par Manuel Lahut*
Dimanche, au cours d’une courte visite à Beyrouth, François Hollande a usé d’un ton hésitant pour rappeler le soutien de la France au Liban, avant de repartir vers l’Arabie Saoudite, trois heures plus tard.
Le Président français est un homme de compromis qui ne veut décevoir personne. Convaincu que la France peut jouer de son influence pour empêcher la contagion de la crise syrienne au Liban, il a donc décidé à la dernière minute une halte à Beyrouth pour rencontrer Michel Sleimane, son homologue libanais. Avant de poursuivre son voyage en Arabie Saoudite puis au Laos.
Cette initiative a été prise par François Hollande pour marquer « son soutien au Liban », deux semaines après l’attentat qui a visé le chef des renseignements de la police Wissam al-Hassan.
Elle intervient surtout dans un contexte politique très sensible marqué par de fortes tensions entre les partisans et les opposants au premier ministre Najib Mikati, que ces derniers accusent de « faciliter le plan du régime criminel de Bachar al-Assad au Liban ».
Au cours de cette visite de trois heures, François Hollande a rappelé la volonté de la France de « garantir au Liban son indépendance, son unité, sa sécurité » et sa détermination à “s’opposer de toutes ses forces à toutes les tentatives de déstabilisation”.
Ce message à l’attention du président syrien Bachar al-Assad, sourd aux injonctions de la communauté internationale depuis plus d’un an et demi, n’a pas dû l’effrayer outre mesure.
Il faut dire que le ton employé par le Président français n’était pas de nature à impressionner un régime peu enclin à respecter les règlements des Nations Unies et les troupes françaises déployées dans le cadre de la FINUL.
Ce déploiement français, aussi utile soit-il, rencontre vite ses limites face à des attentats perpétrés avec la plus grande lâcheté comme ce fut le cas dans le quartier chrétien d’Achrafieh.
Face à tant de mépris, les bonnes intentions de François Hollande, prêt à accueillir une réunion de l’ensemble des composantes politiques libanaises, paraissent aussi utiles que des pansements sur une jambe de bois. Car il faut que le Liban en fasse la demande et ce n’est pas dans l’intérêt de tous les partis politiques libanais.
La volonté politique française est réelle mais elle paraît bien faible face à un gouvernement libanais fortement divisé au sein duquel le Président, Michel Sleimane se bat pour éviter toute contagion du conflit syrien.
Quand il s’agit de préserver la souveraineté d’un pays avec lequel la France entretient un lien fort, il est légitime d’apporter notre soutien de manière plus démonstrative. Mais la France, lourdement endettée n’en a malheureusement plus les moyens. Alors, elle tente de faire au mieux avec ce qui lui reste d’influence…
*Manuel Lahut a été journaliste à France Soir. Il est spécialiste de l’Amérique latine, du Liban et du Vatican.
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