Le Zemmour du mardi. « ‘C’est pas moi, c’est lui.’ Ce jeu puéril est à la mode dans la classe politique depuis dimanche soir. Jean-Luc Mélenchon accuse François Hollande d’être le grand pourvoyeur de voix du FN, Vincent Peillon, sur cette antenne, accuse la droite et son discours décomplexé de faire le lit de Marine Le Pen, le Parti communiste reproche aux Verts d’avoir trahi le rassemblement de la gauche, la candidate verte, elle, s’en prend à Harlem Désir et même à l’électorat traditionnel de la gauche qui ne s’est pas déplacé… C’est vrai, ça ne se fait pas de ne pas voter pour les Verts, enfin ! La droite désigne la gauche et sa mauvaise gestion. Duflot, comme Mélenchon d’ailleurs, accuse Valls de reprendre le discours populiste pour être populaire. Mais Valls, lui, comme la droite, est convaincu que le projet de loi de Christiane Taubira pour vider les prisons est à l’origine de tout. D’ailleurs, Jean-Marc Ayrault fait tout pour reporter celui-ci aux calendes grecques. Mais le jeu n’est pas fini. Il ne finit jamais. Les beaux esprits verront la cause de tout le mal dans le goût morbide des grands médias pour les faits divers. Les journaux cachent désormais les patronymes des délinquants. Bientôt, il faudra cesser de parler de tous les crimes et délits en France, comme en Union soviétique à la grande époque. Une intellectuelle américaine publie ces jours-ci un livre qui pointe du doigt l’odieuse conception française de la laïcité qui stigmatise l’islam et fait le lit de qui vous savez… D’autres professionnels patentés des droits de l’homme expliquent doctement que c’est la faute au 11 septembre. Mais, rappelez-moi déjà combien faisait Jean-Marie Le Pen à la présidentielle de 1988 ? Et à celle de 1995 ? Même Laurent Fabius s’énerve contre Schengen et des historiens mettent au pilori le pauvre Lorànt Deutsch qui, dans son dernier livre, décrit la bataille de Poitiers en 732 avec des sarrasins pilleurs et massacreurs. Il est bien connu que l’islam a conquis alors la moitié de la planète en jetant des roses sur les populations énamourées…
“On prend les électeurs pour des cons !”
La panique gagne les meilleurs esprits. (…) Aucun, bien sûr, jusqu’au Président de la République lui-même, n’oublie de répéter en boucle que le chômage est le seul terreau de ce populisme qui vient. Exactement ce que pensait Lionel Jospin en 2002, avec le résultat que vous savez. Et si on arrêtait de chercher des causes marginales pour ne pas voir ce qui crève les yeux. Si on sortait de cette obsession économique, ce matérialisme qui nous aveugle et si on acceptait de voir que l’immigration, qui ne se tarit jamais depuis des décennies, faisant craindre un changement radical de population, de religion, quasiment de civilisation en France comme dans le reste de l’Europe, effraie de plus en plus de citoyens, que la crise d’identité française, cette terrible impression d’être envahi et de ne plus être chez soi en France, est l’essentiel et que le reste n’est qu’accessoire. On ne peut pas reprocher depuis trente ans au Front national de faire de l’immigration son fonds de commerce et refuser de reconnaître que l’électorat de plus en plus nombreux, de plus en plus populaire, vote d’abord pour cette raison-là. Ou alors, on prend les électeurs pour des cons !”
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