Il voulait réenchanter le rêve français. Il voulait faire oublier les années Sarkozy. Il voulait être un Président « normal », c’est-à-dire sans paillettes, remplaçant la gesticulation médiatique par une maîtrise sereine des grands dossiers. Il voulait une politique de justice sociale, appuyée sur une redistribution des revenus énergique et une résorption du chômage. Il voulait une République exemplaire. Il voulait une présence renforcée de la France sur la scène internationale, en Europe en particulier. En un an et quelques mois, l’or de la victoire s’est transformé en plomb, et le rêve a tourné au cauchemar. Le Président est anormalement bas dans les sondages, parce que, tout simplement, il correspond de moins en moins aux normes qui définissent le statut présidentiel dans l’esprit des Français.
Avant tout, c’est le manque d’autorité qui frappe. On se souvient du : « je décide. Il exécute » de Chirac à Sarkozy ou du « collaborateur » décoché par celui-ci en direction de Fillon. Beaucoup de Français aime ce ton monarchique. Hollande agit comme les professeurs chahutés, en menaçant sans jamais punir, sauf la bonne élève discrète, qui, pour une fois, s’est laissée aller à cause de l’ambiance générale. Duflot peut tout se permettre, y compris par personne interposée. Peillon peut gaffer avec entrain. Taubira peut provoquer en permanence. Valls joue les électrons libres, et comme Sarkozy, naguère, se révèle plutôt un atout pour un exécutif à la dérive. Mais Batho a été éjectée immédiatement pour avoir dit… la vérité. De Gaulle avait théorisé le pouvoir, le prestige et la distance. Notre Président en est à chercher à renouer le contact avec les Français et se fait huer à chaque apparition tandis que ses interventions télévisées se soldent par de nouveaux reculs dans les sondages. Sur la scène internationale, la mésaventure syrienne dans l’ombre d’Obama, le mépris évident de la diplomatie russe, le ton ironique ou compatissant d’une bonne partie de la presse étrangère soulignent la perte du rayonnement du pays. En Europe, le succès de Mme Merkel, et l’évidente prédominance de l’Allemagne portent un coup sévère à notre orgueil national. La comparaison avec Sarkozy tourne nettement à l’avantage de ce dernier : Libye, Côte d’Ivoire, Géorgie.. Même si on peut contester des actions, elles ont eu le mérite d’être menées clairement, rapidement et efficacement par rapport à leurs objectifs à court terme. Il reste à Hollande le Mali où les attentats reprennent… La République exemplaire a sombré avec Cahuzac, mais on se doutait un peu que celui qui avait géré les courants du PS pendant si longtemps n’ignorait rien des turpitudes dont certains de ses satrapes étaient capables.
“Dans certains États américains, comme la Californie, il existe une procédure de Recall. Lorsque la pétition en vue de la démission du Gouverneur atteint un certain nombre de signatures, un référendum est organisé et peut, si les oui l’emportent, obliger le Gouverneur élu à démissionner. On peur rêver que la France atteigne un jour ce niveau de démocratie. Ce serait pour M. Hollande un cauchemar.”
Subsiste le socialisme drapé dans la vertu de la justice sociale qui voulait faire payer les riches, protéger les emplois, relancer l’industrie et inverser la courbe du chômage. La nullité et le manque de courage de notre « droite », plombée il est vrai par la coïncidence des crises avec sa présence aux affaires, peuvent seules expliquer que les Français aient pu appeler et rappeler les socialistes au pouvoir alors qu’ils se sont toujours trompés sur tout, même quand le contexte mondial leur était favorable. La préférence donnée à la demande sur l’offre, à l’impôt sur la baisse de la dépense publique, à la distribution d’une assistance à crédit sur l’incitation au travail méritent chacune un carton rouge. Maintenues dans une totale incohérence alors que la dette est excessive et les comptes publics non maîtrisés, elles conduisent à une situation confuse où se télescopent les contre performances et les mesures en trompe-l’oeil assez compliquées pour que l’économie trouve un peu de ce que l’idéologie interdit. On a d’un côté une politique de la demande qui se heurte à une baisse historique du pouvoir d’achat de 0,9% en 2012 et de l’autre un salmigondis de mesures qui finit par redonner en partie aux entreprises d’une manière complexe ce qu’on leur avait pris, tandis que des « ménages » de moins en moins riches paient la note. La politique menée est illisible et tue la confiance qui est l’élément essentiel de toute bonne santé économique. Dans cette forêt pétrifiée des erreurs, vivait encore l’arbre de l’inversion de la courbe du chômage. Il s’est pris, comme la foudre, un bug informatique qui non seulement a éveillé les doutes sur la sincérité des chiffres, mais qui, surtout, permet à la réflexion de faire son oeuvre : le gouvernement cherche à masquer par la création d’emplois artificiels générés par la dépense publique, la stagnation de notre économie et l’absence d’une production d’emplois réels.
Les Français ne sont pas dupes. Les cafouillages de la communication gouvernementale, l’amateurisme des réformes, du logement à l’enseignement, le bricolage permanent du pouvoir au plus haut niveau posent pour la première fois la question de la légitimité de l’exécutif en raison de son incompétence. Le Président a entendu des appels à la démission. Dans certains États américains, comme la Californie, il existe une procédure de Recall. Lorsque la pétition en vue de la démission du Gouverneur atteint un certain nombre de signatures, un référendum est organisé et peut, si les oui l’emportent, obliger le Gouverneur élu à démissionner. On peur rêver que la France atteigne un jour ce niveau de démocratie. Ce serait pour M. Hollande un cauchemar.
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