Un premier ministre socialiste à l’ouverture de l’Université d’été des patrons : il y a de quoi s’émerveiller. Il y a eu un « changement de ton », dit la présidente du MEDEF. Il est vrai que les entrepreneurs ne sont plus considérés comme les ennemis de classe, les avides de profits dénoncés par le ministre du Redressement, les spéculateurs alliés de la finance. Jean-Marc Ayrault veut même les mettre « au cœur de nos politiques économiques ». Comme si les entrepreneurs avaient besoin de politiques, alors qu’ils ont surtout besoin de libertés.
Seuls quelques optimistes invétérés penseront à un revirement total de la pensée gouvernementale. La grande majorité des participants à l’Université du MEDEF n’aura entendu qu’un discours élégant et poli mais creux et ambigu. La présidente, elle, attend « l’heure de vérité ». Elle la fixe au Projet de Loi de Finances 2013 qui sera présenté le mois prochain. Pense-t-elle que les grandes orientations fixées par François Hollande soient subitement atténuées, voire abandonnées ? Le développement de la finance publique (concrétisée par le nouveau relèvement du plafond du Livret A), le contrôle des plans sociaux, l’intervention de l’État dans les opérations de fusion ou de cession, les blocages de prix et de marges, les emplois d’avenir : n’est-ce pas suffisant pour connaître la vérité ?
“Le patronat n’a pas seulement la responsabilité de ses propres intérêts à court terme, il doit être gardien de la liberté d’entreprendre, de la propriété privée, de la liberté du contrat de travail.”
Il faut au demeurant se rappeler que rendre hommage aux entrepreneurs en matraquant leurs revenus personnels, en gaspillant et pénalisant l’épargne dont ils ont besoin, en perpétuant un système social qui ruine la compétitivité et détruit les emplois est une maigre satisfaction. Où sont les réformes structurelles seules en mesure de sauver les entreprises françaises ?
Le patronat ne doit pas verser dans le corporatisme. Il n’a pas seulement la responsabilité de ses propres intérêts à court terme, mais il doit être gardien de la liberté d’entreprendre, de la propriété privée, de la liberté du contrat de travail. Son rôle s’est progressivement réduit à celui d’un « partenaire social », chargé de la sale besogne de négocier avec des syndicalistes qui ne veulent rien entendre ni comprendre et menacent sans cesse de bloquer la société française. Aide-toi le ciel t’aidera : le MEDEF devrait s’engager ouvertement contre la socialisation de l’économie au lieu de se rassurer aux moindres discours lénifiants d’un premier ministre habile.
> Cet article est publié en partenariat avec l’ALEPS.
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