IVG, une femme sur trois concernée ? Faux, mensonge d’État et banalisation

“Plus une femme sur trois a recours, dans sa vie à l’IVG”. Cette affirmation est assénée en une du site du ministère du Droit des femmes.

La presse a largement fait écho, sans se poser de questions, à cette affirmation pour le moins étonnante, à l’instar du Figaro.

La question est fondamentale car si plus de 30% des femmes ont recours à l’IVG, cela équivaut à une banalisation statistique de l’avortement. En d’autres termes, avorter, quoi de plus naturel ! Cela fait partie de la vie, comme une opération de l’appendicite en quelque sorte.

Qu’en est-il ? Plus d’une femme sur trois aura-t-elle vraiment recours à l’IVG pendant sa vie ?

Les données chiffrées de l’INED – de 2010, seuls chiffres détaillés disponibles à ce jour – permettent d’établir le taux de recours à l’IVG d’une femme en France.

“Seulement une femme sur huit est concernée un jour ou l’autre par l’avortement pendant sa vie [de “femme”] en France et non une sur trois.”

Le tableau 37 de l’INED mentionne, pour l’année 2010, 106 105 femmes concernées par un premier avortement, pour une population de femmes estimée à 32 000 000. Il convient en effet d’exclure les récidives d’avortement – soit 40% des avortements de 2010 – dans la mesure où il s’agit de la même femme qui avorte. Votre calculatrice indiquera un taux autour de 0,33% de femmes concernées pour cette année-là. Si on veut rapporter ce chiffre à une vie complète de fécondité, soit la période comprise entre 15 ans révolus et 50 ans révolus (période pendant laquelle une IVG est susceptible d’arriver), il faut multiplier ce chiffre par 36 années (soit 50-15). On obtient alors autour un taux de recours de 12% à 13% maximum. Voici maintenant comment on arrive à une femme sur trois : 0,33% (comme tout à l’heure) multiplié par l’espérance de vie des femmes en 2010, soit 84,7 ans ce qui donne 28% environ. Cette construction statistique, juste mathématiquement, n’a pas de sens : une IVG ne peut intervenir que sur une femme en age de féconder… Benjamin Disraéli avait raison :

“Il y a trois sortes de mensonges : les petits mensonges, les gros mensonges et les statistiques !”

Ainsi, seulement une femme sur huit est concernée un jour ou l’autre par l’avortement pendant sa vie [de “femme”] en France et non une sur trois. Pour être complet, ce chiffre représente une photographie sur l’année 2010, cette est représentative pour autant de la tendance.

Il est donc faux et mensonger d’affirmer qu’une femme sur trois est concernée par l’avortement dans sa vie, c’est un peu comme si l’INSEE produisait les statistiques natalité en intégrant les classes d’âges non fertiles…

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86 Comments

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  • Laurent , 9 octobre 2013 @ 15 h 24 min

    Oui. Et ces 32M de femmes n’ont pas finie leur vie. Vous ne pouvez pas considérer que les filles de 2 ans n’ont jamais eu recours à l’IVG et dire que jamais dans leur vie elle n’y auront recours.
    Idem pour les femmes de 90 ans, dont une partie a déjà eu recours, mais que vous considérez comme les filles de 2 ans.
    Comment vous faites pour mettre dans le même sac ces deux populations dans vos calculs avec ces arguments ?!

    La méthode des cohortes s’applique sur un événement qui sort les individus du calculs. Or ici, les femmes vivent après une IVG et restent dans le calcul. Sans oublier que les filles seront concernées à l’avenir mais ne sont pas encore concernées par les chiffres actuels, donc comptent !
    Relisez les postulats de base de la méthode des cohortes ! Vous ne les respectez pas, et vous ne pouvez pas appliquer cette méthode au problème cité ici !

    Pour ma méthode, vous l’avez décrite ici même plusieurs fois. Vous avez aussi plusieurs autres personnes qui décrivent des méthodes similaire et arrivent à des résultats similaires.

    Plusieurs personnes disent clairement que vous calculs ne correspondent à rien.
    Pourtant, j’ai cherché. C’est pas la moyenne des femmes ayant déjà avorté en France (résultat qui donnerait environ 17% et calcul ayant recours aux intégrales). Ni la moyenne des femmes n’ayant jamais avorté et qui avorteront plus tard (femmes de 90 ans ayant déjà avorté mis dans le même sac que les filles de 2 ans).
    J’ai beau retourner vos calculs dans tout les sens, ils n’ont aucun sens. A part celui de donner un résultat très faibles pour pouvoir dire que le gouvernement ment et dire que l’IVG n’est pas une pratique si répandu.

    On est plusieurs à vous donner les calculs. On arrive tous à des résultats similaires.
    Faudrait se remettre en question là, ou arrêter la désinformation.

  • Laurent , 9 octobre 2013 @ 15 h 50 min

    Regardez sur ce site comment est appliqué la méthode des cohortes sur les enfants et le redoublement :
    http://www.unesco.org/education/wef/countryreports/benin/rapport_2_3.html
    Ils ne compte que les enfants en âge de redoubler de A à Z. Pas tout les habitants du Bénin (qui vont ou seront concernés par l’école normalement).
    Il faut faire pareil ici: On commence à déterminer le nombre de femmes qui peuvent avorter (ou enfant au primaire au Bénin) : 36/84*32M = 14M. Et ne travailler que sur ce 14M.
    Vous n’avez pas appliqué la méthode des cohortes donc.

  • Marc de Fubi , 9 octobre 2013 @ 17 h 31 min

    Votre raisonnement est assez juste dans le premier paragraphe.
    La faute de raisonnement vient après : votre calcul ne prend pas en compte les 0% concernant les femmes d’âge inférieur à 15 ou supérieur à 50, ce qui revient à leur appliquer le même taux qu’en période de fécondité. Ou à prendre pour hypothèse que ce ne sont plus des femmes et qu’on les exclut du calcul…

    C’est gentil sinon de confirmer les 12% obtenus.

  • Denis Merlin , 9 octobre 2013 @ 18 h 15 min

    Une femme de 50 ans encore fertile, c’est plutôt rare, quand même !

    De plus, il me semble qu’il faudrait prendre en compte la mortalité selon les tranches d’âge et la mortalité par avortement (bien plus importante que par accouchement qui est quais nulle aujourd’hui dans les pays développés). Il faudrait aussi, en dehors de toute mathématique, être certain que les sources sont fiables.

    De plus il naît moins de filles que de garçons.

    Enfin c’est plutôt le nombre de vivantes par tranches d’âge que l’espérance de vie qui devrait être prise en compte. Donc par exemple en 2010, la tranche d’âge 15-45 ans comprenait X femmes. Or il y a eu X1 avortements recensés (pour les non recensés et pour les fausses déclarations… on va négliger) dont X2 de femmes ayant déclaré subir leur premier avortement (on fait comme si on leur faisait confiance). Cela permettrait une estimation grossière.

    Je suis tout à fait d’accord avec monsieur de Fubi. Nous arrivons à 3 000 000 de femmes, mettons 4 000 000 sauf erreur sur l’ensemble des femmes (supposant qu’avant 15 ans et après 45 ans, il n’y a plus d’avortement). Donc 4 000 000 de femmes sur 32 000 000 soit environ 10 à 15 % de femmes. La ministre double donc le chiffre de proportion.

    Cependant plutôt que d’extrapoler d’un chiffre global de population féminine, il serait plus précis de prendre le nombre de vivantes dans la tranche d’âge, car sinon, nos calculs ne tiennent pas compte de la mortalité entre 45 ans et… 100 ans (environ) car, si la mortalité était prise en compte, elle réduirait encore le pourcentage… Nous devons donc être plus proche de 10 % que de 15 %. Il faut en effet faire totalement abstraction des avortements après le premier, puisque la catégorie de celle qui subissent plus d’un avortement doit être écartée.

  • Denis Merlin , 9 octobre 2013 @ 18 h 49 min

    Il est certain d’autre part que si un femme déclare qu’elle subit son premier avortement (par honte connaissant la réprobation des avortées récidivistes) alors que c’est un avortement 1+n, cela fausse encore la statistique, si, comme c’est probable, c’est sur la déclaration de la femme que la statistique est établie.

  • Marc de Fubi , 9 octobre 2013 @ 22 h 13 min

    Merci pour votre analyse
    MdF

  • Marc de Fubi , 9 octobre 2013 @ 22 h 15 min

    Vous pouvez également vous référer à l’analyse de Denis Merlin si la mienne n’est pas claire.
    Je partage pleinement son analyse sur le fait que mon approche en “grosse masse” majore le taux, qui doit, en réalité, être plus proche de 10%.

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