Les leçons de la Cristiada…

La censure fait bien son travail en France : impossible de trouver une salle de cinéma projetant For Greater Glory, l’épopée des Cristeros revisitée par Hollywood. Le casting est pourtant ambitieux  : Andy Garcia (Le Parrain, les Incorruptibles), Eva Longoria (!) et le légendaire Peter O’Tool (Lawrence d’Arabie pour les anciens, Troie pour les plus jeunes). Bien sûr le film a ses limites : certains écarts avec la réalité historique, sentimentalisme hollywoodien… Il n’empêche, il a le mérite de faire découvrir au grand public un fait majeur du 21e siècle souvent occulté : la Cristiada. Pour ceux qui n’auraient pas vu le film ni consulté un manuel de l’histoire mexicaine, résumons les faits en quelques lignes.

« Viva la Virgen de Guadalupe ! Viva Cristo Rey ! »

En 1926 le gouvernement maçonnique du Président Plutarco Elias Calles fait appliquer les articles de la Constitution de 1917 visant à réduire le culte catholique à la sphère strictement privée : proscription de l’habit religieux, sécularisation de l’enseignement privé, interdiction des ordres monastiques ; prohibition de l’exercice du culte en dehors des églises. Le peuple mexicain, profondément catholique, riposte immédiatement : pétitions et boycott économique d’abord. Les évêques suspendent le culte dans tout le pays ensuite. Le gouvernement reste sourd. Après l’opposition pacifique, vint alors l’insurrection armée : au cri de « Viva la Virgen de Guadalupe ! Viva Cristo Rey ! » les Cristeros tiendront en échec les troupes du gouvernement fédéral pendant plus de trois ans. Alors que la victoire se dessine pour eux, l’habileté diplomatique de Washington parvient à mettre d’accord Calles, les évêques et le Vatican. Les fameux « arreglos » stipulent que les mesures anticléricales du gouvernement Calles ne seront plus appliquées, à défaut d’être officiellement abrogées. Autrement dit, le pouvoir reste aux mains des maçons (le parti de Calles se maintiendra au pouvoir sans interruption jusqu’en 2000 !) mais les cloches pourront à nouveau sonner à Mexico. Trois ans de guerre, des milliers de victimes (et de martyrs), et un retour au statu quo de 1926. Ou comment gagner la guerre et perdre la paix…

“De l’épopée des Cristeros, nous pouvons tirer au moins trois leçons.”

« Confiner la Foi dans la sphère privée… »

De l’épopée des Cristeros, nous pouvons tirer au moins trois leçons. La première est que confiner la Foi dans la sphère privée est une obsession des ennemis de l’Église. En 1926 comme en 2013, au Mexique comme en Europe. Tolérance pour les cathos mais à condition qu’ils gardent leurs convictions et leurs « bondieuseries » pour eux. Pas question de sortir la croix en dehors des sacristies ! Toute prise de position publique en tant que catholique fait immédiatement l’objet d’un lynchage en règle. Autrement dit, vous pouvez vous afficher en tant que socialiste, en tant qu’écologiste, en tant que libéral, gaulliste, musulman, juif ou même bouddhiste mais pas en tant que disciple du Christ ! Le pire est sans doute que beaucoup de catholiques ont absorbé intérieurement cet interdit. Dès qu’ils s’expriment dans la sphère publique ils cessent de faire référence à leur Foi pour devenir de « simples citoyens ». Comme si l’Évangile ne concernait que ceux qui le connaissent déjà ! Comme si la Foi était une part si négligeable de notre engagement qu’on pourrait l’occulter sans risquer de le dénaturer ! Comme si le catholicisme n’était qu’une vague spiritualité juste bonne à « recharger les batteries » sur le plan personnel ! « Celui qui rougira de moi devant les hommes Je rougirai de lui devant mon Père »…

La deuxième leçon est sans doute la plus douloureuse… Je ne suis pas un adepte du « bishop-bashing » mais nous ne pouvons ignorer les leçons de l’Histoire. Les loups sont parmi le troupeau. Le drame est que parfois ils ne sont pas seulement déguisés en brebis mais poussent l’audace jusqu’à s’emparer de la houlette du pasteur… Tragédie inaugurée par l’un des douze.

Ce qu’il nous faut, c’est un Bienheureux José Sanchez del Rio !

Enfin, troisième et ultime leçon : depuis le Golgotha c’est le sang des martyrs qui irrigue l’Église. Les Cristeros n’étaient pas de gentils cathos mous insipides. Hier comme aujourd’hui, la Foi exige courage, héroïsme, don de soi, sacrifice ! Basta « gnangnan style », groupes de partage, et sempiternels jus d’orange dans les non moins immuables gobelets en plastique ! Nous n’avons pas besoin de « cathos sympas » ou de « cathos cool ». Ce qu’il nous faut, c’est un bienheureux José Sanchez del Rio ! Né en 1913 , il a 13 ans quand éclate la guerre. Aussitôt il demande à rejoindre l’armée cristera. Après plusieurs refus des officiers cristeros, il parvint à convaincre le général Prudencio Mendoza de le recruter comme porte-drapeau. Quand on lui demande les raisons de son engagement, José est sans ambiguïté : aller plus vite au Ciel ! Au début de l’année 1928, il est fait prisonnier par les troupes fédérales. Le 10 février, les soudards de Calles lui arrachent la plante des pieds et le forcent à marcher déchaussé jusqu’au lieu de son supplice. S’il dit « Mort au Christ Roi », il aura la vie sauve. La réponse de Joselito à ses bourreaux ne se fait pas attendre : « Viva Cristo Rey ! » Une balle dans la tête et voilà notre héros de 15 ans réalisant son rêve : partir vite vers le ciel ! « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier », disait Jean-Paul II. Qu’attendons-nous ?

> le blog d’Antony Burckhardt

Du même auteur :
> Noces en République socialiste du Belgistan

Lire aussi :
> Cristiada : le film à succès américain que vous ne verrez pas

Related Articles

46 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • degabesatataouine , 10 mai 2013 @ 9 h 24 min

    Tu vois Bouffi,si tu étais encore plus cultivé tu m’aurais indiqué ce lien contre révolutionnaire,où ce sont deux “voleurs “,pas des insurgés qui n’auraient pas fait ça bien sûr, qui l auraient tué pour s’emparer des chevaux du général qu’il promenait.
    http://www.contreculture.org/AG%20Bara.html

    Tiens je vais te faire une confidence :il parait que Cambronne n’aurait jamais dit que la Garde meure et ne se rend pas.T’en reviens pas, hein?
    Si tu étais moins cultivé mais plus intelligent, tu comprendrais qu’ il est légitime de questionner la part de mythe épique à but propagandiste dont tous les mouvements ont besoin, mais ton fanatisme qui maheureusement ne te donne pas envie de partir vite vers le ciel ,t’empêche d’appliquer le même critère dans le cas de ce malheureux Cristero.
    Quel dommage que tous les Cristeros de coeur du site n’aient pas plus envie de partir vite vers le ciel même si son niveau culturel en devait baisser.

    En les temps actuels il serait quand même plus utile de rappeler le souvenir de nos petits héros morts pour la France et non pour partir plus vite au ciel.C’est ça le devoir de mémoire d’un Français.
    http://www.appat.org/celeustique/index.php/instruments/instrumentistes/tambours-celebres

    Quant à la vertueuse indignation contre la censure, où était-elle à l’époque du passage de lois liberticides de la part des bobos bisounours catholiques électeurs des Fronts Républicains, ou plus simplement quand Le Pen, le vrai,et son parti était pratiquement interdits d’antenne?

    Quant au Mexique : “Pobre Mexico tan lejos de Dios y tan cerca de los Estados Unidos”. Ca explique tant de choses.

  • degabesatataouine , 10 mai 2013 @ 9 h 30 min

    En attente de modération?Diable, seraient ce des propos subversifs visés par les lois liberticides?

  • Goupille , 10 mai 2013 @ 10 h 00 min

    Ce matin, sur RTL, vers 8h, Copé était interviewé en réaction aux déclarations de Fillon from Japan…
    Grand seigneur, il a répondu que, grosso modo, il n’y avait rien à voir.

    Par contre, il a parlé de « la manifestation du 26″ comme intégrée à l’action de l’UMP, quasiment issue de l’UMP. Tranquilement, avec les bonnes vieilles méthodes de visqueux que nous lui avons découvertes lors de la pantalonnade de l’élection à la direction de l’UMP.

    Le 26, pour ceux qui ne choisissent pas de défiler avec Civitas, il serait bon de préparer une bronca : cornes de footeux et autres vouvouzelas.
    Prenez exemple sur les Lyonnais, qui ont couvert la Môme Barjot, et à plus forte raison ces politiciens démagos qui viennent récupérer les mouvements sociaux.

    Frère Copé et consorts : Dehors !
    Elle est là aussi, la Cristiada…

  • Frédérique , 10 mai 2013 @ 10 h 10 min

    Cela m’est arrivé aussi, il y a quelques temps, je crois que ça vient du nombre de liens postés. Un, ça passe, au dessus, il y a contrôle.

  • Patrick de Moselle , 10 mai 2013 @ 11 h 27 min

    Si nous sommes là c’est que notre curiosité nous y a amené, oui nous lisons tous les liens ici et ailleurs. On ne lâche rien!

  • P E S T , 10 mai 2013 @ 12 h 48 min

    Forcément d’accord…
    Hélas !

  • P E S T , 10 mai 2013 @ 12 h 56 min

    La bande annonce sur You tube, sous titrée en français :

    http://www.youtube.com/watch?v=xX3ahzfQea0

Comments are closed.