Un règlement de comptes a, une fois de plus, eu lieu à Marseille, à la Cité Bassens. Trois personnes qui regardaient le clasico Barcelone Real à la télévision ont été assassinées dans un magasin. Il semblerait que l’une des trois soit étrangère au trafic de drogue qui sévit dans les quartiers nord de la cité phocéenne et qui est à l’origine des meurtres qui y sont commis régulièrement : 10 depuis le début de l’année, 19 en 2015, 18 en 2014. Malgré les visites tonitruantes de Manuel Valls, la courbe est ascendante. Mais la police nous explique que cette recrudescence est justement la conséquence de son action efficace et du dérangement qu’elle engendre. L’élimination de réseaux produirait une vive concurrence pour la reprise des « marchés » abandonnés par les détenteurs emprisonnés.
Le bilan policier est en effet éloquent : depuis un an, 28 réseaux auraient été démantelés, 210 Kgs de cannabis et 10 de cocaïne saisis. 1,2 million d’Euros produit par ce trafic aurait été récupéré, ainsi qu’un nombre important d’armes et de munitions, en croissance de 52%. Sur les 10 premiers mois de 2015, ces opérations ont conduit à 148 interpellations. 71 arrestations ont eu lieu récemment. Néanmoins, le fauteuil d’un guetteur abandonné au pied d’un immeuble, dans l’attente du successeur, suscite un sentiment ambivalent : la police fait son travail, mais celui-ci ne s’apparente-t-il pas au tonneau des Danaïdes ? Une fois un quartier vidé de son réseau, un autre ne va-t-il pas le remplacer ? Face à ce problème, le socialisme révèle une fois encore sa nature profonde : Patrick Menucci, député PS de Marseille appelle à la légalisation du cannabis. « L’Etat doit légaliser le cannabis, créer une filière et un monopole d’Etat et en assurer la distribution ». La sénatrice-maire PS des 15e et 16e arrondissements, Samia Ghali, qui avait naguère demandé l’intervention de l’armée, propose quant à elle un soutien psychologique aux habitants. Ces deux propositions sont révélatrices : plutôt que de combattre une transgression nuisible à la cohésion sociale et à la santé des individus, il faut que l’Etat « accompagne » la déviance légalisée, l’organise et en tire même sans doute un profit fiscal. Manque de courage, esprit munichois, et maintien des citoyens dans l’irresponsabilité douillette : la Big Mother socialiste dans toute sa splendeur ! Le socialisme est l’instrument du déclin.
Le député socialiste cite le nombre estimé des consommateurs pour souligner le caractère irrémédiable du phénomène et donc l’inutilité de mobiliser 15% des effectifs policiers pour lutter contre lui. On pourrait ajouter l’argument de la prohibition, qui dans les années 1920 a entraîné le développement du gangstérisme aux Etats-Unis. Cette présentation du problème fait preuve de courte vue. Il y a dans toutes les sociétés des comportements addictifs et nocifs. Alors qu’on lutte contre ceux qui sont ancrés dans nos habitudes, quel message enverrait-on en en légalisant un de plus ? L’alcool engendre de la violence et peut tuer. Pour autant, son usage modéré s’inscrit dans les cultures occidentales de telle façon qu’il est absurde de vouloir l’interdire, d’autant plus qu’il appartient à une économie légale particulièrement profitable à notre pays. Il n’en va pas de même du tabac qui, peu à peu, devra être soustrait à la consommation courante. Néanmoins, beaucoup de gens en vivent légalement, et ce retrait en « douceur », par la hausse des prix notamment, leur cause déjà un tort considérable. Je pense aux buralistes qui ont acheté cher une « carotte » qui leur demande beaucoup de présence et de travail pour des revenus de plus en plus faibles, notamment s’ils sont proches de la frontière. Cela exigera beaucoup de temps. Il serait, dans ces conditions, absurde et paradoxal de légaliser un produit comme le cannabis, importé culturellement, et dont le Maroc est le premier producteur mondial. Il est dangereux pour la conduite automobile (article auto plus), comme l’alcool, nocif pour la santé comme le tabac (article du point), et facteur d’isolement social et d’échec scolaire. S’il fallait autoriser la déviance dès lors qu’elle franchit un seuil quantitatif, sans tenir compte de l’intérêt général, devrait-on aussi songer à légaliser un certain nombre de délits puisque la police ne parvient pas à les endiguer ? Comme la délinquance sévit toujours là où existe un besoin de transgression, la légalisation aura simplement pour effet de déplacer le champ d’activités illicites vers le marché noir si les taxes sont trop élevées ou vers une drogue plus dure comme la cocaïne ou l’héroïne.
Il faut donc tenir bon pour ne pas sombrer dans la société sans repère, multiculturelle et tolérante à l’infini, qui se profile déjà dans certains pays du nord de l’Europe. Plutôt que de légaliser le cannabis, il serait plus utile de donner à la Justice les moyens de lutter contre ce fléau, en appliquant la loi et en faisant exécuter les peines qui pourraient d’ailleurs être alourdies. Le SOS lancé par le Ministre de la Justice, M. Urvoas, ( article France-Info) nous demande de regarder le vrai problème : celui d’une Justice qui n’a pas les moyens d’accomplir ses missions et de faire respecter la loi. Ce n’est pas l’exemple des Pays-Bas, mais celui de Singapour (pénalisation des drogues à Singapour) qui devrait être pris en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants.
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