Vous vous rappelez sans doute les scandales sexuels qui ont frappé des personnalités politiques de très haut rang aux Etats-Unis. Le président Bill Clinton a failli être viré de la présidence pour avoir eu des relations sexuelles dans le Bureau Ovale avec une stagiaire et avoir menti à ce sujet, et la France elle-même a vu son histoire politiquement complètement chamboulée lorsque Dominique Strauss-Kahn a eu des relations similaires avec une femme de chambre dans un hôtel New Yorkais.
Début septembre, le commentateur politique Bill Maher avait réalisé une chronique sur l’aspect ridicule de la passion des américains et des médias pour les scandales sexuels outre-Atlantique (Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=JECm6XLmB-A).
Cette fois cependant, il semble qu’un homme soit allé beaucoup trop loin et l’ensemble des dirigeants politiques ont, en quelques heures, exprimé un rejet complet envers des commentaires de Donald Trump et son comportement envers les femmes.
Les faits
Au cours de la nuit du vendredi 7 au samedi 8 octobre, le Wahsington Post a publié un enregistrement audio de Donald Trump lors d’une interview en 2005 dans l’émission « Access Hollywood » avec le commentateur humoristique – relativement peu connu – Billy Bush, petit-fils du président George H. W. Bush (1989 – 1993).
[MISE EN GARDE : les commentaires exprimés par Donald Trump sont extrêmement vulgaires et dégradants envers les femmes et ne sont pas recommandés pour un jeune public NDLA]
Donald Trump : « J’ai essayé de la séduire, et j’ai échoué. Je l’admets. »
Billy Bush : « Whoa ! »
DT : « J’ai vraiment essayé de la baiser. Elle était mariée (…) et j’ai attaqué [tenté de la séduire, NDLA] très fortement. A vrai dire, je l’ai emmené acheter des meubles. Elle voulait acheter des meubles. Je lui ai dit, tu sais, je vais te montrer où il y a des beaux meubles. »
« Je l’ai harcelé comme une salope, mais je n’ai pas réussi. Et elle était mariée (…) et là, d’un seul coup je la vois, elle a maintenant d’énorme nichons refaits et tout. Elle a complètement changé son look. »
A ce moment, Trump et Bush s’interrompent en voyant arriver l’actrice Arianne Zucker qui doit les accompagner sur le plateau de télévision.
BB : « La fille qui va t’accompagner est putain de chaude, in the purple (expression américaine utilisée par les éleveurs de chevaux pour parler d’un cheval issu de l’accouplement forcé de deux chevaux de race pure pour en faire un cheval de compétition, NDLA)
DT : « Whoa ! Il faut que je prenne des TicTacs au cas où je commence à l’embrasser. Tu sais, je suis automatiquement attiré par ce qui est beau. Je les embrasse direct. Je suis comme un aimant. Direct l’emballer. Je n’attends même pas. (…) et quand tu es une star, elles te laissent faire. Tu peux faire ce que tu veux.
BB : « Tout ce que tu veux ? »
DT : « Choppe les par la chatte, tu peux faire ce que tu veux. »
Vidéo de l’échange : https://www.youtube.com/watch?v=oNiad5mPZPc
Pour le moment, nous ignorons quand aurait eu lieu l’événement dont parle Donald Trump mais l’émission en question et l’enregistrement ont été réalisés peu de temps après son mariage avec son actuelle (et troisième) femme Melania Trump.
Les réactions
L’impact de cette révélation ne s’est pas faite attendre. Des centaines de républicains ont réagi dans les minutes et les heures qui ont suivi. Le représentant Jason Chaffetz a publiquement retiré son soutien à Donald Trump, affirmant qu’il voulait désormais le voir perdre et qu’il n’accède jamais à la Maison Blanche. Le président de la Maison des Représentants, le républicain Paul Ryan, était censé réaliser une réunion de campagne publique aux côtés du milliardaire. Ryan n’a pas annulé sa propre venue, il a publié un communiqué interdisant à Donald Trump de se rendre à ce meeting de campagne !
« Ce que j’ai entendu aujourd’hui me rend malade. Les femmes doivent être célébrées, pas utilisées comme objets. J’espère que M. Trump va traiter sérieusement cette affaire et démontrera au pays qu’il a davantage de respect pour les femmes que ce clip montre. En attendant, il ne sera pas à l’événement de demain au Wisconsin. »
Le président du parti républicain, Reince Priebus, a commenté : « Aucune femme ne devrait être décrite de cette manière. Jamais. »
Mitt Romney et John McCain n’ont pas attendu non plus : ils ont tous les deux condamnés ce qu’ils considèrent comme une apologie de l’agression sexuelle.
Le président du parti républicain du Texas a aussi réagi en condamnant ces propos. Mais plus grave, plus d’une dizaine d’élus républicains de haut rang ont officiellement demandé à Donald Trump d’abandonner la course immédiatement et de laisser sa place à Mike Pence, un geste qui ne va certainement pas calmer les pro-Trump qui affirmaient cette semaine que le parti républicain tire les ficèles en coulisse pour arriver exactement à cet objectif (http://www.breizh-info.com/2016/10/08/51000/mike-pence-vs-tim-kaine-debat-vice-presidence-etats-unis).
Finalement, Donald Trump a pris la parole pour présenter ses excuses pour ses commentaires et a affirmé : « Je m’engage à être un homme meilleur à partir de demain », reconnaissant de fait le caractère sexiste de son comportement envers les femmes.
Heureusement pour Donald Trump, toutes les réactions n’ont pas été les mêmes. Certains de ses plus fervents soutiens ont immédiatement répliqué en attaquant Hillary Clinton. Plusieurs dirigeants évangéliques ont affirmé que les chrétiens évangélistes ne votent pas en fonction du comportement d’un homme mais de son engagement à protéger les valeurs de l’église. Quant à Sean Hannity, journaliste chez Fox News, il a immédiatement twitté pour rappeler que Bill Clinton a trompé sa femme Hillary à plusieurs reprises.
Les conséquences
Nous sommes encore dans les premières heures après la révélation de ce scandale et toutes les conséquences qui vont arriver ne sont pas encore claires. La journée de samedi risque d’être riche en nouveaux événements et déclarations. Surtout, cette découverte arrive juste avant le second débat présidentiel de dimanche. Il sera très difficile pour Donald Trump de réussir à parler d’autre chose car ce sujet sera au cœur des cycles médiatiques jusque-là et probablement au-delà.
Cette révélation est déjà qualifiée de « plus grand scandale politique depuis l’avènement de la télévision ». La question est : d’où est venue l’information ? Toutes les théories du complot vont ressortir.
Cela vient-il des démocrates, qui ont découvert cette information il y a plusieurs mois mais ont attendu 31 jours avant le vote pour la révéler ?
Cela est-il venu des républicains ou des libertariens anti-Trump qui, par la famille Bush, avaient cette information et ont attendu de l’utiliser au dernier moment ? (Jeb Bush soutient officieusement Gary Johnson et les deux présidents Bush ont dit qu’ils ne voteraient pas pour Donald Trump).
Cela vient-il directement de Donald Trump ? Depuis juin 2015, beaucoup de républicains affirment que Trump n’a jamais voulu le pouvoir et que, proche des Clintons, il aurait cherché à remporter la primaire républicaine que pour aboutir à l’absence d’une réelle opposition face à Hillary Clinton.
La fin de cette campagne électorale risque d’aggraver toujours plus les tensions politiques et, plus que jamais, ce pays est divisé.
Le scandale du jour de Hillary Clinton : oublié !
Le timing de cette révélation est aussi particulièrement opportun pour Hillary Clinton. WikiLeaks avait annoncé qu’ils révèleraient 270 pages d’e-mails « supprimés » par l’ex-secrétaire d’Etat. Or, les deux annonces sont tombées pile au même moment (à quelques minutes prêts). Du coup, les révélations sont passées à la trappe : le sujet est uniquement devenu les agressions sexuelles de Donald Trump.
Quelle aubaine pour les démocrates !
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