Deux affaires apparemment sans rapport entre elles posent cependant des questions analogues. M. Carles Puigdemont n’entend pas se soumettre à la justice espagnole, car il prétend être le Chef d’un Etat imaginaire, la Catalogne, qui l’aurait élu avec une légitimité, redoublée selon lui par un référendum, telle qu’il a pu proclamer son indépendance. On n’insistera pas sur la faiblesse de l’argumentation. Il a été élu par une courte majorité de 73 voix sur 135, issues des deux partis qui s’étaient unis et sont arrivés en tête lors des dernières élections, et d’un groupe d’extrême-gauche. L’ensemble ne représentait que 47,8% des suffrages. Son mandat ne comprenait aucunement le pouvoir de provoquer un référendum non constitutionnel. Celui-ci, interdit par le tribunal constitutionnel, s’est déroulé dans des conditions rocambolesques. Moins d’un électeur sur deux s’est rendu aux urnes, et le résultat « soviétique » de 90% en faveur du oui ne fait que conforter les doutes sur les méthodes employées. Après de multiples circonvolutions et circonlocutions, Puigdemont a fui le pays pour se réfugier en Belgique afin d’échapper à la Justice. Soufflant le chaud et le froid tour à tour, il avait auparavant signé une déclaration d’indépendance évidemment dénuée de la moindre valeur juridique, laissé le gouvernement espagnol appliquer légitimement l’article 155 de la Constitution et prendre donc en charge l’administration catalane, dissoudre le parlement régional et annoncer de nouvelles élections. Il aurait pu engager ces deux derniers points lui-même et ainsi témoigner de sa volonté de se remettre en situation de débattre dans le cadre légal. Il a choisi le pire : camper sur une position sans fondement légitime, et privée de toute reconnaissance extérieure, pour dénoncer l’opération « politique » menée contre lui par Madrid sous la forme gouvernementale et judiciaire. Réfugié à l’étranger, il se dit en butte à une vengeance du pouvoir central camouflée en décision de Justice, puisqu’un mandat d’arrêt européen a été lancé contre lui après qu’il se fut soustrait à la convocation des juges. C’est une inversion de la vérité et de la réalité qui sont l’une et l’autre claires. D’un côté, il y a la Constitution, l’application de la Loi et le fonctionnement normal de la Justice et de l’autre, il y a une aventure politique qui veut ignorer l’Etat de droit, en prétendant inverser les rôles. M. Puigdemont s’est fabriqué une bulle idéologique qui l’isole de la réalité de l’Espagne et de l’Europe. En relisant à son profit le « Criton » de Platon, il apprendrait que Socrate a voulu obéir jusqu’à la mort aux lois qui l’avaient nourri et élevé. Bien sûr l’ex-Président catalan dira que les lois espagnoles ne sont pas les siennes. Il oublierait alors que son élection, l’autonomie déjà considérable de la Catalogne, et la grande liberté dont il a mésusé n’ont été possibles que dans le cadre de la Constitution de 1978. Cette ingratitude, ce « coup d’Etat » n’ont donc aucune légitimité. Le politique, c’est lui, le droit, c’est Rajoy. M. Puigdemont n’est qu’un symptôme de l’anarchie rampante dans le vieux monde occidental et qui consiste à inverser la pyramide des valeurs, en donnant à l’individu et ses caprices plus d’importance qu’au bien de la Cité, en attribuant aux communautés et aux groupes de pression plus de pouvoirs qu’à l’Etat, en accordant à toute contestation plus d’autorité morale que n’en possède la Loi. Il faut souhaiter pour le bien de l’Espagne et pour celui de l’ordre et du droit que les indépendantistes, qui veulent s’emparer d’une région qui ne leur appartient pas, habitée par de nombreux Espagnols, catalans ou non qui ne le désirent pas, soient largement battus le 21 Décembre prochain.
Abdelkader Merah, le frère de l’assassin de Toulouse et Montauban, vit en France depuis 1982. Il a bénéficié, comme l’ensemble de sa famille, des avantages que notre pays accorde, en termes de protection des lois et d’assistance sociale, par exemple. En 2007, il se vantait de « vivre du RMI et du coran ». Comme pour la plupart des membres de sa famille, sa présence en France, et sa nationalité française alors qu’il déteste notre pays, sont des contradictions vécues sans vergogne. Le seul à avoir échappé au mécanisme est le frère aîné, Abdelghani qui résume en deux phrases le contexte familial : « Dans la famille, il y avait un terreau fertile à la haine », et » Cet islam sectaire, cet islam politique, veut la mort de la France ». Ainsi donc, un îlot familial habité par la détestation de la terre d’accueil, a pu s’insérer en France, passer par la case « délinquance » pour plusieurs de ses membres, et finir par le crime terroriste, antifrançais et antisémite, suscité par le fanatisme islamique. On peut opposer deux visages de femmes, de mères, musulmanes, chacune à leur manière : Latifa Ibn Ziaten, la mère d’un des parachutistes assassinés et Zoulikha Aziri. La première incarne l’assimilation, la volonté d’être en France comme les Français, et peut-être même plus qu’eux, en aimant le pays avec ferveur, et en souhaitant que ses fils le servent. Elle regrettera la décision en demi-teinte des juges en considérant que la France fait preuve de naïveté lorsqu’elle applique avec retenue ses règles juridiques à des ennemis acharnés qui lui font la guerre. La seconde est la mère de l’assassin, qui se disait fier de son fils « qui avait mis la France à genoux ». Elle a eu recours comme Abdelkader à la « taqiya », la dissimulation, c’est-à-dire, cette conception typiquement musulmane du « pieux mensonge », lorsqu’elle s’est exprimée à l’audience. La famille, et l’islam haineux qui l’a pénétrée, sont au-dessus de la France. Abdelkader le dira avec arrogance : il n’obéit qu’à Dieu, et non aux lois des hommes. Echange de courriel entre Abdelkader et Mohamed lorsque ce dernier est au Pakistan, alors que la mère dit que le frère aîné ignorait où se trouvait son frère ; visite d’Abdelkader et non de Mohamed chez la mère le jour où y parvient la réponse d’une des victimes : la complicité des deux frères était étayée par des faits. En ne les retenant pas, les juges, drapés dans leur fierté professionnelle, ont ignoré la nature du problème. Il y a en France des noyaux de gens qui y vivent en voulant lui faire la guerre. Ce ne sont pas des délinquants, des criminels, mais des ennemis infiltrés, des traîtres qui doivent subir les peines les plus lourdes. Celui qui a vécu à l’abri de nos lois doit en sentir le poids à proportion de sa trahison, lorsqu’il les trahit.
Une démocratie exige qu’on obéisse aux lois que l’on peut critiquer et remettre légalement en cause. Elle ne peut et ne doit tolérer qu’on les ignore ou qu’on les brise par la violence.
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