Dans son édition du 02/02/17, Le Quotidien de la Réunion nous donne un éditorial que son signataire, M. Franck Cellier, a titré de façon particulièrement alléchante : « L’odeur douteuse du vent du nord ». A la lecture, ce texte se révèle effectivement plutôt douteux, et même franchement ignoble. En effet ce que l’on nous donne à lire là, ce n’est plus un honnête éditorial, mais un tract gauchiste particulièrement virulent, indigne d’un journal respectable comme le Quotidien ! Qu’on en juge.
Après un rapide survol du contexte politique local et national, avec au passage un petit couplet plutôt sympathique et bienveillant à l’égard du PCR qui va bientôt tenir congrès, notre éditorialiste entre dans le vif de ce qui est son véritable sujet, une attaque en règle et sans nuances contre le Front National, comme le signale l’intertitre qui s’affiche à cet endroit de son texte : « Le terroriste de Québec « aime » Marine Le Pen ». Pour un titre racoleur, ça, c’est un titre racoleur ou je n’y connais rien !
Suit une somptueuse métaphore nautique (Marine oblige, sans doute ?) : « Tout juste sait-on que le voilier que barre MLP arrivera bien placé [aux élections présidentielles]. Le courant qui le pousse donne cependant la nausée. » « Donne la nausée » ! Ce n’est pas un peu faible ça, M. Cellier ? Vous auriez pu écrire « donne la chair de poule », « fait dresser les cheveux sur la tête », « révulse le corps tout entier », « plonge l’esprit dans un abyme d’épouvante et d’horreur », etc. Mais, sans doute êtes-vous un écrivain trop délicat pour faire usage d’expressions aussi réalistes et, en adepte convaincu de la litote, préférez-vous vous contenter du simple « donne la nausée » !
Ensuite, l’éditorialiste que vous êtes, sans s’y attarder, vient à évoquer ce qu’il appelle « les turpitudes européennes » de Marine Le Pen, laquelle n’aurait, selon vous « rien à envier à personne en matière d’emplois fictifs et de détournements de fonds publics ». Qu’entendez-vous donc par-là ? Marine aurait-elle été condamnée par une quelconque instance judiciaire ? Non, il s’agit seulement d’une allusion à la mauvaise querelle que lui fait actuellement Martin Schulz, l’ex-président socialiste du Parlement Européen, lequel ferait mieux de balayer devant sa porte.
En effet cet authentique satrape, qui s’était fait attribuer pour lui-même deux limousines avec chacune un chauffeur (une pour chaque fesse sans doute ?), ainsi que 33 assistants parlementaires (coût estimé pour les contribuables : 1,2 millions d’€ par an !), a le culot de reprocher à MLP le fait que la secrétaire et le garde du corps que l’Union Européenne salarie pour l’assister quand elle est à Bruxelles ou à Strasbourg puissent continuer de l’assister quand elle se trouve à Paris ou ailleurs. En quoi ce prétendu délit serait-il donc, en quelque manière que ce soit, assimilable ou même seulement comparable, de près ou de loin (sauf à tomber de façon flagrante dans le pur et simple amalgame), à tout ce qui est actuellement reproché au couple Fillion ?
Puis, arrive le gros morceau, la révélation-choc que, sur un ton plein de gravité et même de grandiloquence, M. Cellier a l’air de se glorifier de pouvoir nous livrer : « Un autre élément a été peu relevé alors qu’il est lourd de sens sur la nocivité de la vague populiste sur laquelle surfe Donald Trump et Marine Le Pen : l’attentat terroriste dans la mosquée de Québec dimanche. Le tueur de six musulmans, Alexandre Bisonnette, aime, d’après son profil Facebook, les positions de Donald Trump contre les immigrants mais aussi Marine Le Pen dont il est abonné à la page Facebook. C’est d’ailleurs après la visite de Marine Le Pen au Québec en mars dernier qu’il aurait commencé à se politiser d’après l’AFP. »
Ce que, comme on le voit, il ne craint pas de nous suggérer, c’est que ce serait MLP qui, lors de son voyage au Canada et avec la complicité du vilain Donald Trump, aurait armé le bras de l’assassin ! A qui va-t-on faire avaler une énormité pareille ? Où irait-on, s’il suffisait qu’un détraqué, avant de passer à l’acte, ait pris la peine de vous « liker » sur Facebook, pour que vous deveniez ipso facto le véritable responsable de ses crimes ? Le quotidien « Libération » qui, le mardi 31 janvier, en titrant sur son site : « Attentat contre une mosquée de Québec : ce que l’on sait du principal suspect pro-Le Pen », s’était livré à la même tentative d’enfumage que M. Cellier, a dû bien vite, devant les réactions indignées des internautes, faire machine arrière et rectifier son titre indécent. Mais, malheureusement, rien de semblable du côté du Quotidien !
Un peu d’histoire, mon cher M. Cellier, si vous me le permettez. Je ne vais pas revenir dans le détail sur la profanation du cimetière de Carpentras, à l’occasion de laquelle, tout le monde s’en souviendra, le Président Mitterrand, épaulé par son fidèle âme damnée, Pierre Joxe, le ministre de l’intérieur de l’époque, avait réussi à persuader des foules trop crédules que c’était Jean-Marie Le Pen le vrai coupable de ce forfait dégoûtant. Je préfère vous rafraichir la mémoire avec un autre attentat sanglant dont pour ma part, je me souviens d’autant mieux que j’habitais alors dans la ville voisine de celle où il s’est déroulé et que je connaissais même de vue certaines des victimes du tueur fou.
Cela s’est passé le 26 mars 2002 à Nanterre. Un certain Richard Durn qui assistait dans les rangs du public à une séance du conseil municipal, s’est soudain levé et s’est mis à tirer sur les élus. Avant d’être maîtrisé, il avait eu le temps d’en tuer huit et d’en blesser dix-neuf autres (dont quatorze grièvement). Deux jours plus tard, le détraqué se suicidait en se défenestrant du quatrième étage du Quai des Orfèvres, ce qui fait qu’il n’y eut jamais de procès. Sur les affiliations politiques de Richard Durn, qui était un ancien adhérent du P.S. ayant ensuite rejoint les Verts, qui était par ailleurs le trésorier en exercice de la section nanterroise de la Ligue des Droits de l’Homme, on s’est montré à l’époque plutôt discret. Surtout, je ne me souviens pas qu’aucun média, même de droite, se soit alors permis d’établir une corrélation, même ténue, entre les engagements politiques qui étaient ceux de l’assassin et la folle démarche meurtrière dans laquelle il s’était lancé. Personne alors n’avait osé incriminer les Verts, le PS ou la LDDH et personne n’avait cherché à leur attribuer la responsabilité du massacre…
Comble du culot et du pharisaïsme de votre part, votre éditorial, au moment même où vous êtes justement en train d’amalgamer sans retenue ni pudeur, s’autorise à nous débiter, sur le mode hypocrite de la prétérition, un couplet semblant précisément condamner le recours à l’amalgame : « Allons ! Ne faisons pas d’amalgame. Il est quand même glaçant de comparer cet attentat islamophobe aux attentats islamistes. Pour ces derniers, les représentants de la communauté musulmane s’emploient sans relâche à un devoir de compassion envers les victimes alors que pour l’attentat de Québec, les Le Pen ou Trump ne se sont pas pressés pour condamner la tuerie. »
Ça, c’est vraiment fort et à peine manichéen votre parallèle ! D’un côté les gentils musulmans qui « s’emploient sans relâche à un devoir de compassion envers les victimes » des attentats islamistes, de l’autre les vilains Trump et Le Pen qui n’ont même pas été foutus de présenter des excuses aux musulmans pour avoir téléguidé contre eux le fusil de l’assassin ! Mais où avez-vous donc vu les musulmans « s’employer sans relâche » à manifester leur « compassion » ? La plupart des journalistes l’ont au contraire dûment constaté : les foules musulmanes se sont soigneusement tenues à l’écart de toutes les protestations populaires contre les attentats islamiques, que ce soit ceux qui ont frappé Charlie-Hebdo et l’Hyper-Casher, ou ceux qui ont frappé le Bataclan…
Et, ce n’est pas fini ! L’ahurissante charge que vous menez contre le Front National, se prolonge encore, tout au long du dernier paragraphe de cet invraisemblable éditorial : « Pas d’amalgame, répétons-nous ? Pas d’amalgames avec les comptages haineux des mosquées que la nébuleuse frontiste distribue à tour de bras sur le Web ? (Ah, bon ! Ce n’est pas bien de compter les mosquées ? Et les églises, a-t-on le droit de les compter ? Les églises détruites en Syrie et en Irak, les églises attaquées en Egypte, les avez-vous comptées ? Et les églises sur le sol de l’Arabie Saoudite ou des émirats, les avez-vous comptées ? Cela n’a pas dû vous prendre trop de temps, parce que, sur le sol sacré de l’Islam, il n’y en a aucune d’église : zéro, interdites, strictly forbidden !) On ne peut pas vraiment dire que les continuelles indignations lepénistes sur la présence de l’islam en France aient les vertus « apaisantes » que l’affiche de Marine Le Pen veut mettre en avant. Le slogan trompeur de « La France apaisée » ne pourra jamais se prononcer avec l’accent québécois. » Quelle pernicieuse sophistique !
Vous feignez donc de croire, et voudriez que nous aussi nous croyions, que « les indignations » concernant « la présence de l’islam en France » ne seraient qu’un phénomène artificiellement provoqué par une habile propagande lepéniste. Mais, cher Monsieur, renseignez-vous mieux et regardez un peu les sondages : tous font apparaître que la majorité des Français, lepénistes ou pas lepénistes, de droite aussi bien que de gauche, sont très fortement préoccupés par cette présence musulmane jugée de plus en plus envahissante et de plus en plus dangereuse pour leur sécurité par plus de 63% des sondés (sondage IFOP d’avril 2016). Qui est donc le « trompeur », le FN ou vous ?
Alors, s’il existait dans notre pays un prix Goncourt de la mauvaise foi et de la propagande fielleuse, certainement, cher éditorialiste du Quotidien, pourriez-vous y postuler avec de bonnes chances d’être par celui-ci distingué et couronné ! Je mets Le Quotidien qui vous emploie au défi de publier dans ses colonnes mon étude de texte sur votre scandaleux éditorial ; une étude, comme on peut le constater, sérieuse, précise et étayée, fondée sur les mots que vous avez vous-même employés et sur des faits que chacun peut facilement vérifier, et non sur du« vent » et de vagues « odeurs » telles celles que votre esprit aveuglé par des préjugés outrancièrement partisans a voulu humer et nous faire humer. Alors, chiche ?
6 Comments
Comments are closed.