Pierre Gattaz ravive la lutte des classes en gros titre de première page du journal Le Monde : « La CGT se comporte un peu comme des voyous et des terroristes. » dit-il.
Une manière insensée de chercher à éteindre un incendie en versant de l’essence dessus. Elle reflète une détestable arrogance patronale qu’une grande majorité de patrons de moyennes et de petites entreprises, et même certains patrons de grandes entreprises, ne partagent pas.
Pour parler au nom des Patrons, le Patron des Patrons doit parler le langage de la pondération, du bon sens, de la vérité, de la raison, de la considération, en un mot du respect. Sans le respect, il n’y a pas de vie en société possible. Face à des extrémistes minoritaires mais influents, seule la voix de la raison doit prévaloir. C’est elle qui retournera l’opinion publique, et non pas les insultes.
Les insultes sont l’arme des faibles.
Elles n’ont jamais réglé les problèmes.
Au contraire, elles enflamment les colères et mobilisent les troupes adverses.
Pour un peu, on en viendrait aux mains.
Pierre Gattaz perd son sang-froid.
Tout ce qu’il mérite, c’est de recevoir en boomerang le « Casse-toi, sale con ! » d’un autre illustre gaffeur.
Une injonction à prendre au sérieux.
Il doit partir.
Carlos Ghosn, déjà connu comme le Chef d’Entreprise le plus payé, dépasse toutes les bornes en se faisant attribuer un pactole supplémentaire par son Conseil d’Administration, en violation du vote de l’Assemblée Générale de ses Actionnaires.
Quel mépris des actionnaires ! Quel mépris de l’opinion publique libérale humaniste, déjà traumatisée par plusieurs excès semblables ! Quelle révélation au grand jour des « renvois d’ascenseur » systématiques entre Administrateurs de certains Grands Groupes ! Quelle indécence ! Quelle arrogance ! Quelle blessure à l’image de respectabilité du capitalisme !
Le libéralisme humaniste peut s’honorer d’avoir sorti de la pauvreté matérielle et culturelle des centaines de millions de familles de par le monde en quelques générations. Ces acquis sont déconsidérés et même compromis par des hommes comme Pierre Gattaz, Carlos Ghosn et leur entourage immédiat. Ils mettent notre modèle occidental à la merci des coups de boutoir d’extrémistes minoritaires, capables de soulever l’indignation des foules. Méfaits d’une immense erreur historique.
Dans sa mégalomanie, Carlos Ghosn défie le Gouvernement, qui a voté contre. Avec des voix en partie volées, d’après Carlos Ghosn. La riposte n’a pas manqué : une loi va pénaliser les actions gratuites. Une réaction justifiée mais trop brutale, car au-delà de cas individuels choquants, elle risque de priver des dizaines de milliers d’entreprises honnêtes d’un bon moyen de faire bénéficier leurs quelque 4 millions de Salariés Actionnaires des fruits de leur expansion.
Au contraire de Carlos Ghosn, on peut heureusement citer un grand patron comme Xavier Fontanet, qui a eu la sagesse de soumettre à l’accord de ses 15.000 salariés-actionnaires, puis à l’ensemble de ses actionnaires, son généreux bouquet de départ à la retraite, largement mérité vu le parcours époustouflant d’Essilor sous sa direction pendant plus de 15 ans. Malheureusement, un tel exemple ne suffit pas à effacer le désastre moral causé par d’autres.
Revenons à Octave Gélinier, le grand penseur de l’entreprise libérale humaniste, et au titre de son livre, Morale de l’Entreprise, Destin de la Nation. Faute de morale dans l’entreprise, faute de respect dans la société, c’est le destin de notre pays tout entier qui est mis en danger.
Claude Razel
Chevalier de la Légion d’Honneur
Ancien Co-Chef d’Entreprise