Comme l’écrivait Maurice Barrès, « il y a des lieux où souffle l’esprit ». Partout où il se trouve, le Président Hollande essaie de faire souffler « l’esprit du 11/1″. Avec un bel entrain, les médias ont changé la direction du vent. Les longues rafales du « Hollande bashing » ont laissé place à la douce brise de la revanche pour le « Président humilié », et parfois même au puissant mistral du chef de guerre, remis en selle à l’international. Savoir si les médias sont le vent ou la girouette demeure un mystère. Le ton a changé. Par une ironie cruelle de l’Histoire, le socialiste Hollande bénéficie d’un scénario qui rappelle le républicain conservateur G.W. Bush. Des attentats surprennent les services de sécurité, mais leur horreur fait oublier la défaillance, crée un choc dans l’opinion qui suscite la cohésion nationale et appelle la riposte. Un Chef de l’Etat au mandat mal assuré et mal commencé se transforme en chef de guerre, et acquiert une autre dimension. Celui qui s’était ridiculisé en annonçant l’inversion de la courbe du chômage en 2013, et avait fait de la politique économique et sociale sa priorité, retrouve par la force des choses une situation conforme à l’esprit de la Ve République : le Premier Ministre gère sous sa direction les affaires intérieures, et la politique étrangère redevient l’essentiel, le « domaine réservé » du Chef de l’Etat. Sa cinquième conférence conférence de presse a marqué cette inversion. Saisissant au vol l’opportunité des événements, François Hollande a dit avoir changé. Il a en effet changé de rôle : le plombier incertain et maladroit a rangé sa boîte à outils, le stratège l’a remplacé. L’implication militaire de la France en Afrique et au Moyen-Orient lui permet en effet de retrouver par rapport aux alliés européens et américains un ascendant que le déclin économique du pays et sa désastreuse image médiatique lui avaient fait perdre. Les démarches positives auprès de Vladimir Poutine pour trouver une solution au conflit ukrainien doivent honnêtement être saluées. Si elles témoignent d’une volonté de se démarquer de la politique « va-t-en guerre » des Américains, en soutenant les demandes russes de fédéralisme et de non-adhésion à l’OTAN de l’Ukraine, il faut s’en réjouir.
Le Président a cherché à aligner ses annonces sur la priorité de la lutte contre le terrorisme. Les liens entre le djihadisme et les terroristes islamistes issus de nos quartiers sont avérés. La formule creuse du « vivre-ensemble » est mise à mal lorsque des jeunes parfois nés en France et éduqués dans les écoles de la République vont servir l’Etat Islamique en Syrie et en Irak, et reviennent à domicile gavés de haine contre la France pour tuer des membres des forces de l’ordre, des juifs ou des journalistes. Alors, l’air de rien, le Président ressort sa boîte à outils, et propose des solutions illusoires que « l’esprit du 11/1″ revêt d’une apparence de sérieux. Avec un manque de réalisme évident, certains voulaient ressusciter le service militaire pour reforger la nation chez les jeunes Français : brassage social, culte du drapeau, discipline… Le Président propose d’étendre le service civique et le service militaire adapté. Non seulement le premier ne concernera que des volontaires peut-être attirés par la rémunération, mais il n’aura rien à voir avec la discipline ou le patriotisme. Il pourra même concourir à l’inverse dans certaines associations. Il n’aura aucune prise sur les éléments dangereux. Quant au SMA, son coût et son besoin d’encadrement le maintiendront dans l’exception.
L’ »esprit du 11/1″ a gonflé les voiles de la République et de laïcité. La rhétorique est ferme, mais ses intentions politiciennes sont hélas faciles à dévoiler. La République, qui est faite pour unir, est annexée au Parti Socialiste qui l’utilise paradoxalement pour écarter un adversaire politique et pour en culpabiliser un autre. « La laïcité n’est pas négociable », affirme péremptoirement le Président en évoquant une fois de plus la question de l’organisation de l’islam en France. Ce sujet avait été abordé par son prédécesseur dans le souci d’instaurer un « islam de France », avec la création du Conseil Français du Culte Musulman. C’était là une vue de l’esprit fondée sur l’idée que le judaïsme et l’islam pouvait être traités de la même manière. C’était oublier que des Juifs vivaient en France bien avant l’existence d’Israël alors que beaucoup de Musulmans se rattachent prioritairement à la communauté de leur pays d’origine, lequel joue souvent un rôle dans le fonctionnement des lieux de culte. Des confréries internationales, de riches Etats étrangers soutiennent également la propagation d’une religion qui présente des spécificités qui ne peuvent être négligées : la subordination du politique au religieux, l’absence de hiérarchie organisée chez les Sunnites, la faiblesse de l’ouverture à la tolérance. Les pratiques monstrueuses de l’Etat Islamique sont-elles vraiment condamnées par les textes sacrés ? Ne sont-elles pas plutôt des outrances par rapport à ce qui est institué dans les pays qui appliquent la Charia et dont la France cultive l’amitié intéressée ? M. Hollande proclame son intransigeance, mais des consignes sont données pour ne pas punir les porteuses de voile intégral, des accommodements vestimentaires ou alimentaires sont pratiqués dans les écoles de la République ou les enceintes sportives gérées par des mairies. Le discours ne manque pas de souffle, mais les mots se dispersent au vent.
Le Président ne parle pas d’apartheid, seulement de ségrégation, et désigne le coupable, le racisme, qui ne peut qu’être blanc, bien sûr. Logiquement, il appelle la sanction du coupable : la commune qui n’appliquera pas la loi SRU obligeant les communes de plus de 3500 habitants à avoir 25% de logements sociaux avait déjà vu sa pénalité quintuplée en 2013 par Mme Duflot. Celle-ci sera encore augmentée. L’absence de mixité sociale est due aux mauvais Maires de droite, en aucun cas à la volonté des immigrés de vivre en communautés avec des pratiques culturelles que l’autochtone aurait le droit de ne pas aimer… Afin de développer l’activité économique des banlieues, un « machin » administratif de plus va être créé, l’Agence Nationale de Développement Economique pour les Territoires… Le Président est redevenu lui-même. Il a ressorti sa boîte à outil de technocrate socialiste. « L’esprit du 11/1 qui soufflait n’était que du vent » !
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