Depuis l’arrivée de Narcisse-Jupiter à l’Elysée, le conflit de générations était dans l’air. Les Français avaient élu un président jeune qui leur apportait le nouveau monde sur un plateau. Il avait été adoubé par un parrain de l’ancien monde, réputé pour sa sagesse et son indépendance d’esprit, voire son modernisme : le Maire de Lyon, Gérard Collomb. 18 mois après, la situation s’est inversée : c’est le jeune qui se tourne de façon obsessionnelle vers le passé, et c’est le vieux qui prenant ses distances jette un regard angoissé vers l’avenir. Pour le premier, le danger réside dans le retour des années noires, des années 1930. Pour le second, le péril se situe dans la poursuite d’une politique immigrationniste suicidaire qui est la cause première de la montée de la violence et de la fracture de la société française. Notre précoce génie élyséen, sur le ton docte et réfléchi qu’on lui connaît, joue les « madame Irma » en reprenant un slogan anti-FN éculé. L’ex-ministre de l’Intérieur donne encore plus de poids à la déclaration qu’il avait faite à sa sortie de la place Beauvau : le temps presse et si nous ne stoppons pas l’immigration actuelle, cela deviendra irréversible.
Sur les déclarations de Manu l’extra-lucide, on ne peut que déplorer une fois encore l’argent public gaspillé à produire des énarques qui parlent avec assurance de choses dont ils ignorent tout. Comme d’habitude, il a plaqué sur la réalité une vision idéologique de l’histoire, celle qui lui a été enseignée. Ainsi donc, il y aurait une similitude entre l’Europe des années 1930 et celle d’aujourd’hui, une montée des nationalismes et un risque de guerre. Soit il s’agit de l’expression gravissime d’une ignorance abyssale chez un Chef d’Etat. Soit il s’agit à nouveau d’une marque de mépris à l’égard des auditeurs à qui l’on pourrait faire gober n’importe quoi. Dans la seconde hypothèse, le jeu consisterait à introduire dans la montée des peurs qui menace l’Europe, une nouvelle peur, celle de la montée des peurs… Comme le dit Luc Ferry, ignorance ou mensonge, c’est absurde. Il n’y a aucun rapport entre notre époque et l’entre-deux guerres. Cette période est marquée en Europe par l’éclosion ou le développement de dictatures, en Pologne, en Hongrie, au Portugal, en Espagne, en Grèce, de régimes autoritaires, en Autriche ou dans les Pays baltes, et plus encore d’Etats totalitaires appuyés sur un parti unique et une idéologie, en URSS, en Italie, et enfin dans l’Allemagne nazie. Le nazisme a disparu depuis 1945, le communisme est résiduel, le fascisme n’est plus depuis longtemps qu’un repoussoir d’opérette agité par la gauche. Surtout, les conditions qui ont rendu possible le paysage politique de cette époque sont absentes. La seconde guerre mondiale est plus éloignée de nous que ne l’était la Première des années 1930. Les antagonismes nationaux et les revendications territoriales sont effacés. Les millions d’anciens combattants dont l’esprit avait été formé par les armées en guerre ne sont plus là, avec le sens de la discipline et l’habitude des combats. Les millions de chômeurs abandonnés sur le bord de la route par la crise de 1929 manquent également : la moyenne européenne est à 8,5%. Ils sont assistés, et curieusement, c’est dans les pays qui connaissent les taux les plus élevés, l’Espagne ou la Grèce que le « populisme » dénoncé par les technocrates ne progresse pas alors qu’il a le vent en poupe là où le plein emploi est atteint. Manifestement, l’énarque-banquier, l’homme qui sait tout, a tout faux ! Il insulte seulement, selon son habitude, ceux qui ne pensent pas comme lui : les dirigeants élus démocratiquement en Hongrie, en Italie, en Autriche, voire au Danemark qui ne menacent en rien la démocratie, en retournant aux urnes régulièrement. On doit même rappeler qu’en Hongrie, la bête noire du sieur Macron, Viktor Orban, a pour principal opposant un parti d’extrême-droite, le Jobbik !
On a donc le choix pour qualifier le rappel historique de Macron. Soit un contre-sens, soit une trahison. Car quand un Chef d’Etat détourne l’attention des périls authentiques vers des dangers imaginaires, il expose davantage son peuple à la vraie menace. Hier, c’était le réchauffement climatique auquel les Français trop peu nombreux, chauffés et éclairés pour beaucoup au nucléaire, ne peuvent pas grand chose, mais qui permet de justifier les taxes qui les étranglent. Aujourd’hui, c’est la prétendue lèpre nationaliste qui se répand en Europe et nous conduirait à la guerre, alors que l’effondrement de la natalité, l’hiver démographique qui en résulte face à l’expansion de la population africaine, constituent le problème le plus angoissant. Le populisme n’est pas un nationalisme mais un conservatisme rationnel qui consiste pour un peuple à vouloir vivre en demeurant lui-même. L’immigration, question absente dans les années 1930 est devenue la cause réelle d’une crainte objective. L’occupant de l’Elysée veut l’ignorer alors qu’il vient d’une famille politique dont la culpabilité dans ce domaine est lourde. Or, c’est un plus ancien socialiste qui vient de vendre la mèche. Gérard Collomb, fort de son expérience comme ministre de l’Intérieur et des rapports qui lui ont été fournis, avait dévoilé sa pensée à Valeurs Actuelles : il y a une relation directe entre la violence urbaine et l’immigration. Le communautarisme peut conduire à la sécession. Il faut donc arrêter l’immigration, et pas seulement l’immigration illégale, car si on ne s’y prend pas assez vite, cela sera irréversible.
Il est assez fascinant que 64 ans après le déclenchement de la rébellion algérienne qui mettait fin à l’illusion de l’intégration, les gouvernements français aient été assez aveugles pour se retrouver avec le même problème, cette fois au sein de la métropole. Ignorance ? Non : trahison !
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