La liberté aussi tue la liberté ! (1/2)

C’est entendu, la Liberté est à droite, l’Egalité à gauche, et la Fraternité est centriste, c’est-à-dire nulle part. Maintenant il faut être distrait ou aveuglé par son idéologie pour croire l’égalité possible. Plus on voudra s’y atteler, plus on réduira la liberté et plus il faudra donner du pouvoir à ceux qui viseront cet objectif : cercle vicieux, ce qu’a été notre Révolution à son paroxysme de 1793 ! Aujourd’hui encore, sous prétexte de lutter contre l’ »apartheid » des banlieues le gouvernement va s’attaquer à la liberté du logement, mais aussi à celle du choix de l’école, et sans doute sans le moindre résultat positif. L’égalité se résume donc à celle des droits, que la puissance de l’argent ou des réseaux a vite fait de contourner. Le mieux que l’on puisse souhaiter, c’est d’introduire de l’équité, c’est-à-dire une certaine proportion entre le mérite et sa récompense, la responsabilité et sa sanction. C’est possible à l’école et très idéaliste dans la société.

Reste donc la seule vraie question qui est celle de la liberté. Jamais sans doute cette notion n’a été à ce point chamboulée ! Pour nous en tenir à la politique et ne pas nous égarer dans la métaphysique, la liberté est affaire d’équilibre. Entre les individus, d’abord, pour éviter les débordements des uns nuisant aux autres. Chacun dispose d’un espace qui doit respecter celui des autres. L’espace de ma pensée est infini et ma liberté y est totale. Si je l’exprime, elle rencontre l’autre, et cette rencontre exige des limites, par exemple celle de l’injure ou de la diffamation, non celle de la confrontation légitime entre des idées différentes. A l’autre extrémité on trouvera l’espace de la force physique. Cet espace-là est le plus réduit. Je ne peux user de ma supériorité physique pour contraindre la liberté d’un autre. On observera que ces évidences ont perdu de leur clarté. Dans de nombreux pays, la fessée, pour remettre en place les idées d’un enfant dans la sphère privée de la famille, n’est plus tolérée, mais le même enfant, ayant grandi, devra raser les murs, se délester d’une cigarette ou de son argent de poche, parce qu’un groupe ou un plus grand que lui l’auront menacé. Si par le plus grand des hasards, l’agresseur est allogène, la moindre remarque sur ce détail risquera de transformer la victime en coupable destiné à devoir rendre des comptes à la justice, en raison de son odieux racisme.

Un second équilibre est donc nécessaire dans une démocratie libérale. C’est celui entre l’individu, ou plutôt la sphère privée et l’Etat. C’est ce dernier, détenteur du monopole de la violence légitime qui doit garantir les frontières entre les espaces de liberté des individus. La sécurité est alors l’autre face de la liberté. C’est à la fois le sentiment que l’on a de sa sûreté par rapport aux autres, mais aussi par rapport aux détenteurs des pouvoirs. La définition précise des limites à respecter dépend idéalement de la raison d’où découlent les principes du droit naturel auxquels devraient uniquement se référer nos préambules constitutionnels, et de façon subalterne, de la volonté populaire lorsqu’elle s’exprime par référendum.

L’empilement des textes de 1789, de 1946 à quoi s’est ajouté le « principe de précaution »introduit par la Charte de l’Environnement de 2005, accrédite l’idée d’une évolution des droits fondamentaux en fonction de la nécessité du temps. Cette fluidité est paradoxale. Elle paraît accroître les libertés. Elle les menace sournoisement en fait. Michèle Tribalat en fait la démonstration dans son ouvrage sur l’immigration, « Les Yeux grands fermés ». Bien sûr, la liberté de se déplacer est un droit, mais celle de s’installer doit être limitée dans la mesure où elle représente un coût ou un risque pour le pays d’accueil. C’est donc à la liberté des citoyens de ce dernier d’en préciser les conditions. Ce n’est, hélas, plus vrai. Par le biais d’organisations non gouvernementales, un progressisme mondial exerce une pression sur les Etats. Des conférences internationales, des forums mondiaux indiquent les tendances. Des organismes supra-nationaux éloignés ou dénués de tout véritable contrôle démocratique rédigent des textes qui s’en inspirent. Pour la France, petit à petit, la délégation de souveraineté à l’Union Européenne et la suprématie du juridique et des instances judiciaires sur le politique et les pouvoirs démocratiques rompent l’équilibre. Parce que des personnes désirent fuir l’absence de liberté chez elles ou simplement améliorer leurs conditions d’existence, les populations des pays de destination, les Français en particulier, perdent la liberté de se refuser à les accueillir et les forces chargées de leur protection le pouvoir de s’y opposer.

Related Articles

29 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • Monique Neveu , 7 mars 2015 @ 18 h 30 min

    Ayn Rand ecrivait, il y a deja longtemps, que plus il y a des droits pour tout, moins il y a de droits pour la population.

  • le réel , 7 mars 2015 @ 22 h 40 min

    on reste dans le cadre de la “république”, d’une soi disant démocratie libérale!

    mais le devoir du pouvoir est de protéger les plus démunis face à la “masse”, aujourd’hui le politiquement correct, qui avilit!
    respect et non liberté, droit à la différence!
    équité et non égalité
    charité et non fraternité
    les éprouvés sont nombreux et souvent discrets, regardons vers eux !

  • Pascal , 8 mars 2015 @ 0 h 18 min

    Ce qui tue la Liberté en même temps que l’Egalité et que la Fraternité est la contre-révolution victorieuse qui transforme volontairement la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 en Déclaration des droits de l’homme tout court. Exit le citoyen, autrement dit le souverain. L’article III est rendu obsolète : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément .

    Il est créé un « contre-citoyen », autrement dit un sujet de l’Europe post-démocratique et de la France post-républicaine, un sujet totalement indépendant de la nationalité. Les conclusions du Conseil européen de Tampere des 15 et 16 octobre 1999 sont on ne peut plus clairs : « Le statut juridique des ressortissants des pays tiers devrait être rapproché de celui des ressortissants des Etats membres. Une personne résidant légalement dans un Etat membre pendant une période à déterminer et titulaire d’un permis de séjour de longue durée devrait se voir octroyer dans cet Etat membre un ensemble de droits uniformes aussi proches que possible de ceux dont jouissent les citoyens de l’Union européenne ».

    Quant au droit naturel évoqué par Christian Vanneste, il est lui aussi largement bafoué. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’article II de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression ».

  • FLANDRE , 8 mars 2015 @ 0 h 51 min

    Il faut donc supprimer immédiatement les lois liberticides Fabius-Gaysot …

  • hermeneias , 8 mars 2015 @ 9 h 00 min

    Vous répétez des textes Pascal , comme un perroquet , comme s’ils étaient les Tables de la Loi du Sinai ….. Ce qu’ils ne sont pas !

    Mr Vanneste , s’il était un peu philosophe comme j’ai cru comprendre , pourrait lever l’équivoque du mot liberté dans la ré-publique idéologique .

    On pourrait ainsi comprendre que ça n’est pas la liberté qui tue la liberté mais ses contrefaçons qui pavent toujours les voies de la servitude-tyrannie , de la destruction et du néant ….
    Et pour beaucoup , dans l’air pollué du temps , le summum de la liberté c’est le suicide qui n’est rien d’autre qu’un acte vain , véritablement pathé-tique( un pathos ) , de destruction de soi . Mais l’humain dans sa folie ne peut pas faire que ce qui a été n’ai pas existé . Comme on dit en théologie et en saine philosophie , notre liberté , comme notre être , n’est que relative et participée , déterminée par ce que nous sommes censés être , des êtres “humains” , “animaux raisonnables” ,perfectibles et mortels

  • penelope , 8 mars 2015 @ 9 h 06 min

    trop de liberté peut mener à l’anarchie,l’égalité ne se trouve que sur les frontons des grands édifices municipaux,quand à la fraternité c’est du pipo,toujours les mêmes qui demandent et toujours les mêmes à qui l’on demande,il y a des quémandeurs professionnel dont et donc s’ils demandent,on pensent,ils ont besoin,et ceux qui se débrouille avec le peu qu’ils ont et donc eux doivent pouvoir donner pour les autres;mentalité actuelle même des associations.

  • micaelli , 8 mars 2015 @ 9 h 48 min

    à PASCAL: Tout est dit …..
    ” Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut point enrendre ” ………….

Comments are closed.