Tribune libre d’Axel de Boer*
La récente sortie de Cécile Duflot contre l’Église, ministre du sectarisme improductif (je n’ai pas oublié comment elle a déclarée à la télévision avoir voulu faire interdire la Liste chrétienne aux dernières élections régionales) souligne un problème réel dont les causes sont complexes mais qu’aucun gouvernement ne veut sérieusement attaquer : la question du manque de logements, qui conduit aux prix élevés et jette des familles entières dans la rue.
La vraie question n’est pas comment soigner les symptômes mais comment traiter le mal, et le mal est politique. Il appartient à Madame Duflot, ministre (pardon, je viens de rire), de proposer des solutions politiques à la question du logement. Si il y a des gens dans la rue, c’est parce que rien n’est fait en amont pour les empêcher d’y tomber. J’attends donc les propositions de Madame Duflot en la, matière. Je crois pouvoir attendre longtemps.
La crise du logement a trois causes principales : Le choix idéologique en faveur du seul secteur public, la crise sociale de l’éclatement des familles, l’inattractivité de l’investissement locatif.
1) le choix du seul secteur public. Fidèle à son approche purement idéologique, le gouvernement choisit de confier au seul secteur public la mission de répondre aux besoins des Français. En période de crise, il est absurde de penser que les pouvoirs publics auront la capacité de construire le nombre de logements sociaux nécessaires (sauf dans mon 15e arrondissement de Paris où ils poussent comme des champignons afin d’être achevés avant les municipales, les nombreuses familles à l’étroit du quartier étant rejetées au profit de populations d’autres département réputés électoralement favorables, au nom de la mixité sociale…). Il est tout autant absurde de penser qu’il appartient à l’État de loger les citoyens. Le logement social devrait servir aux situations d’urgences, or justement, les insolvables ne payant pas, ils ne sont pas éligibles et donc finissent dans la rue… Bref, le nombre de logements construits et à construire par l’État ou les collectivités locales n’augmente pas et va pas augmenter. Le logement social fait partie de la solution, mais n’est pas la solution.
2) Autre raison politiquement incorrecte : le divorce. Une famille avec deux enfants occupe un appartement de trois pièces. Après le divorce, les deux parents veulent pouvoir garder les enfants et donc gardent, s’ils le peuvent, une chambre de plus. Une famille occupe donc deux appartements de 3 pièces. Multipliez cela par le nombre de divorce et vous comprenez pourquoi on manque de logements en France. Il faut aussi élargir cela à la réduction des familles au noyau de base, alors que celles-ci s’étendaient autrefois à nos aînés.
3) Troisième raison politiquement incorrecte : le manque d’attractivité de l’investissement locatif. Malgré les lois X ou Y, l’investissement locatif en France rapporte peu et supporte des charges croissantes en terme de risques (locataires) comme en termes fiscaux. Même si la pierre est un investissement de crise au même titre que l’or, l’incertitude juridique qui l’entoure ne peut que faire hésiter. À cela, s’ajoute la bulle immobilière que les politiques entretiennent parce que la laisser éclater coûterait très cher. Alors qu’un rendement de 4% est devenu élevé, on peut – c’est l’autre extrême – acquérir des bien tout à fait corrects avec un rendement de 10 à 20% net aux USA – conséquence de la folie inverse de la notre : le libéralisme jusqu’à l’absurde (une maison en bon état dans certaine ville vaut moins cher qu’une voiture).
Il est évident que si l’on ne regarde pas les raisons qui poussent une famille à acheter un bien locatif, on ne va pas l’aider à contribuer à réduire cette crise. Ajoutez les conditions de plus en plus dures pour obtenir un prêt bancaire et vous avez un cocktail qui conduit à la baisse de l’offre locative et au maintien de logements vides. Toute tentative de réquisition se heurtant au droit de propriété mais aussi au risque d’une mise en vente massive provoquant cette baisse des prix dont l’État ne veut pas puisque la hausse lui profite fiscalement…
Vous voulez des propositions, Madame Duflot ? En voici : créer des logements sociaux familiaux (réservés aux familles élargies). Donner la priorité d’accès au logement social aux familles en situation de détresse extrême. Construire un cadre juridique, bancaire et fiscal favorable à l’investissement privé dans le logement d’entrée de gamme, qui tienne compte des besoins réels des investisseurs comme des personnes en attente de logements. Mener une politique responsable en faveur des familles durables. Donner un cadre juridique propre et soutenir l’économie sociale et solidaire qui, seule, peut accompagner le retour à l’emploi des personnes dans la rue. Ces propositions sont jetées comme cela, on peut en penser d’autres.
Mais de grâce, Madame la ministre si fière de son titre ronflant, avant d’attaquer les chrétiens, et les patrons chrétiens en particulier qui ont inventés le logement social, la sécurité sociale et l’économie sociale, montrez-nous par des décisions courageuses votre légitimité à reprocher à l’Église de n’en pas faire assez. À moins que, dans le domaine de la solidarité, vous soyez croyante mais non pratiquante ?
*Axel de Boer est le Président de Solidarité France – Solidarité, liberté, justice et paix (site).
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