La santé, une responsabilité personnelle ou étatique ?

Les inquiétudes vont grandissantes sur le financement de l’ensemble des prestations sociales en France. Le monde de la santé est de plus en plus préoccupé, tous les voyants sont au rouge. La qualité des soins est remise en cause, alors même que laFrance est en tête des dépenses médicales. Il n’est pas ici le lieu de dresser le bilan, accablant, de notre modèle social à la française. Modèle de moins en moins envié, même si nos gouvernants tentent, contre vents et marées, de nous assurer du contraire. Il faudra bien un jour, nous le savons tous, envisager une réforme, une vraie réforme, de ce fameux modèle. Plusieurs voix s’élèvent et tentent, vaille que vaille, de faire entendre leurs propositions. Sans prétendre, dans ces lignes, avancer une solution, je voudrai livrer une réflexion de fond sur un des aspects de la nature du problème et les blocages qui en découlent.

La première question qu’il convient de se poser est relative à la place de l’État dans ce domaine. Le social est-il une prérogative de l’État ? La réponse, comme souvent, est loin d’être binaire et elle dépend en grande partie de la vision que nous avons de l’État, c’est-à-dire au fond, de l’Homme. Car l’État n’est pas d’abord une institution, mais un service rendu à la collectivité. En d’autres termes, l’État est la structure dont se sont dotés des peuples pour assurer certaines fonctions, en vue d’une fin précise qui est l’administration, la défense et la justice, sur un espace donné. Administrer, au même titre que défendre ou rendre la justice, suppose une certaine conception de l’Homme, car on n’administre pas de la même manière un pays si l’on considère l’Homme comme un être qu’il faut protéger et défendre ou si on le considère comme un pion au service de la collectivité. Les simples notions de responsabilité et de liberté (et donc la façon d’administrer le pays) dépendent essentiellement de ce que nous mettons derrière l’expression « dignité humaine ». Quoiqu’on dise de la démocratie grecque, la définition du citoyen selon Aristote, le pion interchangeable sur un jeu de dames, est très éloignée de la conception hédoniste que nous avons aujourd’hui de la dignité humaine.

Ainsi, de notre conception de l’Homme découle une vision de l’État et, par là, de ses attributions. L’administration est-elle au service des citoyens ou bien de la machine institutionnelle ? L’esprit français s’échauffe à la simple évocation de cette dernière hypothèse. Mais à y regarder de plus près, la réalité actuelle semble pourtant bien s’en approcher. Derrière cette tension, se cache la double question de la liberté et de la responsabilité. Si l’État n’est pas une fin, mais un moyen, il convient de le mettre à sa juste place, à savoir non pas au-dessus de l’Homme, mais précisément au-dessous. L’État se doit d’être un des soubassements permettant à l’Homme de vivre dignement. Ce n’est qu’un des multiples appuis dont il peut se servir pour agir en homme libre et responsable. L’État ne peut imposer d’en haut un ensemble de règles et de pratiques contraires à la liberté responsable de chacun, tout en restant garant, non pas de l’intérêt général qui supposerait de sacrifier certains, mais du bien commun. C’est là un équilibre subtil que la facilité tend trop souvent à faire basculer dans le dirigisme. Il est en effet plus aisé de « faire à la place » que de « permettre de faire ».

Précisément, la question du système de santé se trouve à ce même carrefour de la responsabilité de chaque citoyen et de celle de l’État de veiller au bien commun. Or, au fil des années, l’État français ne serait-il pas tombé dans une certaine facilité en prenant en charge un bien qui concerne d’abord et avant tout chaque personne ? C’est le constat de la Nouvelle Zélande que nous pouvons, mutatis mutandis, transposer chez nous. En faisant de la santé, mais aussi de la prévoyance (retraite, chômage…) une véritable assistance publique, les gouvernements successifs n’ont-ils pas dessaisi les Français de leur responsabilité sociale et médicale ? La plupart des études montrent que le poids de notre dette vient des dépenses sociales de santé et de retraite, en sus des dépenses exorbitantes d’une administration pléthorique. Partout où cela a été fait, introduire concurrence et privatisation a conduit à réduire les dépenses sociales, améliorer la qualité des prestations grâce à une reprise en main responsable, rendue possible par la liberté de choix et nécessaire par la fin de l’État providence.

Au-delà des réformes impératives, se trouve un déblocage idéologique évident. L’Homme est capable de cette liberté responsable. Or, de tout temps, celle-ci a été un moteur de croissance et de développement, tant pour chaque personne humaine dans son parcours de vie personnelle que pour les sociétés qui ont fait le pari de la vraie liberté, celle qui prend en compte, aussi, la responsabilité de l’autre. Il n’y aura pas de solution durable aux maux actuels tant que nous ne refonderons pas la société sur cette liberté responsable de chaque homme.

> Cyril Brun anime le blog Cyrano.net.

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9 Comments

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  • 0 / 10
  • xrayzoulou , 9 avril 2015 @ 17 h 30 min

    Vous êtes dans le vrai JSG.
    1/ Charité bien ordonnée commençant par soi-même,rembourser les gens qui cotisent et les retraités qui ont payé toute leur vie leurs cotisations en travaillant !
    2/ Une exception pour les enfants des pays d’Afrique noire qui ne peuvent être soignés dans leurs pays.
    3/ Arrêter, d’être prodigues envers des gens qui pensent avoir tous les droits dans ce pays et donner des retraites à des “centenaires” morts depuis longtemps en Afrique du nord.
    4/ Arrêter de donner le droit du sol à la naissance : NOTRE PAYS se mérite ! en plus STOPPER de payer des polygames avec des dizaines d’enfants. La polygamie est interdite en France ; notre gouvernement doit quand même le savoir !!!!

  • Libre , 30 avril 2015 @ 22 h 49 min

    Singapour peut nous montrer la voie à suivre avec ses 5% du PIB destinés aux dépenses de santé tout en ayant une espérance de vie de 82 ans…

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