Ce qui nous plaît chez la gauche…

Tribune libre de Rémi Lélian*

Ce qui nous plaît chez la gauche, hormis le fait qu’elle règne, c’est son inculture crasse. Sa bêtise profonde qui autorise ses fils à dire qu’en hommes de progrès, la culture est à leur côté et qu’ils l’aiment comme elle les aime en retour. Ce qui nous ravit plus encore chez la gauche, c’est qu’elle applaudit d’un même bravo le Louvre et sa pyramide, qu’elle aplanit tout et que bientôt à force d’arasement elle ne contemplera plus qu’un désert sans pyramides. Elle aime la culture mais moins Richard Millet qui s’inquiète de sa disparition, lui qui en homme de haute culture rêve encore à la possibilité secrète de la distinction.

Ce qui nous plaît chez la gauche, c’est qu’elle est simple et que, pour elle, toutes les géographies se ressemblent, qu’il existe deux principes : le bien, le mal et c’est tout ! Cependant préfère-t-elle le bien, parce qu’il est de son camp et qu’elle aime livrer bataille contre le mal quand elle est forte et qu’elle règne… quand elle peut gagner la guerre. Ce qui nous plaît chez la gauche à nous hommes de droite, c’est qu’elle n’aime pas la différence et qu’elle veut marier jusqu’aux homosexuels, elle qui s’étonne déjà que les prêtres ne le soient pas.

Ce qui nous plaît chez la gauche, c’est que nous commençons à retrouver la joie mauvaise de la persécution des minoritaires, plus petits même que les minorités, le plaisir des listes, l’ivresse de la délation, nous, hommes de droite, suffisamment vieux pour nous souvenir de l’ère du politiquement correct mais trop jeunes pour avoir véritablement admiré ses beaux bourgeons totalitaires, quand nous étions tous des Juifs allemands et des fils de résistants, alors que les hommes de droite se cachaient. Ce qui nous plaît chez la gauche c’est quand elle cite Voltaire mais qu’elle pense à Sartre et avoue que pour les ennemis de la liberté, il n’existe nulle liberté. Ce qui nous plaît chez la gauche, c’est qu’elle est plus de droite que la droite qu’elle fantasme…  – quand on veut tuer son chien…

Mais ce qui nous plaît surtout chez la gauche, c’est qu’après cinq mois de règne, elle retrouve déjà sa toute puissance, qu’à peine parvenue au pouvoir elle fut prolixe en besogne et que chacun obéit à ses ordres voire les précède : Renaud Camus en procès menacé de ne plus pouvoir écrire, Richard Millet dégagé « de son plein gré » du comité de lecture de Gallimard etc. etc. Bref, ce qui nous plaît chez la gauche, c’est qu’au train où les choses vont, nous hommes de droite, nous n’aurons plus le droit d’être de droite, que bientôt nous serons de gauche et qu’enfin nous serons guéris…

*Rémi Lélian sévit dans La Nef et Causeur.

Lire aussi :
> Zemmour débarqué de RTL : Le grand ménage a commencé. Par Myriam Picard

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14 Comments

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  • Eric Martin , 6 octobre 2012 @ 13 h 02 min

    Attention quand même, la droite risque à ce moment d’être devenue de gauche. Car la contre-révolution (=le refus de la gauche), ce n’est pas la révolution contraire (=adopter une attitude de gauche pour se battre contre la gauche et la battre) mais le contraire de la révolution (=être de droite).

  • R.L. , 6 octobre 2012 @ 15 h 43 min

    En creux, c’est exactement le propos de mon article…

  • Gérard , 6 octobre 2012 @ 18 h 30 min

    Ce qui me plairait chez la gauche, c’est qu’elle pousse le bouchon aussi loin que possible pour que les français se réveillent enfin. Car je ne vois plus d’autre issue que le Révolution. Pas une contre révolution, ni une révolution contraire, pas une révolution de droite ou de gauche … une Révolution tout court … qui nous libèrerait du terrorisme intellectuel et de la pensée unique et qui permettrait de stopper illico le “Grand Remplacement” dont nous sommes l’objet ! Après quoi … nous pourrions discuter !

  • Goupille , 6 octobre 2012 @ 21 h 05 min

    Mais : elle est déjà de gauche…

    Même politique européiste, même laisser-faire monétaire, même laxisme immigrationniste, même absence de politique sécuritaire, même abandon culturel, même non-transmission de notre histoire et de nos valeurs…

    Je vous parle de la droite patriote, moi. Pas du brouet UMP qui découvre, par exemple, le racisme anti-français avec vingt ans de retard.

    Ouvrez bien vos mirettes, gens de droite. C’est terrible de quitter sa famille politique : c’est comme un divorce.
    Mais, qu’est-ce qu’on se sent bien après…

  • Natrép , 8 octobre 2012 @ 4 h 25 min

    « Ce qui nous plaît chez la gauche c’est quand elle cite Voltaire »
    Et encore, la célèbre maxime est apocryphe, tandis que Voltaire était un infâme menteur totalitaire dont la fourberie le poussait jusqu’à la persécution de ses adversaires, à l’instar de ce pauvre Élie Fréron.

  • Gomez Aguilar , 8 octobre 2012 @ 17 h 56 min

    Enfin quelqu’un qui le dit.
    Voltaire, et le sempiternel et apocryphe “je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai blablabla”! Alors qu’aucun auteur français n’a tout au long de sa vie déployé davantage d’énergie à tout faire pour museler, discréditer, traîner dans le boue le moindre de ses contradicteurs, et aucun ne l’a fait par les moyens les plus bas : calomnies, menaces, mensonges, dénonciations à la police, mouchardage, mauvaise foi, basses vengeances, tout lui était bon, il ne reculait devant aucune abjection.
    Il faut absolument lire le phénoménal “Voltaire, sa jeunesse et son temps” (2 volumes) suivi de “Voltaire et Frédéric II” (2 volumes), de Roger Peyrefitte. Ça ne se trouve plus en librairie, mais sur Amazon et compagnie, sans trop de difficultés. La personnalité de Voltaire qu’on y découvre, à travers des faits méconnus et à travers sa correspondance, laisse sans voix.
    Un grand écrivain, sans contestation possible, mais l’individu le plus ignoble qu’il soit possible de concevoir.

  • Juisep , 25 mai 2013 @ 16 h 59 min

    Pour ce qui concerne l’inculture crasse, messieurs Lélian et Guillebon sont d’excellents spécimens !

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