La Cinquième République, particulièrement bien adaptée à nos coutumes, à nos mœurs et à notre histoire, est néanmoins, aujourd’hui, malheureusement à bout de souffle. Son avènement avait pourtant permis à toutes nos institutions de s’accommoder naturellement d’une nouvelle Constitution, taillée sur-mesure pour un chef charismatique, le général de Gaulle. Qui, de ce fait, avait bien géré son mandat et avait établi une république exemplaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ses successeurs n’ont pas eu le même souci. Non seulement, ils n’ont pas poursuivi son œuvre, mais ils n’ont pas été à la hauteur. Se réclamant malgré tout du général de Gaulle, chacun, à sa manière et à chaque fois un peu plus, a abîmé l’esprit de cette Cinquième et l’esprit, tout court, de la République. Incompréhension, incompétence ou volonté de nuire ? Peut-être bien, les trois à la fois…
Dans tous les domaines, de l’économie en passant par la sécurité, leur fiasco est manifeste. Et la faillite, immense. Désormais, les deux principaux courants qui se sont partagés, en alternance, le pouvoir, ne peuvent plus prétendre à une quelconque légitimité pour continuer à gouverner. Pour la France, pour tous les Français, l’échec est patent ! Mais aussi pour eux-mêmes, car les deux grands partis, PS et LR (ex. UMP ou plus anciennement, UDR…) sont au bord de l’implosion. L’incohérence de leurs positions politiques et de leurs orientations sociétales, l’abandon des théories gaulliennes sur la souveraineté, sur l’indépendance vis-à-vis des États-Unis, sur la construction européenne, tout cela les a précipité dans un désordre idéologique insoutenable. Jusqu’au-boutistes de théories fumeuses, ils se sont enfermés dans le cercle vicieux d’un monde inconséquent. En pleine confusion, aveuglés par leurs propres indignités, ils se sont, petit à petit, déconnectés des réalités du pays. Ils ont fait de la Cinquième République un système à implosion, qui, aux prochaines élections, risque de faire de gros dégâts dans les urnes. Pour eux ! Et là, la recomposition politique sera, sans aucun doute, radicale !
Dans cette atmosphère de fin de règne, un parti, le Front national, paradoxalement fondé à l’origine pour contrer la Cinquième République, fait tout pour la sauver. Les accents gaulliens de la présidente du FN, Marine Le Pen, et de son bras droit, Florian Philippot, qui se revendique carrément du gaullisme, tout cela n’échappe à personne. Tous deux ne se gênent jamais pour donner des leçons de républicanisme à toute une classe politico-médiatique qui ne sait plus où elle habite et qui depuis longtemps, effectivement, n’est plus républicaine. Auprès du peuple, ça fait mouche ! Le FN apparaît, de plus en plus, comme un recours possible pour redonner une nouvelle jeunesse à cette république si mal en point. Pour les opposants aux abois, c’est la panique, mais pour toujours plus de Français, c’est un ultime espoir !
Évidemment, personne ne peut présager du résultat des élections à venir, mais plus personne ne peut se hasarder à dire : “Marine le Pen, future présidente de la France ? Impossible !”. Impossible ? Ce n’est pas Français…
Claude Picard
7 Comments
Comments are closed.