Le procès de Jeanne d’Arc, par François Bluche, aux Éditions de Paris, 1998.
La reine d’Angleterre a encore du pouvoir et elle use peu, mais bien ! Sa majesté a décidé de faire cesser immédiatement la polémique qui commençait à enfler des deux côtés de la Manche, ou du Channel, c’est comme on veut, au sujet de l’anneau de Jeanne.
Il est vrai que, pour nous, patriotes, identitaires, souverainistes, nationalistes, c’est selon les sensibilités, aussi insignifiant soit-il, cet anneau avait du sens !
C’est tout ce qu’il nous reste de Jeanne, la seule preuve matérielle de son existence, en dehors des actes de son procès, et de la mémoire collective ce qui n’est pas rien. En effet, elle devient après la Première guerre mondiale, le lieu de réconciliation de la République et de l’Église, après, aussi, le conflit paroxystique de la séparation de l’Église et de l’État.
Entamé en 1789 et accompli en 1905, c’est un divorce un peu long. A croire qu’entre la religion catholique et la France, malgré tous les efforts des haineux de toute sortes, de toutes races et de toutes religions, il y avait comme un lien indestructible ….
Mais voici qu’en 1921, l’Église, un peu gênée pour canoniser une jeune vierge qu’elle avait fait bruler vive cinq cent ans auparavant, et la république qui n’a toujours pas réussi à éradiquer la religion française par excellence qu’est le catholicisme, sont amenés à se réconcilier sur le dos de Jeanne. A travers cette vierge, les deux instituions espèrent bien s’en refaire une, de virginité politique.
Que nous dit ce procès de condamnation, qui sera suivi de très près d’un procès de réhabilitation.
“Il fallait le génie politique de Jean-Marie Le Pen pour comprendre cela : Jeanne d’Arc est de France et tout le monde doit se recueillir devant son bucher, pour que la France n’y monte pas à son tour.”
Les collabos accusent Jeanne d’être suspecte d’avoir participé à des tueries d’Anglais :
JACQUES DE TOURAINE : N’avez-vous pas été en des lieux ou les Anglais eussent été tués ?
JEANNE : En nom de Dieu si ! Comme vous parlez doucement ! Que ne partaient-ils de France et n’allaient ils en leur pays ?
Et encore
L’EVEQUE : N’avez-vous point dit que vous aimiez mieux mourir que d’être en la main des Anglais ?
JEANNE : J’aimerai mieux rendre l’âme à Dieu qu’être en la main des Anglais.
Il est intéressant d’observer qu’un général déserteur en 1940 aura un comportement positivement opposé à celui de Jeanne d’Arc ; il est vrai qu’après avoir sauvé la patrie, pour prix de ses bons et loyaux services, Jeanne a été brulé vive.
On comprend mieux que la Reine n’ait pas voulu envenimer cette affaire, car c’eût été de nature à remettre sur le devant de la scène une période de l’histoire assez sombre pour son peuple, d’une part, et, surtout, aurait présenté le risque de réveiller, relancer, voir justifier les pulsions nationalistes à l’opposé même de sa conception d’empire. N’est-elle pas la meilleure amie d’Obama, l’homme qui a reçu le prix Nobel de la paix en menant à son terme la destruction de deux pays arabes musulmans ?
Mais ce qui est le plus incroyable dans le récit de ce procès c’est l’intelligence de Jeanne face ces experts, ces spécialistes, ces docteurs, ces « sachants », bref toute cette racaille qui explique aux autres ce qu’il faut croire, penser, dire et faire. Jeanne, 19 ans, qui ne sait pas écrire, et ne connait de la religion que le Pater, l’Ave et le Credo les ridiculise dans le plus grand respect dû à leurs éminentes fonctions.
Il faudra cinq cents ans aux catholiques et aux patriotes pour se réconcilier autour d’elle.
Il fallait le génie politique de Jean-Marie Le Pen pour comprendre cela : Jeanne d’Arc est de France et tout le monde doit se recueillir devant son bucher, pour que la France n’y monte pas à son tour.
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