L’état de délabrement de la démocratie française a atteint un paroxysme. Un microcosme parisien outrageusement répandu dans les médias veut imposer un candidat et en éliminer un autre. On assiste aujourd’hui à un festival de tartuferies. Les commentateurs faisandés, usés par leurs bavardages, font semblant d’assister à un spectacle dont ils ont été les acteurs sinon les metteurs en scène. Elkabbach parle par exemple d’un « coup monté contre Juppé », mais bien sûr l’extrême rapidité d’un « parquet » proche du pouvoir, sa quasi-simultanéité avec le « canard » n’est, lui, pas un coup tordu. C’est l’expression de la justice inattaquable, dit-on, la main sur le coeur. Pourtant, le fait que celle-ci avec un rare acharnement ait torpillé l’élection est évidemment un scandale. Les prétendues « affaires » correspondent à des comportements légaux, dont François Fillon se s’est pas réservé le monopole. Pourquoi lui, et à ce moment, plutôt que d’autres quand des affaires beaucoup plus lourdes s’enlisent et se perdent dans la longueur du temps ? Les maladresses qu’on peut lui reprocher, notamment son engagement de ne pas se présenter en cas de mise en examen témoignent en sa faveur. Les coupables ont préparé leur défense. Les innocents sont pris au dépourvu et c’est sans doute en cela que la stratégie à grande vitesse mise en oeuvre par le triangle politico-médiatico-judiciaire apparaît comme particulièrement odieuse. Depuis de trop longues semaines, des « journalistes » passent leur temps à noyer la campagne, le vrai débat, dans les rebondissements du drame dont ils sont les co-auteurs. Elkabbach , toujours lui, demande quand la vraie campagne pourra enfin commencer. On peut difficilement pousser plus loin l’hypocrisie.
François Fillon a été désigné loyalement par un vote largement majoritaire à l’issue des primaires. Sa légitimité ne fait aucun doute. Non seulement l’opération montée contre lui cherche à annuler cette légitimité, mais elle vise aussi à orienter le choix des Français lors de l’élection présidentielle. Une telle action est donc doublement inacceptable aux yeux de tout vrai démocrate. En ce qui me concerne, elle ne fait que renforcer un soutien qui, au début, reposait sur le programme, et qui, maintenant, porte sur la personne. Un homme qui est capable d’encaisser les coups avec une telle résistance, de relever les défis, a manifestement la force de caractère qui fait l’étoffe d’un Chef d’Etat. François Fillon avait abordé cette difficulté inattendue en respectant les formes de la justice. Il continuera de le faire, mais il a fendu l’armure, et ce qui se découvre est un homme nouveau, tenace, résistant, rebelle, qui a fait à nouveau appel à « l’armée de ceux qui le soutiennent » comme avait dit un jour le fondateur de la Ve République. L’armée a répondu. Nous étions là, pour servir à sa démonstration de force, pour lui, certes, mais aussi mus par un gigantesque mépris pour ceux des élus et des cadres d’un mouvement, où les ambitions illégitimes sont plus fortes que les convictions profondes, qui passent leur temps à tirer sur le capitaine dans la tempête. Ils auraient dû faire front devant la manipulation. Ils ont préféré tenter d’en saisir l’occasion pour rayer d’un trait de plume le vote populaire et pour affaiblir le candidat désigné. Pour les oligarques, le peuple ne compte guère. Leurs priorités étaient, pour les uns, de gagner les élections à tout prix pour sauvegarder leurs places et leurs espérances, sans attacher le moindre prix aux idées, pour d’autres , de servir les groupes de pressions dont ils sont proches contre un candidat trop conservateur à leurs yeux, et qui a même eu le culot de se dire chrétien. Pour d’autres encore, il s’agissait de bien mesurer de quel côté le balancier pencherait. En tenant tête, François Fillon peut changer de rôle. Candidat très et trop classique, qui se singularisait seulement par la lucidité du diagnostic et la sévérité indispensable du traitement, puis père la-vertu soupçonné de vice et d’hypocrisie, il est en passe de devenir une victime résistante, et demain un vrai rebelle, capable de mettre son parti au pas, et d’affronter le tir de barrage médiatique avec courage. Ce n’est pas Trump, mais ça en prend un peu le chemin. Fillon est aujourd’hui l’homme porté par le peuple du Trocadero contre les « élites » autoproclamées. Il faut maintenant espérer qu’il ne s’arrête pas en route et qu’il soit capable de bousculer le système qui a tué la démocratie française et miné le pays tout entier. Le système ne s’y trompe pas : Elkabbach, toujours lui, qui ne voit les complots que d’un oeil, en est arrivé à parler de l’action des Russes, « comme pour Hillary ». Cette accusation récurrente est presque un aveu : On voit ce qu’elle défend et ce qu’il faut détruire, pour que nos démocraties respirent à nouveau.
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