Le Zemmour du mardi. On connaissait ses talents d’imitateur. Pendant toute la campagne présidentielle, François Hollande singeait François Mitterrand avec une étonnante ressemblance de la voix, la posture, les mimiques. Les mots étaient souvent les mêmes. Hollande combattait la finance quand Mitterrand avait dénoncé l’argent. François 2 comme François 1 dédiait sa campagne à la jeunesse. Et, depuis qu’il est entré à l’Élysée, l’imitation a tourné à la rage, à la frénésie. Même la pluie s’est mise de la partie pour célébrer leurs deux événements. Comme Mitterrand l’avait fait après Giscard, Hollande s’est efforcé de redonner une dignité à la fonction, que leurs deux prédécesseurs de droite avaient voulu désacraliser, décontracter. Dès son intronisation, Mitterrand avait distribué quelques sucettes sociales : retraite à 60 ans, hausse du SMIC, embauche de fonctionnaires. Hollande aussi. En 1983, Mitterrand a opéré un grand virage de la rigueur au nom de l’Europe. Hollande aussi. Avec son projet sur l’enseignement privé en 1984, Mitterrand a mis un million de gens dans la rue, Hollande s’en approche dangereusement avec le “mariage” dit pour tous. Pour l’instant, il fait le coup du mépris mais Mitterrand, en 1984, lui a d’avance dicté son comportement. Au-dessus d’un million de personnes dans la rue, disait l’ancien Président, le régime vacille. Frigide Barjot sait ce qu’il lui reste à faire. Après la réélection de 1988, l’ère Mitterrand sombrait dans les affaires et dans l’argent. Avec Cahuzac, Hollande l’imite encore. Mitterrand avait Patrice Pelat, son ami richissime aux affaires louches, on a découvert pour Hollande Jean-Jacques Augier, copain de la promotion Voltaire, trésorier de sa campagne et amateur de paradis fiscaux. Comme son maître avait multiplié les lois de moralisation de financement de la vie politique, Hollande s’apprête donc à nous présenter ses grands projets de loi sur la transparence et la moralisation de la vie politique.
“En un an, Hollande a déjà mangé deux septennats de Mitterrand.”
Hollande fait en tout comme Mitterrand, mais en plus petit, en plus médiocre, question de talent, de culture, d’époque aussi. En revanche, ce qu’il perd en profondeur, en subtilité, il le gagne en vitesse. On se croirait parfois dans un dessin animé quand le héros court en accéléré. En un an, Hollande a déjà mangé deux septennats de Mitterrand. Hollande est comme Sarkozy, un homme de sa génération. Il ne sait pas donner du temps au temps. Ses courbes de popularité sont aussi basses, voire plus basses que celles de Mitterrand en fin de mandat et il lui reste encore quatre ans à tenir. Que faire, comme disait Lénine. Dans Le Petit Mitterrand illustré, il a déjà tout pris, tout copié, tout abîmé. Ne lui reste que la cohabitation avec la droite pour lui permettre de se refaire une virginité et réélire en 2017. D’abord, il lui faut dissoudre l’Assemblée nationale pour perdre en beauté, selon le modèle indépassable de son autre mentor, Jacques Chirac. Mais il devra se faire violence, abandonner ses amis, ses députés, son parti, renier et saborder tout ce dont il vient, sacrifier les siens à sa sauvegarde personnelle pour imiter Mitterrand une dernière fois.
14 Comments
Comments are closed.