Le cafouillage du pouvoir sur les retraites n’est pas un accident. C’est la démonstration de ce qu’est réellement, essentiellement ce pouvoir : une imposture ! Tous les moyens étaient bons pour faire élire le candidat de l’oligarchie mondialiste, Macron. La transparence des propositions de Fillon pour restaurer la rigueur nécessaire au rétablissement de l’économie française était l’une des faiblesses du candidat, une douche froide pour beaucoup d’électeurs. Comme il l’avait déjà fait en reculant l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, Fillon annonçait un recul jusqu’à 65 ans, comme chez la plupart de nos voisins. Macron, durant la campagne, avait, lui, affirmé qu’il maintiendrait le seuil légal à 62 ans. C’était évidemment un mensonge. Il avait d’ailleurs laissé apparaître la relativité de son affirmation en précisant qu’elle ne valait que pour son mandat, dont il disait en privé qu’il ne serait que le premier. Le simple bon sens conduit à une évidence, certes désagréable, mais incontournable. D’abord, de manière générale, l’espérance de vie s’est allongée, et donc le nombre des retraités par rapport aux actifs a augmenté. La durée des cotisations par rapport à celle des prestations a évolué. Ce double mécanisme crée évidemment un déséquilibre, et un déficit budgétaire. Les solutions comptables qui consisteraient à augmenter les charges qui financent les retraites, ou à avoir recours à une croissance de la fiscalité, sont absurdes car elles conduiraient à accroître le coût du travail, et plus généralement des prélèvements obligatoires qui détiennent déjà un record mondial. Le résultat calamiteux serait une perte de compétitivité de nos entreprises et un recul du pouvoir d’achat, avec en prime une extension du chômage, et donc une diminution des cotisations et des droits acquis : le cercle vicieux garanti. Dans une société où l’on accède à l’emploi plus tardivement en raison de l’allongement des études, et où le chômage structurel est devenu très important, on voit parfaitement que le rétablissement des équilibres est prioritaire : on ne peut pas réussir cet exploit qu’un nombre limité de travailleurs, peut-être réduit encore par des mesures stupides, assure les moyens d’existence de non-actifs de plus en plus nombreux. Cette impasse a été produite par la démagogie socialiste, en l’occurrence, le passage sous Mitterrand de l’âge légal de la retraite de 65 ans à 60, tandis que l’on maintenait les régimes spéciaux qui permettaient par exemple aux employés de la SNCF de partir en retraite à 50 ans, sans la moindre raison, contrairement par exemple aux métiers qui exigent des performance physiques, comme les militaires.
Comme toujours, la bonne solution consiste à trancher le noeud gordien en disant clairement que tous les Français doivent travailler plus longtemps. L’exécutif et la majorité actuels n’ont évidemment pas ce courage : les uns réaffirment l’engagement présidentiel et menacent comme Delevoye de démissionner si le totem des 62 ans était désacralisé, d’autres disent que la question est ouverte. Le Tartuffe Bruno Lemaire, sentencieux et filandreux en même temps, qui avait proposé, lui aussi, le recul à 65 ans lors de la primaire républicaine, affirme, la main sur le coeur, qu’il est un homme de conviction… mais que l’âge légal ne sera pas mis en cause…. tandis que le débat serait quand même ouvert, notamment pour financer la dépendance. En disant tout et son contraire, il vend la mèche : la solution qui sera mise en oeuvre consistera à laisser subsister l’âge légal, mais dans un système à points où beaucoup de travailleurs auront le droit de prendre leur retraite mais avec un total de points acquis insuffisant pour avoir de quoi vivre dignement. Ils auront le droit d’être pauvres ou de continuer à travailler, et donc, ayant le droit d’être en retraite, ils travailleront bien après 62 ans et peut-être au-delà de 65 ans. Ce système existe en Suède, avec un âge légal à 61 ans, et des conditions économiques et d’emploi beaucoup plus favorables qu’en France. Je l’avais, moi-même, proposé lors d’un débat parlementaire. Il est assez logique et son appui sur des points permet de l’universaliser, éventuellement d’y introduire une reconnaissance mesurée de la pénibilité. Mais le gouvernement n’ose pas l’annoncer dans la clarté : il préfère agiter le tabou des 62 ans, qui satisfait la cohorte des élus socialises qui ont rejoint LREM, tandis que les anciens « républicains »retournent à leurs propositions passées de reculer l’âge légal. Cacophonie et duplicité résument donc l’attitude de ceux qui nous gouvernent, trop intelligents pour les pauvres français qui les ont élus. Ils s’avancent donc masqués vers une solution technique inévitable, qu’ils tentent selon leur habitude de dissimuler au regard du public. On retrouve là les marques de fabrique du macronisme, qui a additionné des projets incompatibles, des propositions de campagne contradictoires, et ne pense pouvoir mettre en oeuvre de véritables solutions qu’avec le nuage de fumée nécessaire pour en cacher la teneur aux yeux d’un peuple qu’il méprise.