« GPA, gender : il faut vous le dire en quelle langue ? » s’interrogeait lundi Libération, avouant ainsi l’échec de sa propre propagande. Comment un gouvernement peut-il reculer face à ceux qui ne comprennent pas, face à ceux qui s’obstinent à dénoncer des menaces imaginaires ?
Le coup est dur, la réalité n’est que déception. Il s’agit bel et bien d’une reculade face à cette frange anachronique de la population qui a raté le train du progrès. La France est bien plus arriérée que ce que l’on pouvait croire. Autour d’un café bien amer, les cadres du Parti socialiste et des Verts ne manqueront pas d’évoquer la question, en se disant qu’à l’avenir, il sera nécessaire d’être plus pédagogues. Après tout, il n’est pas possible qu’autant de personnes ne comprennent pas.
Il y a un peu moins de dix ans, ils n’avaient pas compris non plus. Autre sujet, mais même procédé. La constitution européenne était « incompréhensible », les français « n’en comprenaient pas les éléments essentiels » qui étaient pourtant dans leur intérêt. Le parti du Oui a péché par manque de pédagogie a-t-on pu entendre ici et là. L’enjeu était d’ailleurs bien trop important pour être bloqué par cette incompréhension. Après quelques modifications, amendements et autres artifices, il était bien nécessaire de refaire passer ce texte d’une autre manière.
“Pourtant, le peuple du Non a très bien compris, et n’est pas anti-démocratique pour autant. Il pense juste que sans la prise en compte des réalités dont il est question – celle des filles et des garçons aujourd’hui, celle des nations en 2005 – aucun progrès n’est possible.”
Cette incompréhension d’hier et d’aujourd’hui est agaçante, elle gêne. Elle bloque le progrès que nous suivrons tous d’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre. L’opposition de ces familles, de ces catholiques, de ces musulmans et de ces athées bien égarés est un frein à la démocratie, comme le répète Harlem Désir en s’époumonant.
C’est pourtant ici que se trouve le nœud du problème. La démocratie française s’est transformée en chambre d’enregistrement du progrès, ou plutôt d’une certaine idée du progrès. Vous, opposés au progrès, vous n’avez que deux justifications possible. La plus probable est que vous n’ayez rien compris. La plus dangereuse serait en revanche que vous ayez compris. Vous passeriez alors du côté factieux, réactionnaire et anti-démocratique.
Pourtant, le peuple du Non a très bien compris, et n’est pas anti-démocratique pour autant. Il pense juste que sans la prise en compte des réalités dont il est question – celle des filles et des garçons aujourd’hui, celle des nations en 2005 – aucun progrès n’est possible. Il croit fermement au progrès, quand celui-ci est construit à partir de l’expérience, de la transmission et de l’Histoire. Il souhaite simplement avoir lui aussi le droit d’être le peuple du Oui, un autre Oui. Ainsi devrait aller la Démocratie.
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