Puisqu’il faut absolument lutter contre les trafiquants de drogue, d’armes et de femmes, quoi de mieux que faire disparaître le billet de 500 euros de la surface de la planète ? C’est absolument certain qu’une fois disparu, les vilains et les méchants se retrouveront bien embêtés, non ?
Bon, certes, la disparition du billet de 500€ permet aussi de lutter un peu contre la méchante évasion fiscale qui enquiquine finalement beaucoup plus les États que les trafiquants, et, surtout, de passer à l’étape suivante de la guerre contre le cash qu’ils ont entreprise discrètement depuis quelques temps, grâce à des taux directeurs nuls.
Ah, décidément, le socialisme est toujours aussi prévisible puisque, quel que soit le domaine qu’on regarde, lorsqu’il y est appliqué, il se termine toujours par des pénuries. Certes, cette pénurie de billet de 500€ ne sera pas trop dure pour l’écrasante majorité de la population européenne qui, il faut bien le dire, n’a jamais eu à manipuler d’aussi grosses coupures. Mais il n’en reste pas moins que cette organisation systématique de pénuries est bien une caractéristique saillant du socialisme.
D’ailleurs, outre une Corée du Nord particulièrement illustrative mais aussi extrêmement fermée ce qui lui permet de faire ses petites horreurs sans être gênée, nous avons actuellement un excellent exemple de pénuries générées par le socialisme appliqué : le Venezuela de Maduro, dans la droite lignée de celui de Chavez qui avait courageusement établi les fondations de la catastrophe à venir, est maintenant arrivé au point optimal de tout régime socialiste correctement appliqué, celui où les gens commencent à crever de faim.
Ici, « crever de faim » n’est absolument pas une exagération. À la différence de la pénurie de billets de 500€ qui – elle – est organisée et ne fera souffrir personne (trafiquants compris), la pénurie désorganisée et subie par les Vénézuéliens atteint maintenant même la nourriture. Évidemment, la presse française n’en parle guère et se contente pour ce faire du minimum syndical(iste) : un petit diaporama, et hop, l’affaire est dans le sac.
Du reste, un diaporama similaire du côté anglo-saxon présente des photos supplémentaires qui permettent d’apprécier la situation à sa juste valeur, notamment en présentant les rayonnages vides des supermarchés ou ceux, remplis d’un produit unique, de ces magasins gérés par l’État. Toute ressemblance frappante avec l’URSS d’avant 1991 n’est absolument pas fortuite. Ce qui explique peut-être qu’on n’entend absolument plus ces politiciens français qui nous chantaient les louanges du pays tenu par Chavez puis Maduro.
Dans le reste du monde, l’analyse ne fait pas un pli : le contrôle des prix organisé par le gouvernement, mis en place pour répondre à une inflation pourtant thermomètre efficace de la dégradation de l’économie, a presque immédiatement entraîné des pénuries diverses et variées, depuis le papier-toilette jusqu’aux préservatifs. Dans un pays aux ressources pétrolières immenses, il faut maintenant importer de l’essence, et, ironie d’un sort décidément chafouin, depuis le Grand Satan Américain qui, de son côté, est devenu le premier producteur mondial de pétrole. La nourriture n’a guère pris de temps pour manquer dans les rayonnages.
Bien sûr, pour les Français bercés de leurs illusions à #DormirDebout, ce qui arrive en Amérique du Sud est si loin qu’il n’est guère pertinent de s’y référer. Il sera pourtant difficile de trouver des échappatoires et de nouvelles excuses à cette énième tentative d’un autre système, d’une autre façon de faire de la politique, d’un vrai gouvernement par le peuple et pour le peuple, et tous les autres tralala-tsoin-tsoin qu’on entend justement dans ces belles réunions de jeunes chevelus aux idéaux simplistes.
Non, le Venezuela n’est pas victime d’un abominable complot international ourdi contre lui qui aurait fait capoter les belles idées de Chavez puis de Maduro ; il n’y a eu besoin d’aucune intervention de la CIA pour aboutir au résultat observé, d’autant que la descente aux enfers fut à la fois parfaitement graduelle, progressive, sans à-coups, et surtout tout à fait prévisible et prévue, depuis longtemps, même dans ces modestes colonnes.
Non, le Venezuela n’est même pas sous embargo, ou même sous un blocus quelconque. Il n’y aura pas de méchant voisin riche et impérialiste à blâmer pour le ratage totale de l’expérience chavino-maduresque.
Non, le Venezuela n’est pas un pays sans aucune ressource ne pouvant donc que s’appauvrir en important des richesses qu’elle ne pourrait produire localement. Elle dispose d’une quantité phénoménale de pétrole qu’elle aurait pu exploiter si ses dirigeants n’avaient pas absolument tout fait contre en virant les compagnies expérimentées et en nationalisant toute l’exploitation de main de maître. Quant à la chute des prix du pétrole, qui a certainement accru les problèmes du régime local, elle n’explique absolument pas les pénuries, celles-ci ayant commencé bien avant.
Non, décidément, le Venezuela ne se prêtera pas à l’un des habituels enfumages gauchistes permettant d’expliquer pourquoi, cette fois encore, le socialisme n’a pas marché.
Ne doutons pas que le cerveau gauche saura bouder complètement toute communication avec le cerveau droit de ces derniers, et qu’ils trouveront donc une nouvelle parade mais baste, pour les autres, le constat de l’échec reste. Or, pendant ce temps, une partie croissante du peuple français continue, bille en tête, à réclamer qu’on emprunte globalement le même trajet…
… Ce que les politiciens s’empressent de faire justement. Et comme dans tout fief socialiste, la pénurie s’organise donc.
Je pourrais ici revenir sur quelques unes des pénuries déjà visibles en France, à commencer par celle de l’emploi (alors que les autres pays européens nettement moins collectivistes ne souffrent pas de ce problème). Je me contenterai de pointer une petite notule qui passera certainement inaperçue pour beaucoup mais qui représente un magnifique exemple de cette tendance : la pénurie, tout à fait organisée, de places en première année commune aux études de santé (PACES), à Paris, telle qu’on devra bientôt tirer au sort les étudiants qui pourront y accéder.
Il n’y a rien d’un hasard ici, c’est même parfaitement logique, implacable même : chaque mesure qui fut prise, ces 60 dernières années, en matière de santé, le fut pour plus de collectivisme. La « gratuité » des soins d’un côté, des études de l’autre, le carcan tous les jours plus lourd de la Sécurité sociale sur les professions médicales libérales, les transformant de fait en agents de l’État, les multiples et catastrophiques réformes (au premier rang desquelles, la dernière en date du ministre Touraine) tout cela a participé et participe encore du même penchant vers la collectivisation de la santé, avec pour corollaire inévitable la pénurie (de médecins dans les campagnes, de spécialistes dans certains domaines, et de places dans les facs).
On peut reprocher pas mal de choses au socialisme, notamment ce décalage croissant entre ses aspirations, toujours baignées de morale et d’humanisme parfois un peu cheap, et ses réalisations, funestes voire macabres. Mais au moins ne peut-on pas lui reprocher son côté parfaitement prédictible. Il commence toujours pareil, la bouche pleine d’égalité ronflante, et finit toujours pareil, la bouche vide, au milieu de pénuries dramatiques.
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