François Jarraud a fait cette révélation sur wwwcafepedagogique.net ce lundi 5 janvier 2015 : “Les politiciens devraient peser soigneusement l’efficacité d’une réduction du nombre d’élèves par classe”.
L’argument est simpliste : “Une nouvelle étude vient démontrer l’efficacité de la réduction du nombre d’élèves par classe… (Elle) s’appuie sur une revue quasi exhaustive de la littérature en langue anglaise pour démontrer et expliquer l’efficacité de la réduction de la taille des classes… Réduire le nombre d’élèves par classe a un coût facilement mesurable et rentable à long terme, car cette politique a des effets durables…”
Il est pratiquement impossible de mesurer statistiquement et scientifiquement une politique et ses soi-disant effets durables “à long terme”, alors que le coût du budget pour réduire le nombre d’élèves par classe est mesurable. Dans Une société sans école (Seuil, 1971, Paris), Ivan Illich aborde la question des réseaux du savoir : “Nous avons examiné… cette insatisfaction dans les écoles et les universités, dont on nous rebat les oreilles…” et l’insatisfaction des maîtres : “Tout maîtres diplômés qu’ils sont, tous disent éprouver un sentiment de frustration, et ils l’expliquent… par le manque de crédits, de temps, d’équipements, etc.”
Dans Une société sans école, Ivan Illich considère que l’école obligatoire est à l’origine d’une pollution sociale, nuisible à l’éducation car les fonctionnaires de l’éducation sont chargés avant tout de “réprimer l’école buissonnière”. Selon lui, il faudrait une séparation entre l’école et l’État ! Ivan Illich pense que l’école, au lieu d’être l’éducation nationale (socialiste) devrait servir “l’indépendance d’esprit” des élèves et “l’éducation (vraie), au lieu d’être l’instrument de l’endoctrinement et de l’emprise bureaucratique !”
François Jarraud, avec le politiquement correct de gauche, ne fait pas référence à Ivan Illich :
“L’étude montre que dans les classes réduites, les enseignants ont utilisé une gamme de méthodes plus large que dans les classes ordinaires… et cela dans un pays où on rend les enseignants seuls responsables de l’échec scolaire : les États-Unis.”
“Intéressée à la lutte contre les inégalités scolaires, l’éducation nationale peut-elle continuer à faire la sourde oreille ?” Tout ça sent les relents de l’esprit anarcho-syndicaliste ! On sait que la bureaucratie n’a pas d’autre but que de se développer à outrance pour tenter de contrôler les espaces publics.
François Jarraud met en cause le fait que la taille moyenne des classes américaines a augmenté de 5% (chiffre statistiquement très peu significatif) pour expliquer le phénomène de taille par la “double pression des économies budgétaires d’une part et de l’idée que l’enseignant est le facteur dominant de la réussite et de l’échec scolaire, d’autre part “.
Selon l’opinion de François Jarraud : “Toutes ces études prennent à rebours la pensée dominante qui s’est constituée au début du 21ème siècle”. Malgré cela, “Les effets de la variation de la taille des classes sur la performance des élèves ne sont pas étayés par des éléments probants”, écrit Regards sur l’éducation, une publication de l’OCDE en 2011. “Les recherches menées dans ce domaine controversé n’ont pas permis de tirer des conclusions cohérentes…”
Paul Watzlawick a écrit Comment réussir à échouer, (Le Seuil, 1986) (titre original anglais : Ultra-solution ! How to Fail Most Successful), avec un sous-titre : “Trouver l’Ultra-solution”, c’est-à-dire : la solution extrême ou la solution finale, plus conforme, selon nous, à l’esprit anarcho-syndicaliste !
La quantité n’est pas la qualité et la manie de la multiplication des postes de fonctionnaires ne permet pas de penser qu’une solution sera jamais trouvée, et constamment appliquée avec succès, à l’école.
Selon Paul Watzlawick : “Deux fois plus n’est pas forcément deux fois mieux… Mais cent fois plus n’est plus cent fois plus la même chose (c’est autre chose !)… plus de la même chose se révèle être quelque chose d’autre. C’est ce qui explique les échecs retentissants “les plus inattendus et illogiques” en voulant “passer de la quantité à la qualité”. Et c’est cet échec constant de la qualité qui “surprend la raison et le bon sens”, pas toujours très répandus, surtout chez les militants anarcho-syndicalistes ! Le problème est aggravé par le fait que l’ultra-solution anarcho-syndicaliste encourage en fait la recherche de “toujours plus de ce qui ne fonctionne pas”, conformément à l’esprit du joueur invétéré qui croit que “plus il perd, plus il a de chances de gagner !” Et Karl Popper pose la question : “Comment organiser nos institutions politiques de telle façon que même les dirigeants incompétents et malhonnêtes ne puissent causer des dommages ?”
Le fait est que “tout se situe à la maison” et pas à l’école ! On lit, sur wwwcafepedagogique.net, mardi 6 janvier 2015 : “Les devoirs donnés à la maison sont bien un facteur d’accroissement des inégalités sociales de réussite scolaire, souligne l’OCDE dans un Pisa à la loupe. “Les devoirs représentent une possibilité supplémentaire d’apprentissage. Toutefois, ils sont susceptibles de creuser les inégalités socio-économiques dans les résultats des élèves. Les établissements d’enseignement et les enseignants devraient trouver les moyens d’encourager les élèves en difficulté et défavorisés à faire leurs devoirs. Ils pourraient proposer d’aider les parents à motiver leurs enfants pour qu’ils fassent leurs devoirs et offrir aux élèves défavorisés la possibilité de faire leurs devoirs dans un endroit calme lorsqu’ils n’y ont pas accès à la maison” (OCDE).
“Les élèves qui consacrent davantage de temps aux devoirs obtiennent de meilleurs scores aux évaluations PISA, comme leur établissement” (OCDE). “Lorsque l’on compare des élèves issus de milieux socio-économiques similaires et scolarisés dans des établissements dotés de ressources similaires, ceux qui fréquentent un établissement où les élèves consacrent plus de temps aux devoirs obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui fréquentent un établissement où les élèves consacrent moins de temps aux devoirs…
“Les élèves favorisés sont plus susceptibles que les élèves défavorisés de disposer d’un endroit adéquat pour étudier chez eux et d’avoir des parents impliqués, en mesure de leur transmettre des messages positifs sur l’école et l’importance… de faire régulièrement ses devoirs”, souligne l’OCDE.” Comme “les devoirs constituent bien un des outils avec lesquels l’École contribue à la fabrication des inégalités sociales, les enseignants restent devant la difficulté de permettre la réussite de tous”. Et voilà pourquoi le dogme soviétique de l’égalitarisme “pour tous” de l’Éducation nationale socialiste, et le nivellement nécessaire du niveau des élèves par le bas, exigent la suppression des devoirs, des notes, et même des parents !
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