par Alain Bournazel*
Peu connues il y a quelques années, les agences de notations apparaissent aujourd’hui comme des acteurs majeurs sur le plan économique et politique. Les agences sont diverses ; elles peuvent pratiquement intervenir dans tous les domaines. Mais celles qui tiennent le haut du pavé sont les agences financières avec le trio de pointe : Fitch Ratings, Moody’s, Standard & Poor’s. Le rôle de ces agences est incontestablement utile dans la mesure où elles apportent un contrepoids indispensable aux « boniments » des gouvernements qui, derrière la pesante rhétorique des mots, cachent une situation qui n’a rien de reluisante.
La perte du triple A pour la France, car tel est le problème actuel, se traduirait pour nous par une hausse des taux d’intérêt, ce qui est toujours fâcheux car la charge de la dette s’en trouve alourdie. Notons toutefois que le plus fâcheux ne réside pas dans les taux d’intérêt mais dans la dette elle-même, fardeau considérable mais qui permet à la France de vivre au-dessus de ses moyens. Ajoutons que les agences de notation ne sont pas des oracles. En 2001, Standard & Poor’s avaient favorablement apprécié la situation d’Enron qui a fait faillite peu après. Les agences n’ont pas alerté sur la situation catastrophique de Lehman Brothers, pas plus qu’elles n’ont anticipé la crise de la Grèce. Les agences connaissent des situations de conflits d’intérêts, leurs méthodes d’investigation ne sont pas toujours connues et on ignore le plus souvent quels sont les principaux actionnaires. Bref, un peu plus de transparence ne nuirait pas à la crédibilité de ces organismes qui ne sauraient se substituer aux citoyens pour la détermination de leurs choix politiques.
*Alain Bournazel est historien.