes.
Pourtant les élections précédentes montrent que les bourgeois conservateurs des centres villes sont tout à fait enclins à donner carte blanche à un candidat qui veut lutter contre l’islamisation et l’immigration si celui-ci ne les prive pas de l’euro et des baisses d’impôts et que l’électorat du péri-urbain et du rural peut tout à fait lâcher du leste sur l’euro et sur une libéralisation de l’économie si le candidat oeuvre en échange pour leur sécurité et leur identité. C’est grâce à cette compromission entre ces deux électorats que la France peut être sauvée.
Dans un excellent billet, le journal Minute a cautionné cette porosité observée par l’Ifop entre les deux électorats blancs et d’immigrés bien intégrés, qu’ils soient bourgeois ou émanant des classes populaires, qui s’étalent de Macron à Marine en passant par LR en interrogeant l’entourage droitier de ses journalistes (amis, famille, etc.) qui hésitait entre Marine pour l’ordre et la sécurité, Fillon pour faire barrage à la gauche surtout mélenchoniste et Macron pour le souffle optimiste et juvénile qu’il insufflait en matière économique et qui tranchait avec le peu d’entrain de Fillon et de Le Pen.
C’est la distorsion toujours plus béante entre un peuple de souche qui se droitise et une élite politique qui se gauchise (que ce soit un Fillon qui d’un côté se rapproche de Sens commun et souhaite tarir les flux migratoires pour satisfaire son électorat mais de l’autre ne cesse de faire du pied à NKM, Chatel, Baroin et autres libertaires opposés à sa ligne droitière ou une MLP qui met depuis 5 ans les problèmes d’immigration et de l’islamisme sous le boisseau au profit d’une lutte socialisante et indigeste contre l’euro) qui engendre la ruine de ces partis dont l’éclatement prévue par Buisson est imminent (2).
Et c’est sur cette ruine de ces partis que nous pouvons prendre le pouvoir à l’image de Macron (qui a bien compris qu’il fallait s’émanciper d’un PS en voie d’implosion):
a) en construisant un programme séduisant ces deux l’électorats
b) puis en propulsant un candidat de “notre système” qu’est la société civile de droite – qui battra à plate couture le banquier Rothschild qui dans 5 ans aura achevé de décrédibiliser le sien – financé par des millionnaires comme par exemple un Stephen Bannon amère de s’être fait sèchement viré par un Trump rentré dans le rang, par un Poutine ou par des Emirats Arabes Unis qui partout dans le monde luttent contre la diplomatie islamiste de ses voisins du Golfe, (n’ayant pas hésité à arroser à côté de Poutine le FN) et souhaitant tous ardemment une belle revanche géopolitique en imposant une écharde gaullienne dans le pied d’un Empire occidental boiteux refusant l’émergence d’un monde multipolaire.
(1) François Fillon : le peu de conviction de François Fillon réside dans le libéralisme économique. Au début de la campagne des primaires, ils n’arrivait pas à décoller. Donc il droitisa opportunément son discours en se rapprochant de Sens commun, en faisant apparaître un livre de mesures contre le totalitarisme islamique, en souhaitant tarir les flux migratoires et en voulant se rapprocher de la Russie de Poutine. Mais après sa réussite aux primaires, il ensevelit sa ligne droitière au profit d’un discours d’économie libérale indigeste (cf démantèlement de la sécu, etc.) qui le fit effondré dans les sondages avant que les affaires n’éclatent et le maintiennent à un faible taux de popularité.
(2) MLP : nous savons tous que LR risque d’éclater après les législatives entre un pôle macroniste incarné par Baroin et Raffarin qui s’attellent à la création d’un nouveau parti et un pôle plus à droite avec des personnalités comme Peltier et Wauquier. Mais il est possible que le FN s’effondre aussi. En effet, depuis sa prise de la présidence du parti, MLP a volontairement confondu dé-diabolisation et gauchisation en abandonnant la ligne droitière de son père pour s’entourer d’anciens conseillers chevènementistes (les Philippot mais aussi le comité d’énarques les “Horace” de Jean Méssiha) hostiles à l’UE et à l’Euro auxquels pourtant la majorité des Français adhèrent (moins de 30% veulent en sortir). Résultat, alors que les sondages l’estimaient en début de campagne à 30% pour le premier tour elle n’arracha qu’un 21% de justesse avec seulement 400 000 voix de plus que Fillon. Se suicidant politiquement lors de sa prestation catastrophique de médiocrité au grand débat, sa ligne sera fragilisé après l’élection au sein de son parti au profit de la ligne libérale-identitaire de Marion. Mais celle-ci souhaitant démissionner à moyen terme, elle ne reprendra pas le flambeau d’un parti qui s’érodera à la manière des LR faute de correspondre à l’attente des Français.
Sources :
http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Un-sondage-IFOP-Liberte-politique-d-une-exceptionnelle-importance
http://www.minute-hebdo.fr/tout-minute/actualites/961-ce-que-le-phenomene-macron-dit-de-la-droite-francaise
http://www.minute-hebdo.fr/tout-minute/actualites/959-macron-peut-encore-etre-battu
https://oeilsurlefront.liberation.fr/actualites/2017/04/05/marechal-le-pen-vrai-depart-ou-effet-bluff_1560785