François Marcilhac, éditorialiste à L’Action française 2000, me fait l’amitié de répondre aux objections formulées sur Nouvelles de France (“Quand des nationalistes se méprennent sur les (vraies) conservateurs”) qui venaient en réaction à sa tribune “De l’inutilité historique des ‘conservateurs’ ». Je précise que le point de vue exprimé infra n’engage que son auteur et pas Nouvelles de France, média pluriel donc ouvert à toutes les droites (sociale, libérale, identitaire, conservatrice, libérale-conservatrice, libertarienne, souverainiste, nationale, contre-révolutionnaire…).
Concernant le mariage et l’adoption par des homosexuels, la légalisation du cannabis ou l’immigration incontrôlée, “l’UMP et le PS sont, sur ces questions (comme du reste sur les questions économiques, l’Europe et le mondialisme) sur la même longueur d’onde” écrit notamment François Marcilhac. A mon interlocuteur assurant ne pas prôner “une austère et orgueilleuse sécession” ni faire du “hors système” (ce qui serait son droit sauf dans le cas où celui-ci contribuerait à aggraver la situation en matière de défense des plus faibles et tout particulièrement de l’enfant à naître donc en matière de famille et de libertés parentales) qui souhaite “l’attention et la participation aux dynamiques naissantes, en France et en Europe” et qui évoque le cas anglais, je demande : quelles sont-elles ? Pour rester dans le contexte de la nation choisie par François Marcilhac, parle-t-il de l’English Defense League et de sa section gay ? Du BNP racialiste ? Je ne me reconnais pas plus dans ces mouvements que dans le Parti conservateur anglais. S’appeler conservateur ne suffit pas pour l’être vraiment.
Les fausses alternatives
Pendant mon adolescence et même un peu après, j’ai moi aussi été tenté par “les dynamiques naissantes, en France et en Europe”. Je suis venu, j’ai vu… et je suis revenu. C’était en France. J’ai pu constater la faiblesse de la formation des leaders de ces mouvements sur les points qui étaient à mes yeux prioritaires. Je ne parle pas des militants. J’ai surtout pu constater que les mouvements censés incarner ces “dynamiques” suivaient, certes moins vite que les autres, mais suivaient quand même les évolutions de la société. Au début, je me suis dit que la faute incombait aux acteurs culturels, incapables de battre la gauche sur ce plan. Or, comme chacun sait, les victoires culturelles précèdent les victoires politiques. Et on ne va pas demander à un parti de s’opposer, à lui tout seul, à une déferlante médiatico-culturelle. Et puis, en regardant ce que pensaient les électeurs du Front national (majoritairement pro-PaCS et pro-avortement), je me suis rendu compte que sur certains sujets comme ceux de société, il était possible de maintenir des positions conservatrices. Une infime minorité des électeurs français (dont ceux du FN) se prononcent à partir d’eux. Pour et contre. En parler – mais pas trop – pendant une campagne avec la ferme intention de changer les choses une fois arrivé(e) au pouvoir suffit. Les Français sont, paraît-il, “plutôt pour” le “mariage” homosexuel mais n’en feront pas un critère prioritaire de vote. Ils sont pour la plupart pour 1) de guerre lasse : afin qu’on leur fiche la paix, 2) parce qu’ils sont pour l’égalité et que, de toutes les façons, c’est mal d’être contre en France. Le problème, c’est que l’égalité est en l’espèce hors-sujet… 3) par peur de paraître intolérants. En aucun cas, ils ne placeront cette thématique en tête de leurs préoccupations qui sont le chômage, l’immigration, l’insécurité, très loin d’être réglées. Les partis populistes, en pointe sur ces thématiques, n’ont donc aucune excuse pour ne pas tenir bon sur les sujets sociétaux. Ce que la plupart d’entre eux en Europe ne font pas.
Partir de la réalité…
Ajoutons que, contrairement à ce que François Marcilhac affirme, l’UMP et le PS ne sont pas tout à fait sur la même longueur d’onde sur de nombreux sujets. Sur l’interdiction théorique de la recherche sur l’embryon lors du vote de la loi de bioéthique mais aussi sur le “mariage” homosexuel. Il aurait été instauré le 14 juin dernier si, comme semble croire notre confrère, l’UMP et le PS, c’était bonnet blanc et blanc bonnet. Il ne l’a pas été. Pour deux raisons : parce que la majorité des députés sont encore sincèrement contre bien que mis sous pression par un lobby très puissant. Et parce que ces députés sont plus sensibles aux récriminations des électeurs de leur famille de pensée. Je ne suis pas certain que tous les candidats pour représenter le Parti républicain à l’élection présidentielle américaine de 2012 sont sincèrement pro-vie, mais pour la première fois, ils déclarent tous l’être. Victoire sémantique. Victoire politique aussi car ils seront surveillés de près par une société civile organisée en cas d’élection. Les promesses devront être tenues. En France, l’action du Collectif pour l’enfant de Béatrice Bourges et l’entente parlementaire du député Jean-Marc Nesme ont permis de bloquer le contrat d’union civile promis par Nicolas Sarkozy au lobby homosexuel.
Si le raisonnement de François Marcilhac avait été celui de plus de monde à droite, Nicolas Sarkozy n’aurait pas été élu au second tour en 2007. Royal serait passé, puis le “mariage” homosexuel, de nouvelles mesures sur l’avortement, l’euthanasie. Seul le repos dominical aurait sans doute été préservé. Sur le reste, les conservateurs fondamentaux n’auraient pas eu la moindre marge de manœuvre. Ce que je veux dire, c’est que voter pour un candidat favorable à l’union civile n’est pas un problème quand on sait qu’on pourra ensuite le bloquer sur ce point.
Il semblerait que Nicolas Sarkozy soit en privé favorable au “mariage” homosexuel. Mais le Président n’est pas fou. Avec face à lui une réunion des centres et une Marine Le Pen ferme sur ce sujet, il a intérêt à affirmer publiquement le contraire. Hypocrite ? Et alors ? Ce qui compte, ce sont les actes politiques. Et si une majorité UMP est réélue au Parlement, il est tout à fait possible de bloquer à nouveau l’union civile ou le “mariage” homosexuel. Ce sera peut-être ric-rac. Tant pis, nous avons une obligation de moyen, pas de résultat. Et les hommes politiques que nous méritons, nous qui n’arrivons pas à faire triompher nos idées dans la guerre culturelle.
… et passer à l’offensive !
Ce qu’il faut par contre, c’est une alliance des libéraux, des libéraux-conservateurs, des conservateurs, des nationalistes et des identitaires pour dégager quelques figures qui n’ont de droite que le qualificatif. Trouvons des exemples : un(e) député(e) UMP pro-taxes, pro-“mariage” gay, pro-euthanasie, pro-islam mal implanté(e). Pourquoi pas Henriette Martinez par exemple ? Sanctionnons-là pour faire comprendre à l’UMP que si nous n’avons pas les moyens de garantir une élection, nous pouvons provoquer une défaite. Henriette Martinez remplacée par un(e) député(e) PS, ça ne changera strictement rien sur tous les sujets qui nous intéressent. C’est bien simple : on ne peut pas faire pire, même à gauche. Mais ce sera un signal fort envoyé à l’UMP. Et le ménage de fait du côté d’une aile modérée qui n’a rien à faire à l’UMP. Notre objectif doit être le suivant : transformer l’UMP en UDC Valais-Romand ou en l’actuel Parti républicain américain. C’est ce que craint plus que tout Emmanuel Blanc, Président de Gaylib et toutes les petites officines présentes en son sein pour le gauchiser. Adhérons nombreux et, au quotidien, faisons vivre en son sein une parole décomplexée de droite. Félicitons les élus qui osent – je pense tout particulièrement à ceux du Collectif parlementaire de la Droite populaire et blâmons les autres. Contrairement à ce qu’écrit François Marcilhac, ma référence n’est pas Tatcher mais Reagan et sa révolution conservatrice, une contre-révolution qui ne dit pas son nom.
Tenter ne coûte rien. Retarde peut-être les “dynamiques naissantes” dont parle mon confrère mais que je n’ai pas identifié ou auxquelles je ne crois pas (plus ?) si je suis son regard. Tout au plus. Pour 2012, je sais qu’avec Nicolas Sarkozy, nous pouvons, à condition de nous battre, en rester là sur la question du “mariage” homosexuel. En attendant mieux… et d’autres “dynamiques naissantes” porteuses de de liberté et de responsabilité, qui sait ?
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