La candidature de Valls, annoncée ce 5 décembre depuis son fief d’Évry, n’occasionne certes aucune forme de surprise. Elle relance à peine les divisions profondes au sein du parti socialiste. Le principe même de la primaire consiste, en théorie, à les surmonter, à se rassembler autour d’un homme et d’un programme. Mais, en pratique, à ce jour le seul contenu qu’on puisse attribuer à cette candidature semble se résumer au fait qu’il se situe négativement : contre la droite, contre Fillon, contre le FN, etc.
Dans le cadre du régime actuel un tel positionnement négatif n’interdit pas, en lui-même, le succès. En 2002 Jacques Chirac fut élu contre Jean-Marie Le Pen, et tout le monde a oublié son programme. En 2006-2007 la campagne de Nicolas Sarkozy a connu son meilleur moment sur le thème de la “rupture”, très convaincant certes, mais peu précis. Il ne se produisit aucune rupture. En 2012, François Hollande l’imprévu l’emporte sur la base de l’anti-Sarkozysme, largement partagé, et sur l’impact de son discours du Bourget de janvier 2012, “contre la finance” : celui-ci sera aussi peu mis en pratique que ne l’avait été le discours de Sarkozy à Toulon en février 2007.
Après avoir singulièrement incarné, au gouvernement, la division des gauches au point que lui-même les a jugées irréconciliables, Valls candidat à la primaire de la gauche, prétend désormais unir sa famille politique, miraculeusement réconciliée, derrière lui.
À défaut de formuler de vraies propositions concrètes, les messages de Valls en direction de la gauche, dans son discours de candidature l’éloigneront en fait ce qui semblait, jusqu’ici, constituer sa petite musique personnelle au sein du PS.
Un tel rétropédalage ne peut pas s’arrêter en si bon chemin. Il va imposer désormais de très sérieuses concessions de sa part.
Seul candidat à la primaire de 2011 à s’être étiqueté lui-même “social-démocrate” il devra composer, en effet, avec un parti qui, depuis le congrès d’Épinay de 1971, rejette ce qualificatif avec horreur. Depuis longtemps cette appellation, qui était pourtant déjà celle du parti auquel se rallia Karl Marx en 1875, tout en récusant sa ligne directrice, était devenue synonyme d’anticommunisme.
Or, c’est à Khrouchtchev en 1956 que remonte la théorie de la stricte distinction entre partis supposés “ouvriers”, c’est-à-dire les communistes, les socialistes et les sociaux-démocrates. Jusque-là, dans le bestiaire stalinien, il n’existait que des “sociaux-fascistes” et des “sociaux-traîtres”. Il leur était occasionnellement proposé de leurres d’unité d’action. Le but non dissimulé consistait à “plumer la volaille”, comme entre 1935 et 1938, dans le cadre des fronts populaires et “antifascistes” où une place de choix était prévue pour les radicaux. C’est ainsi Daladier qui, au nom du parti radical qu’il dirige, lance le ralliement à cette politique, participant en juillet 1935 au rassemblement pour le Front populaire et concourant à l’automne à l’élaboration du programme électoral dudit Front populaire.
Avec un petit retard à l’allumage, un certain nombre de commentateurs ont fini par découvrir le caractère à la fois ridicule et scandaleux de la mission confiée à Ségolène Royal pour les obsèques de Fidel Castro.
Faisant l’apologie du dictateur cubain, allant jusqu’à en nier les crimes, ce qui est toujours une manière impunie de s’en rendre complice, Mme Royal a ainsi rejoint la cohorte de dictateurs sud-américains gauchistes, Daniel Ortega du Nicaragua, Nicolas Maduro du Venezuela, Rafaël Correa de l’Équateur, Evo Morales de Bolivie.
Un seul dirigeant européen en exercice, l’aberrant Tsipras, s’était rendu aux funérailles de Fidel Castro. Son discours vaut le détour, encore que, ne parlant aucune langue étrangère, il se soit exprimé en grec. Un discours que l’on pourrait qualifier de démentiel si l’on ignore la part irréelle de l’exercice. “Nous saluons aujourd’hui le comandante Fidel, déclara pompeusement le démagogue athénien, en cette place de la Révolution, où il avait proclamé lui-même la grande révolution du XXe siècle. Nous saluons un symbole mondial de lutte et de résistance qui, par son exemple, a inspiré le combat des peuples du monde entier.”
Ce n’est pas la première fois que Hollande et les siens mêlent leurs voix et leurs intrigues à celles du gauchiste Tsipras, traître à la trahison. Mais cette fois cela s’inscrit dans une fin de partie où Hollande s’emploie à maintenir ouvertement un pied dans chaque camp, comme s’il pouvait ainsi faire oublier son échec. Petite Pénélope détricotant la nuit, en vérité, tout ce que, le jour, mensongèrement, il avait pu laisser entrevoir, le camp Hollande devrait être privé de parole dans la campagne qui vient de s’ouvrir officiellement et dans laquelle le président sortant s’est sorti lui-même.
Vallsitude, ségolitude et castritude : autant de leurres d’une tentative hollandiste de survivre au désastre de ce quinquennat misérable et honteux.
> Jean-Gilles Malliarakis anime le blog L’Insolent.
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