Démission du directeur de l’Administration pénitentiaire, persistance de la contestation en Guyane malgré des milliards promis par un gouvernement à quelques semaines de son départ, Etat d’urgence sans fin… Jamais un quinquennat n’aura affiché pareil bilan désastreux. Jusqu’au bout le Président aura été incapable d’assumer son rôle et de conduire des politiques cohérentes et efficaces. Trois Premiers Ministres successifs seront allés d’échec en échec en se trompant sur la plupart des dossiers. Notre économie tourne au ralenti comme en témoigne le déficit de notre commerce extérieur. Le chômage a augmenté alors qu’il reculait chez nos voisins. L’absence de croissance, l’accumulation des déficits, le creusement de la dette qui nous expose à une remontée des taux ravageuse, et l’asphyxie de l’activité par la pression des prélèvements obligatoires dressent un bilan calamiteux. La politique extérieure a fait de la France l’ombre des Etats-Unis, l’écho de l’Allemagne quand ces deux puissances affichaient, à l’égard de la Russie pour la première, en ce qui concerne l’immigration pour la seconde, des politiques dont chacun peut constater aujourd’hui l’aveuglement. La violence urbaine a atteint des limites insupportables. Le respect de l’autorité légitime s’est effondré.
Au début de l’année, l’élection présidentielle semblait jouée. Les Français allaient rejeter une gauche désemparée et divisée, face à son impuissance intellectuelle et morale à gouverner un pays qui paye durement chacun de ses passages au pouvoir. La Droite et le Centre avaient organisé une « primaire ». Celle-ci avec une participation forte avait désigné le candidat dont le programme était le plus radical. François Fillon voulait inverser le cours des événements, stopper la courbe du déclin, faire remonter la pente à une France qui en a le plus grand besoin. Il avait pour cela l’expérience la plus solide que peut aujourd’hui posséder un homme politique français, d’une mairie provinciale jusqu’à Matignon, en passant par le département, la région, l’Assemblée et le Sénat et différents ministères. Son programme consistait à effectuer en France les réformes indispensables pratiquées chez nos voisins allemands, anglais, scandinaves, avec en première ligne le recul de nos dépenses publiques, l’allègement du poids insupportable d’une fonction publique pléthorique et redondante. La mobilisation de la partie la plus déterminée et la plus réaliste de la droite, celle qui se bat depuis le refus du mariage unisexe, mais celle aussi qui sait que la remise en cause de l’Europe et de sa monnaie ne se fera pas avec une baguette magique, avait assuré son succès. François Fillon avait tenu la barre pendant cinq ans à la tête des gouvernements qui avaient affronté la crise économique la plus grave depuis 1929. Que peut-on lui reprocher, sinon d’avoir été fidèle à un Président de la République imprévisible et souvent plus soucieux de communication que de d’action ?
Il était le seul parmi les candidats à être assuré d’une majorité parlementaire assez large pour lui donner les moyens de poursuivre son action durant cinq ans, et promettait d’user du référendum pour faire sauter quelques blocages dus aux pesanteurs sociales de notre pays. Les jeux étaient faits. Qualifié pour le second tour, François Fillon aurait été élu face à Marine Le Pen qui additionne deux volontés contradictoires, celle de conserver des acquis sociaux que la réalité bouscule, comme l’âge de la retraite évidemment remis en cause par la démographie, et celle du saut, dont le parachute est incertain, hors de l’Europe. Or les sondages prédisent actuellement la victoire d’un candidat fabriqué à la dernière minute par une présidence aux abois. M. Macron n’a aucune expérience véritable de la responsabilité politique. Jamais élu, il n’aura connu que des cercles de réflexion éthérés, le secrétariat général de l’Elysée et Bercy pour un court moment. C’est un pur produit de la communication. Au fur et à mesure, la communication avait envahi le champ politique jusqu’à l’emporter largement sur l’action. Pour la première fois, elle occupe tout le terrain. Le candidat est 100% communicant, vibrant à ses heures, mais creux en permanence, capable de dire tout et son contraire, de délivrer à chaque public le message qu’il attend, de sortir les pires sottises par exemple sur l’absence de culture française, de salir l’honneur de son pays lors d’un déplacement à Alger, ou encore de multiplier les bourdes géographiques. L’élection de cet homme porté par le microcosme médiatique sera pour la France une triple catastrophe : sans majorité parlementaire, elle sombrera dans l’indécision et la paralysie quand l’heure réclame un élan nouveau ; la politique massivement condamnée par la majorité des Français sera poursuivie, avec insuffisamment de réformes économiques et sociales et maintien de la politique suicidaire pour l’immigration ; la voix de la France disparaîtra de la scène internationale avec un président inaudible et convaincu des bienfaits de l’Europe et du mondialisme, comme tous les soutiens du microcosme auquel il appartient. En somme les Français risquent de voter pour l’exact contraire de ce qu’ils souhaitent.
Ce paradoxe serait le résultat d’un « coup d’Etat » organisé par l’Elysée, avec la complicité de la majorité des médias et celle de certains magistrats, qui a consisté à pilonner le candidat désigné par la primaire au mépris du temps électoral, de la séparation des pouvoirs, du secret de l’enquête et de l’instruction, de la présomption d’innocence, alors que tant d’autres, y compris Macron lui-même, demeuraient à l’abri, alors que les faits incriminés étaient, malgré le grossissement volontaire des chiffres, de peu d’importance et largement répandus. Malgré les défections, celles des carriéristes qui pourrissent la politique et qui voulaient imposer une autre ligne que celle que les votants de la primaire avaient choisie, François Fillon a résisté. Cette résistance est un argument de plus en sa faveur car elle indique une force de caractère dont le futur Président de la République aura le plus grand besoin. Le tout est de savoir si les Français vont accepter d’être dupés. L’élection de Macron serait avant tout une défaite de la démocratie.
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