Tribune libre de Lucien Chardon*
Cessons d’être bégueules : le plaisir sans risque, c’est la masturbation. Point final. Pas de grossesse, pas de bidouille chimique ou chirurgicale par les apprentis-sorciers de la médecine, pas de barrière latex, mais des certitudes.
Ces raisons pratiques restent pourtant secondaires. Le problème, le vrai danger du coït dont il faut se préserver, c’est l’altérité, l’horrible autrui. L’autre pose la limitation du moi, la borne de ma liberté.
Autrui, c’est le ou les partenaires dont il faut subir émois et émotions, et dont on a toujours le soupçon qu’il dissimule intentions inavouées ou maladies. C’est surtout la survenue soudaine de l’étrange radical, l’alien qui colonise le corps par la procréation. Menace suprême ! En s’approchant de l’autre, on encourt de susciter l’autrui le plus intime et le plus envahissant, l’enfant.
S’affranchir de l’altérité, donc. La liberté pure requiert la solitude, le moi sans autre. Ainsi sera le jouir : on recourra à la branlette, aux accessoires qui l’enrichissent, aux substances qui la dilatent. Loin des menaces que fait peser autrui sur soi et qui pourraient gâcher l’orgasme.
Pour ceux à qui la pratique exclusive de l’acte solitaire fait peur et qui ont encore besoin d’un vis-à-vis, l’homosexualité demeure une solution acceptable, qui a le double avantage de réduire fortement l’altérité en supprimant celle des sexes, et de constituer la seule contraception efficace, bien que les autorités sanitaires négligent d’en faire la promotion à ce titre.
Le raisonnement est imparable. À moins de s’accepter comme partie de l’univers, traversé par l’univers : social, spirituel et mortel. À moins d’aimer…
*Lucien Chardon publie des billets sur ce blog.
4 Comments
Comments are closed.