par Renaud Dozoul
À chaque jour son déserteur. À chaque jour son article accablant. À chaque jour sa convocation au poste de police. Comme si la surprise sortie de cette primaire venait contrarier des plans trop bien huilés, et qu’il fallait remuer ciel et terre pour se débarrasser de ce candidat et de son programme encombrant.
Celui qui a su cristalliser le ras-le-bol
Libéral, conservateur, catholique, qui n’a ni peur de l’ombre portée de Margaret Thatcher ni de la lumière des Évangiles. Il y a effectivement de quoi secouer la caste socialo-progressiste qui à force d’endogamie, avait fini par se croire seule à bord.
Pire, François Fillon, qui a su cristalliser ce ras-le-bol fiscal et identitaire, n’a pas les manières mal dégrossies des candidats “populistes” qui font tomber les certitudes électorales aux quatre coins de l’Occident. Authentique homme de droite, il tient une ligne austère, sans lendemains qui chantent, mais où chacun pourra faire les efforts nécessaires pour essayer d’être à la hauteur de nos morts.
Il n’a pas non plus le bon goût d’avoir admis la supériorité morale du socialisme, et assume sans trembler qu’il vaut mieux lutter contre la pauvreté en encourageant la richesse, que de lutter contre la richesse pour finir tous pauvres.
Il n’a pas peur de dire que les Français voudraient bien travailler plus et plus longtemps si la moitié de leurs revenus n’étaient pas engloutis par un Etat obèse qui n’arrive d’ailleurs même plus à assurer ses missions essentielles.
Il n’a pas peur de dire qu’à force de vouloir aider les agriculteurs, la bureaucratie publique est devenue un cauchemar pour tous ceux qui veulent simplement continuer à cultiver la terre. Il n’a pas peur de dire que l’école doit être le lieu de l’apprentissage et de la recherche de la réussite, et non de l’endoctrinement de masse aux lubies du siècle.
Réflexions sur la question islamique
Mais surtout, il ose mettre le doigt sur les problèmes posés par l’essor de l’Islam dans notre pays. Celui de l’islamisme, certes, et de la terreur des attentats, mais aussi celui de l’Islam du quotidien, qui transforme les habitudes et les paysages, au point de détourner les Français non-musulmans de territoires entiers, devant une pression religieuse et culturelle sans précédent.
Certes, on pourrait lui reprocher de se réfugier derrière la complexité de la question de l’Islam pour ne pas évoquer frontalement celle de l’immigration en général. Et il faudra de toute façon finir par penser la question migratoire sans haine, sans agressivité, mais également sans angélisme, et sans déni. Sans doute faut-il répartir les chantiers dans le temps, et ne pas perdre en lisibilité ce que l’on gagnerait en quantité.
Enfin, le soutien hardi de Sens Commun, émanation politique de la Manif pour tous, est une garantie que les questions de la famille et du genre ne seront pas vouées aux caprices des associations qui ont déclaré la guerre à la nature et à la culture, au nom de l’insupportable oppression bourgeoise qui empêche les enfants transgenres de 7 ans de s’épanouir dans leur poly-sexualité naissante.
Je n’ai pas d’avis sur le « Penelopegate ». Ou plutôt, ce que je retiens de cette affaire, c’est surtout la capacité de la grosse presse à se taire sciemment toute l’année, se rendant complice des pratiques critiquables du monde politique, pour se découvrir un matin une vocation d’informateur public quand il s’agit de faire tomber un candidat de droite qui a de sérieuses chances de remporter la prochaine élection.
Non à l’attelage Hue-Minc !
Pour toutes ces raisons, et devant le spectacle consternant des lapins de coursives qui quittent le navire au premier coup de vent (ce qui est finalement un bon tri, car devant les chantiers qui attendent le prochain président sérieux, il va falloir un peu plus de courage que le petit soldat Le Maire), j’ai choisi de soutenir François Fillon.
J’aurais pu soutenir Marine Le Pen, si elle n’avait pas bradé l’héritage pour ne vendre qu’une soupe vaguement jacobine – les plus aimables diront colbertiste, sur fond de lutte des classes et de laïcité vieille d’un siècle. C’est dommage, il ne faudrait pourtant que certains ajustements pour se diriger enfin vers une union tranquille des droites.
J’aurais aussi pu soutenir Emmanuel Macron, si son déguisement de réformateur libéral était plus solidement cousu, et si je croyais un instant que l’on puisse être de droite et de gauche en même temps. La France n’a pas besoin de plus de confusion, et il n’est pas sûr qu’une ronde de printemps qui réunisse Robert Hue et Alain Minc participe à la clarté du paysage politique.
Alors pour l’instant, quelques soient les défauts du système, qui sont nombreux, et devant les déceptions quotidiennes que nous inflige la nature humaine, je fais le choix des idées et du projet. Et aujourd’hui, je vois dans ce que certains appellent un acharnement, l’ultime preuve qu’il me fallait pour faire confiance à la ténacité du prochain président de la République.
Dans l’attente impatiente des batailles à venir, je lui rappelle amicalement le vieil adage : « Qui trébuche mais ne tombe pas, fait un grand pas. »
> Tribune initialement publiée sur le site Causeur.fr.
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