Les Russes ont Vladimir Poutine, les Turcs Recep Tayyip Erdogan. Les Français ont François Hollande. La comparaison suscite la réflexion. On se dit que les deux premiers sont au pouvoir depuis longtemps et comptent bien y demeurer puisqu’ils disposent de majorités confortables et sont soutenus par une large partie de la population. On ajoutera qu’ils sont tous deux des hommes à poigne attachés à défendre les intérêts de leur pays, son identité, son influence, voire sa puissance. Leurs stratégies s’opposent. La France est partenaire de l’OTAN avec la Turquie, mais dans le conflit des civilisations, la sympathie de beaucoup de Français va plutôt vers Vladimir Poutine. Le Président français fait pâle figure à ses côtés. Alors, on se console en pensant que la médiocrité des politiciens est le prix à payer pour avoir la chance de vivre dans une vieille démocratie confortable. Faut-il s’y résigner ?
A l’exception notable de l’intervention militaire au Mali, François Hollande, malgré les complaisances médiatiques, n’a jamais été là où il fallait. Le grand écart entre le café chez la militante Lucette et la croisade contre le réchauffement climatique de la planète dans le plus peuplé et le plus pollueur pays du monde pourrait tenir de l’exploit. Cependant, d’un côté, on sent le coup mal monté, l’opération de communication artificielle dénuée de la moindre spontanéité. et de l’autre, on perçoit la surestimation de l’événement dont l’objectif tient moins aux engagements douteux des Chinois qu’à la posture mondiale affichée pour le « clou » du règne : la COP 21. Les Français ne demandent ni une proximité hypocrite, ni une prétendue primauté dans un domaine certes important à long terme, mais où leur rôle ne peut qu’être minime. La consommation d’énergie en France limite notre culpabilité sauf pour les commissaires politiques verts ou roses acharnés à persécuter les automobilistes.
Reste le constat : l’incapacité des dirigeants français à tenir leur rôle. Certes, ils sont souvent présents, sur les écrans notamment, mais c’est parce qu’ils bougent beaucoup. Aucune légitimité n’en ressort car celle-ci ne procède pas des émotions partagées, mais des solutions apportées. Or, l’incompétence de nos gouvernants s’étale sans retenue. Ils n’anticipent rien et se trompent même carrément dans leurs prévisions. Ils semblent, comme on dit, naviguer à la godille et même à la gaffe. La vie politique des Français devient un slalom entre les décisions judiciaires incompréhensibles, les libérations des uns, les incarcérations des autres, les évasions des troisièmes, les préférences étrangères provocatrices en faveur des très chers « réfugiés », les règlements de compte à répétition, les lois qu’on n’applique pas, les violences face à une police impuissante, l’obsession des minorités et l’oubli de la majorité. Les rares réussites comme la diminution des morts sur la route ou la vitalité démographique appartiennent au passé. Mais, la Ministre de la santé présente comme un événement considérable l’ouverture du don du sang aux homosexuels le jour même où l’on apprend que la France fait moins de bébés. L’absence de discernement des priorités confine à l’aveuglement. Dans ce brouillard, les rétropédalages fiscaux et budgétaires dans la panique préélectorale trahissent l’amateurisme. A chaque fois, une mesurette destinée à atteindre le fameux seuil des 3% frappait les plus faibles bien au-delà de ce qui avait été calculé : la prise en compte des intérêts du livret A pour le calcul de l’Allocation pour Adulte handicapé ; la taxe d’habitation des retraités modestes ; la taxe foncière des propriétés non bâties ; la diminution des dotations aux collectivités. Toutes ces mesures ont été annulées, bloquées ou reportées parce qu’elles entraînaient des conséquences insupportables pour un gain dérisoire. Le choix devient difficile pour attribuer la palme dans ce festival.
La démocratie n’est pas condamnée à l’absence d’autorité. Outre la légitimité de l’élection, il faut à ses chefs d’Etat ou de gouvernement, à ses ministres, quelques qualités, on n’ose plus dire « vertus » devenues rares chez nous et que le microcosme médiatique n’encourage guère. Au minimum, la probité est nécessaire. La dignité, l’exemplarité des comportements seraient bienvenues. La volonté, la détermination et le courage dans l’action susciteraient le respect. La compétence, enfin, ferait renaître la confiance. Le ballet incessant des voyages et des bavardages dissimule mal l’absence de tout cela. Le pouvoir d’une dictature s’impose. L’autorité du pouvoir d’une démocratie dépend de l’adhésion de ceux sur qui elle s’exerce et qu’elle protège y compris contre eux-mêmes. Elle repose donc avant tout sur la qualité des hommes et des femmes qui la détiennent. S’ils viennent à faire défaut, la tentation est grande de la chercher dans les formes autoritaires de l’Etat.
7 Comments
Comments are closed.