Tribune libre de Jérôme Soibinet
De Marine Le Pen à Xavier Bertrand, ils sont quelques-uns à nous présenter le « projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe » comme un acte de diversion.
Alors bien sûr, on peut considérer à juste titre que ce projet ne répond pas aux priorités qui devraient être actuellement celles du gouvernement de la France : crise économique, sociale et financière, plans sociaux qui s’accumulent, insécurité croissante, Union européenne qui vogue à l’abandon, terrorisme international malmené mais qui se répand inexorablement… Imaginer que l’Assemblée nationale va siéger deux semaines, jour et nuit, samedis et dimanches compris, pour ce seul projet de loi, peut effectivement apparaître comme un beau gâchis alors qu’il y a tant à faire. Le sens des responsabilités de nos dirigeants n’en sortira pas grandi !
Néanmoins, si le calendrier est pour le moins navrant, si celui-ci présente par ailleurs l’avantage certain pour François Hollande de rassembler peu ou prou la gauche, de son extrême à son centre, autour de questions de société censées faire mieux passer auprès de la gauche post-soixante-huitarde les couleuvres de la politique économique d’un parti devenu social-démocrate, le fond de la question ne peut pas, ne doit pas être considéré comme une « diversion » !
La volonté de modifier le fondement de nos sociétés que constitue le mariage civil, d’ouvrir la possibilité pour ces « couples » d’adopter des enfants, leur permettre ensuite de recourir à la procréation médicalement assistée pour les femmes et à la gestation pour autrui pour les hommes, tout cela ne peut être une diversion. C’est même plus qu’une « réforme de civilisation » comme le prétend Christiane Taubira, ce qui supposerait qu’une civilisation se soit jamais construite et puisse jamais se construire sur le modèle tellement artificiel que promeut cette loi. C’est une vision nihiliste qui tire sa racine non dans une quelconque quête d’égalité (sinon il faudra admettre rapidement le mariage à 3, 4 ou plus si affinités, dés lors que ces quelques personnes s’aiment et veulent officialiser leurs sentiments… comme en parle déjà d’ailleurs le magazine gay Têtu), mais dans la seule volonté de détruire un modèle sans même prétendre le remplacer.
“L’heure est à l’opposition totale à ce projet, ni plus, ni moins !”
D’innombrables arguments juridiques, philosophiques, psychologiques, sociologiques, politiques ont été exprimés depuis plusieurs semaines ; de nombreux juristes, psychologues, pédopsychiatres, représentants d’enfants adoptés et de parents adoptants, membres de la « communauté » homosexuelle, personnes et élus de gauche et de droite, des « qui croient en Dieu » et des « qui n’y croient pas »… tous ont dit leur opposition à ce projet non sur la base de leurs propres convictions mais sur la base d’arguments objectifs. Et ceux-ci n’ont reçu comme réponses que les adjectifs qualificatifs habituels de la bien-pensance : « réacs », « intégristes », « homophobes » (ce qui s’agissant des membres d’Homovox par exemple est, vous l’avouerez, savoureux !), « obscurantistes », et l’inévitable « fachos » !! Outre cette usuelle litanie, le million de personnes venu dire son opposition à ce projet le 13 janvier à Paris, n’a obtenu qu’un condescendant « consistant » de la part du cabinet présidentiel et le méprisant constat d’une « foule provinciale, blanche pour l’essentiel et très catholique » (Nicolas Domenach, Marianne).
Ce mépris de nos gouvernants et de leurs amis possédant une carte de journaliste face à la mobilisation de si nombreux Français en France et à l’étranger, renouvelée le 2 février, ne doit pas se doubler d’un autre qui consisterait à dire ; « Ne tombez pas dans le piège de François Hollande ! ». Si nous avons été si nombreux à nous mobiliser lors de manifestations publiques mais aussi au sein de nos familles, de nos amis de nos collègues, si nous prêts à continuer et même à amplifier nos actions, c’est bien parce que ce n’est pas une diversion et que ce projet touche au plus profond de nos consciences. Alors épargnez-nous ce double mépris ! L’urgence n’était pas, et ne sera jamais d’ailleurs, à ce genre de législation. Néanmoins, le président qu’une majorité relative de Français a cru bon de se choisir, a décidé de nous l’imposer : alors trêve de lamentation sur le pourquoi du comment.
L’heure est à l’opposition totale à ce projet, ni plus, ni moins !
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