Il était touchant, jeudi, Copé. Il tendait la sébile, l’œil larmoyant devant l’injustice et la voix tremblante de celui qui, pour la France, pour tous les Français, ne veut pas que la voix de l’UMP s’éteigne. Déjà, la sienne n’était plus qu’un filet. Sans doute une vieille lueur vacillante de gaullisme éclairait-elle chez lui la vague idée d’un appel. Non, l’UMP n’est pas morte. L’opposition en a besoin. La France en ressent la nécessité vitale, car il faut que les Français qui refusent la politique de la gauche puissent avoir une voix qui parle en leur nom. Bon, le problème, c’est que ça sonnait terriblement faux.
“Si l’UMP a une voix, c’est celle d’un imitateur.”
D’abord, un gaulliste ne met pas le parti au centre de la démocratie. Il y met les hommes, les femmes, leurs convictions et plus encore leur dévouement pour le pays. Ensuite, les partis ne sont que des moyens parmi d’autres, comme l’élection présidentielle ou les référendums qui sont des vecteurs de la démocratie directe. La dernière élection présidentielle à laquelle j’ai participé avec enthousiasme et sans succès est celle où j’ai soutenu Balladur qui se présentait en son nom et que la machine RPR, à l’époque, a malheureusement pour la France, vaincu. Enfin, si l’UMP a une voix, c’est celle d’un imitateur. Je serais bien en peine de dire aujourd’hui quelles sont les idées et les valeurs véhiculées par cette agence électorale. Dix ans de pouvoir sans réforme structurelle courageuse, un bilan terne qui ne brille parfois que comparé aux résultats calamiteux des socialistes, une campagne de 2007 gagnée à droite et suivie d’une désastreuse ouverture à gauche, un feu d’artifices, au sens littéral du terme, de mesures incohérentes et de nominations étranges, ont laissé une France toujours et déjà socialiste, avec sa dépense et ses emplois publics excessifs, un endettement accru, et ses problèmes de chômage, d’immigration, de logement, de pauvreté, de délinquance non résolus. Des clins d’œil électoraux aux électeurs de droite, mais immédiatement dénoncés au nom d’un front républicain qui laisse penser qu’on peut s’entendre avec ceux que l’on combat sans cesse et sur tous les sujets, un engagement tardif et tactique derrière la Manif pour Tous, mais immédiatement annulé par l’affirmation qu’on ne reviendrait pas sur la loi Taubira et par la propulsion à Paris d’une candidate aux dents longues évidemment favorable au mariage unisexe, révèlent le degré d’imposture de ce parti. Depuis longtemps, son but est d’occuper des places, y compris la première. Des petits potentats locaux, favorables au cumul des mandats, qui viennent deux jours par semaine lever la main comme le groupe le souhaite, jusqu’aux jeunes activistes de l’hémicycle qui veulent devenir ministres le plus tôt possible, histoire de faire bénéficier les Français de leur incompétence et de leur inexpérience, les règles sont simples : occuper les sièges, ne pas déplaire aux chefs, et surtout ne pas les embêter avec des idées , notamment celles que n’aiment pas les journalistes.
“La politique, c’est comme le sport : les professionnels sont bien payés. Sauf que les pros en question ont de plus en plus une tête d’amateurs, incapables de boucler des comptes de campagne, pris régulièrement la main dans le pot de confiture, mais pas foutus de marquer un but ou d’afficher une victoire au tableau du pays.”
C’est la voie du pouvoir qui intéresse ce parti et rien d’autre. Les idées des Français ne le préoccupent qu’à travers les sondages qui indiquent le sens du vent. L’UMP a été davantage mobilisée par la compétition Copé/Fillon que par la loi Taubira jusqu’au moment où elle s’est rendu compte que les centaines de milliers de manifestants n’avaient guère besoin de sa voix pour se faire entendre. Alors, elle a fait semblant, mettant en avant quelques opposants, cachant ceux qui étaient favorables à la loi et à qui elle avait donné gain de cause à mes dépens, et laissant passer le texte au Sénat. D’ici quelque temps les nombreux maires UMP qui auront célébré des unions unisexes diront, comme pour le PaCS, que la mesure était excellente et qu’il faudrait l’améliorer, envisager la PMA, étudier la GPA. Alors, ils désirent, et c’est humain, continuer. Ils veulent garder les places ou en gagner et pour cela ils veulent d’abord des sous, les nôtres, pour avoir ensuite nos voix. Normal, la politique, c’est comme le sport : les professionnels sont bien payés. Sauf que les pros en question ont de plus en plus une tête d’amateurs, incapables de boucler des comptes de campagne, pris régulièrement la main dans le pot de confiture, mais pas foutus de marquer un but ou d’afficher une victoire au tableau du pays. Avant même la décision du Conseil Constitutionnel d’invalider le compte de campagne de Sarkozy, l’endettement de l’UMP était de 56 millions d’euros : des chiffres qui devraient rendre ses dirigeants plus modestes et qui n’en font certainement pas les plus aptes à redresser demain les finances du pays. Si les joyeux cumulards, les malins qui financent leurs campagnes grâce au parti « personnel » qu’ils ont créé, comme ce trésorier du mouvement soupçonné de distribuer les Légions d’Honneur pour récompenser les petits services entre amis, veulent renflouer la galère, qu’ils le fassent. J’invite pour ma part les donateurs potentiels à la prudence. La France n’a pas besoin d’une machine électorale sans âme. Elle réclame des élus intègres et animés par la passion du Bien Commun, celui de leur pays en priorité.
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