Quelques lignes à peine, destinées à passer inaperçues, voilà ce que la plupart des gros moyens de désinformation ont consacré, ces derniers jours, à deux événements.
Le premier nous ramène tristement au souvenir des temps où les choses étaient fort claires : la disparition d’André Bergeron dans la nuit du 19 au 20 septembre. Âgé de 92 ans, oublié aujourd’hui des jeunes générations il avait dirigé courageusement et intelligemment FO pendant plus d’un quart de siècle entre 1963 et 1989. Il en fut pratiquement évincé par Blondel et par son équipe de trotskistes.
On ne sera pas surpris de mesurer la petite place que lui consacre L’Huma le 22 septembre. Dans la partie réservée aux abonnés et dans l’édition imprimée on trouve les éternelles accusations contre FO… qui aurait reçu un appui des syndicats libres… eux-mêmes suspects d’avoir été soutenus, au moment du plan Marshall par les méchants américains… Air connu, refrain lamentable qui d’ailleurs ne débouche sur rien sinon qu’en effet la scission FO est intervenue en 1947, quand il fut devenu évident que la CGT de Benoît Frachon était passée sous la coupe du parti communiste et de l’URSS alors gouvernée par Staline. Fallait-il donc l’accepter ? Chevénement cité par Le Monde du 21 septembre, le laisse, au fond, entendre : on ne s’en étonnera guère. Les anciens trotskistes qui entourent actuellement le gouvernement semblent moins convaincus. On partagera – pour une fois – leur avis.
Plus surprenante à cet égard semble l’opinion des gens du Figaro, en ligne le 20 septembre à 15 h 46 : Ils qualifient André Bergeron “d’anticommuniste primaire”. Ben dis donc…
Au fait dans quel organe de presse a-t-on pu lire, pendant des années, de 1934 à 1986, l’excellente chronique de Michel-Pierre Hamelet ? (1)
Le second événement, lui, réchauffe un peu le cœur, encore que l’on sache qu’il ne servira guère : la condamnation de la CGT pour ses prédations éhontées au sein du comité d’entreprise d’EDF. À peine effleurée dans “Le Monde”, cette nouvelle fut diffusée modestement sur la publication version dont on trouvera le texte standard, ici recopié dans le quotidien “L’Alsace” (2).
Procès du CE d’EDF-GDF : douze condamnés dont la CGT et “L’Humanité”
Douze condamnations, dont celles de la CGT et du journal “L’Humanité”, ont été prononcées ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire des détournements de fonds de la Caisse centrale des activités sociales (CCAS), le puissant comité d’entreprise d’EDF-GDF.
Huit personnes physiques et quatre personnes morales ont été reconnues coupables d’abus de confiance, de complicité ou recel de ce chef et condamnées à des peines de 2 mois à 18 mois avec sursis et à des amendes de 4 000 à 75 000 euros.
La justice leur reproche d’avoir détourné des fonds de la CCAS, le plus important comité d’entreprise de France, doté d’un budget annuel de 400 millions d’euros, pour financer des prestations à la fête de L’Humanité et des emplois fictifs au bénéfice de la CGT et de la fédération des mines et de l’énergie (FNME-CGT).
Pas plus : le minimum syndical en quelque sorte.
Sur Bergeron et sur la condamnation de la CGT : même minimum syndical. Il équivaut ni plus ni moins à une omertà.
C’est en effet contre les pratiques de la CGT, mises en place à la faveur de la loi Marcel Paul de 1946 créant EDF-GDF, que toute sa vie s’était dressé le syndicaliste réformiste André Bergeron.
On considère que ce système constitue le modèle social français et que celui-ci doit demeurer intangible. C’est bien ce genre de présupposés qu’il convient de combattre.
Note :
- Cf. ses mémoires “Un Prolétaire au Figaro” Grasset-Fasquelle 1997, 407 pages.
- En ligne sur le site de L’Alsace le 1er octobre à 17h32.
> Jean-Gilles Malliarakis anime un blog.
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