par Alain Bournazel, du Comité de rédaction des Cahiers de l’Indépendance.
Bien sûr, les élections sénatoriales ne remettent pas en cause la majorité qui gouverne actuellement le pays. Le gouvernement n’est responsable que devant l’Assemblée nationale où il dispose d’une majorité confortable. Et le Sénat qui peut retarder, n’a pas la capacité de bloquer un processus législatif. Sa seule force d’opposition pourrait être de bloquer une réforme constitutionnelle. Voilà ce que répètent, plus pour se rassurer que pour convaincre, les responsables de la droite. Car c’est bien un choc violent qui a frappé le pays à l’occasion des élections sénatoriales. Il y a d’abord la symbolique qui est toujours importante en politique. Ce n’est pas rien de voir pour la première fois depuis l’instauration de la Cinquième République, la Présidence de la Haute Assemblée basculer dans le camp socialiste.
Au-delà de son aspect spectaculaire, ce changement exprime un mouvement profond dans le paysage politique français. Certes, les résultats peu flatteurs des dernières élections locales, municipales et cantonales, annonçaient un rééquilibrage au sein des forces politiques représentées au Sénat. Mais la droite qui s’attendait à enregistre des pertes, n’envisageait pas d’être mise en minorité. Elle fondait sa certitude sur la composition du collège des ces élections sénatoriales. L’orientation politique de ce collège qui comprend, outre les parlementaires, les conseillers régionaux et généraux et surtout les représentants des communes (maires, maire-adjoints, conseillers municipaux) est parfaitement connue dans la mesures où les étiquettes de ces élus sont enregistrées par les services préfectoraux. Alors que s’est-il passé ? Des élus qui s’étaient fait enregistrer avec une étiquette de droite lors de leur élection, manifestement écœurés par la politique du gouvernement, ont voté à gauche lors des élections sénatoriales.
Quand des élus eux-mêmes lâchent leur camp, c’est que la situation est grave. Ce n’est pas une onde de choc, c’est un séisme.
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