Tétanisés depuis la dernière élection présidentielle, tous les partis politiques essayent, péniblement, de se refaire une santé et pédalent, en vain, dans la choucroute, sans pouvoir trouver une issue pour remonter à la surface. La bulle Macron les a, tous, phagocytés. D’habitude, une bulle est éphémère, mais là, paradoxe du moment, elle enfle encore, en ramassant d’autres bulles au passage et grossie, grossie… Pour le moment, la bulle a fait un mort, le Parti socialiste, et un blessé grave, LR (Les Républicains). Et, ces derniers, malgré deux heureuses élections partielles qui leur font reprendre un peu de couleurs, ne devraient pas se faire trop d’illusions : ils ne sont pas sortis de l’auberge. Pour cela, il faudrait qu’ils clarifient un peu mieux leurs positions idéologiques.
Les autres émergent plus ou moins honorablement. Mais, simplement sonnés ou définitivement disqualifiés, tous se croient obligés de revoir leurs stratégies. Même, le FN, qui, pourtant s’était qualifié pour le second tour avec un score historique de 35 %, veut tout changer. De fond en comble. L’initiative n’est peut-être pas forcément la meilleure solution pour redresser la barre, mais pourquoi pas, on ne sait jamais. En tout cas, à suivre attentivement, ainsi que sa dissidence, incarnée par la création hasardeuse d’un nouveau parti, “Les Patriotes”, dirigé par l’ex-bras droit de Marine Le Pen, Florian Phillipot. Ces deux-là se sont tant aimés et l’ont tellement claironné sur tous les toits, qu’une rupture semblait impensable. Elle a pourtant bien eu lieu. Au bénéfice de qui ?
À gauche, c’est le grand deuil et pour un bon moment. La mort du Parti socialiste n’a pas rebattu les cartes et la France insoumise, admissible à la succession, n’arrive pas à occuper l’espace laissé vide. Malgré le battage forcené de ses dirigeants et de Jean-Luc Mélenchon, en particulier, ce parti patine et reste peu représentatif de la mouvance socialo-communiste. Le peuple de gauche reste orphelin. Mais c’est toute la politique qui est en panne. Avec un président qui fait de la communication son mode d’action, une opposition à l’arrêt, un peuple qui réagit sourdement aux réformes engagées, le pays semble immobile. Pourtant, nous avons là tous les ingrédients qui peuvent déboucher sur une situation difficilement maîtrisable. Car si la colère est à peine palpable et, si pour l’instant, froide et souterraine, elle nous joue l’Arlésienne, il est fort à parier que si les politiques ou les organisations syndicales n’arrivent pas à reprendre le flambeau, elle risque de nous interloquer. Et le débordement pourrait être douloureux. D’autant qu’une crise financière mondiale pointe son nez et que ne nous ne sommes à l’abri d’une panique bancaire, qui ne voudra pas, comme toujours, dire son nom.
En attendant, en ce qui concerne les partis politiques, on a envie de dire : “Sœur Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?”.
Claude Picard