Nous sommes en août 2016, quatre copains issus de la cité des Trois-Ponts, à Roubaix partent se dorer la pilule au soleil de Bodrum, en Turquie. Aucun désir de poursuivre leurs vacances en Syrie, mais bien de profiter de la vie, loin des parents, et en totale liberté. Oubliant qu’ils étaient dans un pays beaucoup moins libéral que la France, sous justice islamique, Malik, Faycal, Belkacem et Rabah, âgés alors de 17 à 21 ans, avaient invité une jeune fille, mineure de 13 ans, à faire la fête.
Ils auraient passé plusieurs jours avec elle au bout desquels la jeune fille britannique aurait annoncé à son père qu’elle avait été violée, qu’elle n’avait jamais accepté de se mettre à la disposition de ces quatre jeunes français. Arrêtés, ils avaient été condamnés à de la prison ferme, malgré leur démenti formel d’un quelconque viol en réunion. Ils affirment d’ailleurs que la jeune britannique leur avait avoué avoir 17 ans… Hélas en décembre dernier, la Cour d’Appel a rejeté toute demande de leur remise en liberté les condamnant à 13 ans de prison ferme. Et lorsqu’on se rappelle « Midnight Express » ce film tourné dans un pénitencier turc décrivant la vie d’un touriste américain arrêté avec deux kilos de drogue, on peut imaginer leurs conditions de détention dans cette prison de Mugla.
Coupables ou non coupables, nos quatre jeunes roubaisiens, pas vraiment ados, ont déclenché dans leur quartier une véritable campagne afin de les faire sortir de leur enfer. En décembre, ils avaient pu dicter au téléphone une lettre décrivant leurs conditions de détention destinée à émouvoir les réseaux sociaux. Ils proclamaient une innocence aussi difficile à prouver que leur culpabilité, « Nous sommes privés de toute activité. Beaucoup de personnes sont gravement malade. Nous vivons comme des animaux. Cela va faire treize mois que nous avons été placés dans le mitard des étrangers, dans une cellule surpeuplée où tout le monde fume. Sans fenêtres pour respirer, sans chauffage dans des pièces froides. Il a fallu cinq mois pour voir le docteur. La cour de promenade est petite, dix pas sur six ! »
Bref, l’enfer avec des visites de 35 minutes pour des parents qui ont parcouru trois mille kilomètres pour les apercevoir. Alors, les familles viennent de créer une Association « 4 ados prisonniers en Turquie » qui a recueilli 3 380 euros ce week-end lors d’un repas partagé par deux cents personnes tandis que de jeunes camarades des inculpés proposaient de laver les voitures pour dix euros. Une pétition a réuni à ce jour 13 000 signatures, réclamant au maire de Roubaix d’intervenir auprès du Président Macron pour qu’il demande à Erdogan, leur transfert dans une prison française.
« On se sent abandonnés, on a plus d’espoir. Le peu de foi qui nous reste s’en va peu à peu. On perdu l’appétit, notre santé se dégrade ». Alors l’argent réuni ce week-end va permettre à l’un des pères d’aller plaider leur cause devant la justice.
Catherine Osson, députée LREM, n’a pas hésité à aller soutenir les parents de ceux qui ne sont pas vraiment des ados et qui sont tout de même accusés d’un crime, d’une action impardonnable. Aucun autre élu n’a jugé bon d’aller défendre la cause de ces jeunes gens dont les vacances de rêve se sont terminés en cauchemar.
Le problème dans ces affaires de viol réside dans le manque de preuves évidentes. Tariq Ramadan en sait quelque chose. Mais si la justice turque est féroce car basée sur la charia, celle que nous connaissons en France, est beaucoup plus laxiste, et le prêcheur Ramadan devrait pouvoir en bénéficier.
Floris de Bonneville
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