Tribune libre de Patricia Gallerneau*
Au lieu de laisser disserter de l’extérieur sur le MoDem auquel j’appartiens, je voudrais témoigner d’un point de vue… de l’intérieur de ce mouvement.
Dans un article « L’avenir incertain du MoDem » paru sur Nouvelles de France, Alexandre Vatimbella et de Jean-Louis Pommery avancent que François Bayrou aurait été pressé par ses amis de quitter la présidence du MoDem. Lors du Conseil national du 30 juin, il n’en a rien été. Il faut considérer que prendre le temps de la réflexion, laisser intervenir en première ligne les vice-présidents, en lieu et place du président, n’est pas un départ. Aucune pression n’a été faite par les conseillers nationaux MoDem, ce samedi matin, pour qu’il quitte la présidence ! Nous avons un congrès en 2013 pour renouveler régulièrement notre président. Ce congrès est maintenu.
Nous ne voulions pas qu’il laisse la présidence, il n’a pas été question de son départ lors de ce très solidaire Conseil national. Nous avons compris qu’il souhaite prendre du recul. François Bayrou est la figure historique du Mouvement démocrate, sans laquelle le centre ne serait toujours qu’un supplétif de la droite, une sous marque de l’UMP ! Il a payé cher cette révolution, (et Bayrou, et le Modem lors des présidentielles par un score médiocre et des législatives par de mauvais résultats ), mais cette révolution est effective !
François Bayrou, Européen lucide s’il en est, se propose d’œuvrer à une Europe plus efficace et plus humaniste. Nous disons bravo !
Il laisse la gestion du quotidien à toute l’équipe de vice-présidents du MoDem dont Marielle de Sarnez : ils sont 6 (1) qui devraient assumer ensemble ces fonctions d’animation du mouvement, avec Yann Wehrling notre porte-parole et Marc Fesneau, notre secrétaire général. Les médias qui ne veulent ordinairement « que » François Bayrou sur leurs plateaux, tout en insinuant à l’envi qu’il serait seul, devront s’habituer à diversifier leurs invités.
Je me dois aussi rectifier cette assertion selon laquelle Marielle aurait fait glisser le mouvement à gauche. Ce canard auquel il faut couper la tête, date des rencontres-débats organisés par Vincent Peillon en 2010. Elle et nous revendiquons avec le MoDem le droit de discuter avec la gauche, comme avec la droite ! Les élus MoDem présents dans des exécutifs de gauche ne sont pas devenus d’affreux gauchistes, mais des éléments de tempérance plutôt, de consensus dans les politiques locales (exemple, le conseil municipal d’Asnières sur Seine, où siège Blanche Mühlmann et tant d’autres conseils partout en France).
Nous nous devons, en parti central, de travailler avec ceux dont le projet est le plus proche de celui que nous voulons, et surtout dans nos villes où l’étiquette importe moins que les personnes et les programmes.
La ligne est claire : pas de dogmatisme, pas de ralliement systématique mais des partenariats intelligents !
Les Français en ont assez de cette politique clanique de partis, ils le disent dans les sondages et ils vont de moins en moins voter : l’abstention aux législatives est de 43,71% sans les Français de l’étranger ! Une paille !
Quant aux incohérences politiques dont on nous accuse parfois, il faut chercher ailleurs, chez Jean-Louis Borloo par exemple, capable d’affirmer, sans rire, qu’il est centriste tout en se pelotonnant sous l’aile protectrice de l’UMP dans « une alliance privilégiée » avec ce parti ( a-t-il déclaré le 28 juin, dans l’émission “Les 4 Vérités”). Il lui doit ses quelques élus obtenus aussi piteusement que ceux d’Europe écologie – Les Verts ! On en arrive à défier les règles même de vocabulaire, de la logique, de la raison, au delà de la géométrie : le centre s’il est de droite, n’est plus le centre.
Ne vaut-il pas mieux des partenariats intelligents avec les deux blocs, selon les idées, plutôt que l’indignité de la tambouille politique, la danse du ventre de EELV ou de Borloo, les coucous politiques ?
Plus efficace pour obtenir des élus (pour le moment) mais combien plus dégradant.
Pour revenir à l’avenir que l’on dit incertain pour le MoDem, je veux réaffirmer que défaite n’est pas mort politique… L’histoire le rappelle, le Général de Gaulle sans majorité à l’assemblée nationale, et Martine Aubry battue plusieurs fois aux législatives, auraient été enterrés beaucoup plus tôt !
J’affirme que nous ne lâchons rien sur les idées, tout en reconnaissant des erreurs d’organisation ou de stratégie. Nous devons continuer à montrer que nous sommes prêts à travailler avec le PRG, Cap21 ou autres groupes proches, comme le suggère Jean-Luc Bennahmias et avec les humanistes de la droite propre, comme le préconise Jean-Marie Vanlerenberghe. Avec Alain Juppé à Bordeaux ou Martine Aubry à Lille comme nous le faisons déjà ?
Nous restons aussi sur cette position de vigilance constructive pour les actions du gouvernement. Plusieurs propositions de notre programme ont été reprises par François Hollande. Nous sommes exigeants et devons rester modestes, en même temps indépendants et partenaires ! Être acteurs et actifs sur la scène politique, mais réalistes dans des partenariats, comme le suggérait Jean-Marie Vanlerenberghe samedi dernier. Il est à souligner par ailleurs qu’il est tout à fait en phase, sur ce point-là, avec Jean-Luc Bennahmias ; aussi curieux que cela paraisse, leurs débats sont riches, leur compatibilité entière !
Mais avant tout cela, avant de « s’allier » il faut exister, et ne pas aliéner notre liberté affirmée, confirmée par François Bayrou. Le MoDem a, par le choix de François Bayrou de divulguer son propre vote, fait justement la preuve de son indépendance autant vis-à-vis de la droite que de la gauche.
Le MoDem existe. Parti neuf, il s’est affirmé sur des bases plus nettes… il lui reste à croître sur ces fondations, dès les élections municipales de 2014. Nous allons, nous devons le prouver !
*Patricia Gallerneau est conseillère nationale MoDem pour la région Pays-de-la-Loire.
(1) Jean Marie Vanlerenberghe, Jean Luc Bennahmias, Marielle de Sarnez, Jacqueline Gourault, Robert Rochefort, Jean Lassalle.
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