Pour bien comprendre, il faut bien nommer : c’est une évidence. Mais pour qu’un mot ait tout son sens, son vrai sens, il ne faut pas l’altérer. L’interdire encore moins, car cela ne supprime pas l’intention, ni la cause, et risque, à terme, de se révéler improductif. Bien entendu, un mot peut évoluer. C’est le travail de l’Académie française, ce n’est pas l’affaire des politiciens qui n’ont pas à intervenir dans les définitions du dictionnaire. Tout ce que l’on attend d’eux, pour bien comprendre leurs messages, c’est qu’ils manient le vocabulaire de la langue française à bon escient. Pas pour le transformer ou pour abroger quoique ce soit, selon des besoins idéologiques.
Malheureusement, les journalistes, toujours très friands de propos à l’emporte-pièce des uns et des autres, par leur fâcheuse tendance, très à la mode, à privilégier l’interprétation sur la forme plutôt que sur le fond, ont donné à nos élites l’habitude de faire de la politique à temps plein sans être obligés d’en parler réellement. Soit pour cacher le but inavouable de leurs actions, soit pour mettre en avant leur petite personne, nos hommes et nos femmes de gouvernement ont vite compris l’intérêt d’utiliser cette distorsion médiatique, qui leur permet, en plus, d’être en récréation permanente. Beaucoup ne se privent pas de cette aubaine et s’amusent à nous faire du cinéma en fabriquant des petites formules alambiquées. À moindres frais, au détriment de nos redevances !
Ces petits jeux de cirque ne seraient pas très graves, il suffit de ne pas être dupe, si ceux-ci ne se doublaient pas d’une censure des mots. Car il y a dans tout ce petit manège médiatique une bien-pensance procédurière, prégnante et pesante, à l’affût du moindre “dérapage “, par la grâce des lois Gayssot. Ces lois confortent toutes les associations anti-quelque chose – surtout antipatriotes – qui se chargent, avec délectation (ça peut rapporter gros) de faire le sale boulot. Et elles s’en donnent à cœur joie : la chasse aux sorcières s’ajoute aux procès, qui rajoutent du spectacle au spectacle dans le plus pur style “Grand-Guignol”. Grand-guignolesques, mais pas drôles : ces parodies sont pitoyables et désolantes par l’infinie imbécillité sémantique et l’emphase du comportement des inquisiteurs.
Avec la gauche au pouvoir, la manipulation des petites phrases est devenue tellement lourde que nous touchons le fond et que nous atteignons le degré 0 de la politique. Parce qu’elle est incapable d’être cohérente et efficace, elle utilise abusivement, quand elle ne les déclenche pas, des scandales grotesques, montés en épingle pour détourner les citoyens de leurs véritables préoccupations. En ces circonstances, elle est capable de pousser des cris de vierge outragée qui seraient pathétiques s’ils n’étaient pas hasardeux par rapport à la situation inquiétante du pays. D’autant que dans le même temps, sans vergogne, elle peut promulguer des lois sociétales qui n’intéressent et ne satisfont que quelques bobos au bord de la crise de nerfs. Les problèmes réels des Français n’ont pas la priorité dans l’agenda gouvernemental. Les voyous, les clandestins et les “réfugiés”, sont mieux traités.
La droite molle n’est pas en reste. En perte de repères, à bout de souffle, tétanisée par la bien-pensance, elle suit et imite idéologiquement, à chaque occasion, son modèle – la gauche – dont, pourtant, l’action politique ressemble de plus en plus à du grand n’importe quoi. Main dans la main, fer de lance de la nouvelle croisade d’un “front républicain” relooké, pour les prochaines élections régionales elles ont au menu du programme (commun ?) des promesses foireuses, des slogans et des mots creux, mais surtout le sésame de leur union : faire barrage à l’extrême droite ! Si c’est sa seule ambition, faute de présenter un bilan décent, il est probable, cette fois plus que les autres, que ce “front”, en se prenant les pieds dans le tapis, va se casser les dents, et le reste, contre la volonté d’un peuple exaspéré. Avec, en prime, une raclée mémorable, avant la débâcle finale.
En attendant, les élections régionales, prévues en décembre, peuvent être une superbe occasion, pour des milliers de patriotes, d’assumer des responsabilités de plus en plus importantes. Pour apprendre à exercer le pouvoir, pour faire, enfin, réellement de la politique dans le sens noble du terme et pour en finir avec la dictature des mots creux et des petites phrases inutiles.
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