L’art de manipuler l’opinion, c’est le rapport politique entre des électeurs manipulés et manipulables et le prophète professionnel de la politique : “Tu ne voterais pas pour moi si tu ne m’avais pas déjà choisi”. C’est la réplique profane utilitaire de la prophétie : “Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé”.
Le professionnel de la politique, celui qui doit parler comme un prophète, c’est quelqu’un qui aurait quelque chose à dire. Et chacun le sait car les médias “ne cessent de le dire” au bon peuple des “soumis”. Dans la rencontre entre le prophète professionnel de la politique, dans l’art de tromper et de mentir, et les électeurs, il y a un activiste de “l’affront républicain”, celui qui a produit le mensonge de l’unité. Il a pour mission de façonner l’opinion et l’offre politique, par sa capacité de transformer l’opinion politique en “chose” manipulable, afin d’en supprimer l’âme et l’examen critique de la conscience politique éclairée des gens.
C’est pourquoi le bon peuple des “soumis” doit former et transformer son opinion politique de manière exactement conforme à cette “chose manipulable” inventée par le prophète professionnel de la politique.
Le prophète de la politique est le professionnel de la transformation de l’opinion politique en chose. Il réalise cette transformation, dans la pratique, qui ne définit l’élu qu’en chosifiant l’opinion des autres. En effet, le sens pratique de l’élection est purement négatif et repose presque exclusivement de refus de l’autre !
Le professionnel de la politique est celui à qui on reconnaît la compétence nécessaire pour chosifier l’opinion politique. C’est un “créateur”, en matière de magie politique, que les partis peuvent employer une fois le travail de mystification politique défini comme une “opération magique”, typiquement politique. Pour parler de mystificateur en politique, il faut rompre avec la représentation ordinaire du professionnel de la politique. Il se définit lui-même comme l’artiste créateur de la mystification politique. Pour cela, il doit bénéficier de toutes les complicités de la crédulité que ce mensonge est assuré de découvrir chez les “électeurs”.
Les électeurs, qui aiment à se croire les “créateurs” de leur opinion politique, vont s’exposer à oublier que l’acte de mystification politique est un acte d’une espèce particulière, qui doit faire exister complètement quelque chose qui n’existe pas. Il doit le faire exister autrement que quelque chose d’invraisemblable, mais comme une chose “sacrée”, comme un “mythe” ou un “objet de croyance”. L’opinion politique, le choix fait par une personne déterminée, est le produit d’une rencontre entre “l’opinion politique chosifiée” et le travail de mystification politique, comme “opération magique” réalisée par le prophète professionnel de la politique.
Le rejet de l’aggiornamento de l’UMPS a maintenu une offre politique similaire, en refusant une offre politique diversifiée, et en faisant croire aux électeurs qu’il y a la seule et même offre politique “pour tous” !
Pour rendre compte de cet ajustement magique, de l’offre politique similaire de l’UMPS à la demande des électeurs, il faut noter le cas que représente Juppé dans le dépassement centriste de l’UMPS. On pourrait évoquer la recherche consciente de l’ajustement centriste, conforme à la “trahison calculée des clercs”.
C’est présager que le “Juppé d’avant-garde” offre, aux “électeurs” centristes de l’UMPS, une posture “libérée” de la politique des partis, dans un rapport cynique et calculé avec sa clientèle électorale supposée.
Il y a toujours ce soupçon à l’égard de ce “Juppé d’avant-garde” vieillissant, qui a réussi à grand peine à sauver son maintien en politique, en allant au-devant des demandes du marché électoral, qui sont souvent les demandes clientélistes les plus basses, les plus faciles, les plus indignes d’être satisfaites. On suppose que par une sorte de “flair politique” plus ou moins cynique ou sincère, le professionnel de la politique s’ajuste à la demande : celui qui réussit en politique serait celui qui a trouvé le “créneau” porteur !
Certains profiteurs de l’espace politique, qui en font une propriété personnelle, obéissent cyniquement à la recherche calculée du “profit de la rente”, après avoir trouvé le “créneau” électoral porteur !
Le modèle, que l’opposition politique alternative propose, est en rupture avec le modèle qui s’impose spontanément aux profiteurs de l’espace politique. C’est ce qui va faire, du candidat à l’élection, un calculateur rationnel qui, par une étude de marché, pourrait faire croire qu’il peut satisfaire les illusions, à peine formulées ou même ignorées, des “électeurs”. C’est la meilleure façon de tirer le plus grand profit politique possible de sa capacité à “mystifier la majorité requise” des électeurs, afin de précéder ses concurrents.
En fait, l’espace politique est celui dans lequel le professionnel de la politique travaille toujours “les yeux fixés” sur ses concurrents. C’est-à-dire qu’il travaille dans un espace politique, où ce qu’il vend au publiccible électoral, dépend très étroitement de sa position vis-à-vis de l’espace politique de ses concurrents.
Le professionnel de la politique se comporte non pas les yeux fixés sur son public, mais par référence à ses concurrents. C’est pourquoi l’UMPS n’a pas besoin de se référer à une doctrine, ni de suivre une ligne politique claire ou des inclinations propres. L’UMP croit pouvoir se définir contre ce que pense ou dit le PS, le soi-disant bord opposé, mais qui fait lui-même la même chose. C’est pourquoi l’UMPS est le résultat naturel de ces mystifications. L’UMP croit pouvoir penser “contre le PS” en faisant la même chose que lui, sans que cela accède à sa conscience politique inexistante. En réalité, sa rhétorique est la même que celle du PS !
Quand la conscience politique des électeurs est éclairée, ils peuvent enfin comprendre qu’il n’y a rien à comprendre dans la doctrine, ni dans la ligne politique ou les orientations soi-disant propres de l’UMPS.
Aujourd’hui, la manipulation de l’offre politique de l’UMPS est constatée par des électeurs inquiets des manœuvres calamiteuses des partis politiques. Ces manœuvres sont rendues intelligibles à un public qui les saisit assez bien pour sentir qu’elles veulent toujours le tromper, ce qu’il ne comprend que trop bien.
Pour parler de manière simple, l’offre politique stéréotypée de l’UMPS découle de la logique même des ambitions politiques : rechercher un avantage politique au centre, façon “Juppé d’avant-garde”.
Hollande a essayé de faire croire qu’il s’opposait diamétralement à toutes les thèses sur la finance qui feraient toute la différence et “le seul principe du changement” pour lui. La recherche du profit électoral est la logique de la politique, sans différence objective au niveau de l’offre politique stéréotypée de l’UMPS.
Bien sûr, la conscience politique de la plupart des électeurs peut être subjectivement troublée, depuis fort longtemps, dans ce qui leur appartient en propre, par opposition à la trahison et à la mystification des élus. Il est clair que les politiciens n’existent que par la différence illusoire de “l’offre politique”.
Mais cela n’implique pas que cette différence illusoire a pour principe la recherche de la différence réelle. Avec l’UMPS, il ne suffit pas de faire croire à la différence, pour être différent. Du côté des électeurs, comment les gens vont-ils choisir ? En fonction de leur opinion politique, c’est-à-dire de façon le plus souvent négative. Ils peuvent toujours dire “ce qu’ils ne veulent pas”, en rejetant l’offre politique mystifiée des autres.
Malgré cela, les élus de tous bords les trahiront constamment par la suite. La trahison en politique est ce qui constitue la réalité des élus, dans la confrontation avec les espérances politiques des électeurs, quand l’élection a été gagnée. L’électeur apprend à ses dépens, et par lui-même, qu’il doit se reconnaître comme le “dindon de la farce” de l’UMPS, dans “l’art de manipuler l’opinion et l’offre politique” mystifiée.
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