En France, condamner les horreurs de Daesh en les montrant est un délit !

Pour les distraits qui n’en avaient pas encore pris conscience, la démocratie française, qui n’était déjà pas très vaillante, s’est perdue dans un triangle des Bermudes. Celui-ci peut fonctionner très rapidement ou être beaucoup plus lent. Il avait englouti François Fillon en quelques jours. Il vient de rattraper Marine Le Pen, un mois après Gilbert Collard, et au bout de deux ans après les faits. Ce triangle a un premier sommet médiatique, un second judiciaire, et un troisième politique, commanditaire ou bénéficiaire selon les opinions. Les deux parlementaires du Front National, à qui leurs collègues avaient été ravis, auparavant, de retirer l’immunité parlementaire, vont donc se retrouver en correctionnelle et encourir une peine de trois ans de prison et de 75 000 Euros d’amende.

Quels sont les faits ? Lors d’une émission où Jean-Jacques Bourdin interroge Gilles Képel en 2015, ce dernier fait état d’une thèse contenue dans son dernier ouvrage, la symétrie du repli identitaire des islamistes qui ont commis les attentats, et du Front National en France. Ce « spécialiste » prétentieux agite donc un concept fumeux dont il paraît fier. Le repli identitaire de l’islamisme appellerait donc celui des patriotes dans notre pays. C’est le type même de l’amalgame malhonnête qui discrédite totalement le sérieux de cet auteur, mais qui dans ce cas est considéré par Bourdin comme une clef de compréhension éminente. Il faut rappeler que les amalgames tendant à imputer les crimes du passé, ceux des nazis, à l’extrême-droite actuelle sont bienvenus, mais que sont scandaleux, ceux qui prêtent une propension à la violence à l’islam dans son ensemble. Jean-Jacques Bourdin reprend la balle au bond en parlant de liens entre daesh et le FN, puis corrige en disant qu’ils ne sont pas directs. Ouf, parce que là, il a frôlé la diffamation, mais si on résume, il vient de dire qu’il y avait une « communauté d’esprit », celle du repli identitaire. Si on traduit cette expression, elle dit : ces gens-là pensent pareil ! Bourdin et Képel, en bons compères, se diront très surpris de l’indignation de Marine Le Pen et prendront sa réaction de très haut. Comment peut-on reprocher quoi que ce soit à ces professionnels exemplaires ? L’un est un spécialiste reconnu et qu’on voit sur tous les plateaux des chaînes et des émissions d’information. L’autre est un journaliste ombrageux à qui on ne la fait pas. Ils n’ont bien sûr fait preuve d’aucun parti-pris. Parler de liens entre une organisation terroriste et un parti politique français et faire du « repli identitaire » français une cause de la violence en raison des difficultés qu’il pose à l’intégration d’une population qui ne demande que ça est à l’évidence le signe de l’objectivité sans faille des deux hommes.

Marine Le Pen a réagi de manière affective. Elle a été blessée, et on la comprend, mais cette spontanéité dont l’éventuelle maladresse prouve la bonne foi, est jugée indigne par le donneur de leçon Bourdin et par le Premier Ministre de l’époque Valls. Quant à Képel il vide sa hargne sur Philippot qu’il juge « inculte ». Après avoir gagné quelques procès contre ceux qui m’avaient diffamé, je crois qu’il y avait là matière à poursuite. Mais Marine Le Pen a préféré à l’aide de quelques tweets et de photos exprimer son indignation : comment peut-on, si peu que ce soit, établir un lien même indirect entre un parti parfaitement légal et qui n’use pas de violence et un groupe terroriste qui décapite un otage américain, brûle vif un pilote jordanien et écrase un soldat de l’armée syrienne sous un char ? Il n’y a aucune ressemblance, aucun lien entre la cruauté des islamistes, leur fanatisme ignoble, et le patriotisme français. La comparaison est d’autant plus insultante que des attentats viennent d’être commis en France au nom de l’Etat islamique, et qu’une réaction « identitaire » française paraît la moindre des choses. La surdélinquance immigrée, soulignée par Zemmour, lui-aussi visé par des actions judiciaires, n’a pas attendu l’Etat islamique, ni le Front National pour provoquer un rejet, un « repli identitaire » qui s’apparente à de la légitime défense dans une partie de la population.

Mais dans notre cher pays, il y a des situations où la victime ne peut-être que le coupable. Marine Le Pen a montré des photos violentes pour se défendre de l’amalgame et la justice va renforcer l’amalgame. Elle montrait l’horreur pour la stigmatiser et s’en éloigner, mais elle l’a montrée et s’en est donc faite complice en délivrant « un message à caractère violent et pornographique ». L’intention n’a aucune importance. Elle est complice, comme si les djihadistes ne pouvaient voir ces photos sans l’aide de Marine Le Pen, et comme si les Français ne devaient surtout pas les voir, pas plus qu’on ne doit employer le mot islamique, pas plus qu’on ne peut procéder à des statistiques ethniques. Une telle montagne d’hypocrisie, d’aveuglement volontaire, de parti-pris, de manipulation de l’opinion où l’on trouve comme d’habitude des communicants du système, un magistrat pour mettre en examen et des politiques pour justifier l’injustifiable, la main sur le coeur, est pour ceux qui savent voir une honte pour notre pays, une ignominie qui discrédite notre prétendue démocratie. Et je le dis d’autant plus facilement que j’étais un électeur de Fillon et que je ne suis pas membre du Front National.

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15 Comments

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  • BUREAU , 6 mars 2018 @ 17 h 59 min

    Avec la caste des LREM, tout passe. Par contre, le FN est épié et ne peut plus s’exprimer, comme la majorité des français qui n’ont pas d’oeillère. La justice n’est pas juste. On nous montre bien d’autres horreurs, comme les paquets de cigarettes, les gens tués sur les routes, etc…

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