Tribune libre de Christian Vanneste*
En « tançant » l’enseignement catholique, Peillon révèle la nature de la gauche qui sévit dans notre pays. Héritière des Jacobins et de la Terreur, du laïcisme haineux et sectaire de la IIIe République jusqu’à la guerre de 1914-1918, la gauche n’est pas seulement un boulet économique, qui, au nom de la revanche sociale et de la guerre aux riches, tue la croissance et l’emploi, c’est aussi une force qui divise les Français et menace leurs libertés.
Au nom d’une conception du progrès qui consiste à renverser les traditions et les principes, y compris ceux du bon sens, sur lesquels s’appuie notre société, la gauche a entrepris d’instituer un « mariage » entre personnes du même sexe. Non contente d’imposer une absurde révolution anthropologique à une partie importante des Français qui n’en veut pas, et de refuser un référendum à la majorité qui le souhaite, la gauche entend passer en force en faisant taire les opposants. La stratégie est simple : il s’agit d’ôter toute légitimité à la parole du contradicteur pour que la pensée unique soit effectivement la seule, de gré ou de force. Ce terrorisme intellectuel consiste donc à disqualifier tout adversaire. Ainsi lorsque le Secrétaire général de l’Enseignement catholique demande que le débat sur le « mariage » homosexuel soit suscité dans les établissements de son ressort, le ministre se fait censeur et prétend le lui interdire. Cette attitude est triplement scandaleuse.
“L’État interdit aux uns de s’exprimer, mais il donne le champ libre aux autres.”
Elle l’est d’abord parce que l’enseignement privé, catholique à 95%, voit sa liberté reconnue par la Constitution et par la Loi. La liberté de conscience justifie que les parents aient le choix de l’école, notamment pour que les valeurs morales auxquelles ils sont attachés y soient respectées. Le besoin scolaire qui fonde l’association entre l’État et les établissements privés doit tenir compte de ce choix des parents. L’école catholique n’est pas laïque, elle est confessionnelle. Que cette dimension n’intervienne pas dans le traitement des programmes n’empêche nullement les établissements de manifester leur caractère propre, lui aussi reconnu par la loi que semble ignorer le ministre. C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général, beaucoup trop conciliant, comme c’est malheureusement l’habitude, n’avait pas à évoquer la neutralité d’une école qui doit l’être dans les disciplines d’enseignement, mais qui n’existe que parce qu’elle ne l’est pas sur les valeurs morales et religieuses. C’est au contraire à l’Etat à être prudent dès lors qu’il prétend imposer aux familles et aux enfants une idéologie hostile au choix des parents. C’est ainsi que l’on passe de la démocratie au totalitarisme. La deuxième raison du scandale est précisément l’absence de neutralité de l’État. Il interdit aux uns de s’exprimer, mais il donne le champ libre aux autres. Le porte-parole du gouvernement, Mme Vallaud-Belkacem, a ainsi pu vanter les mérites du « mariage » homo devant une classe d’un collège de Fleury-les-Aubrais, dans le Loiret, le 15 octobre dernier (les preuves ici et là). Par ailleurs, plusieurs associations du lobby homosexuel, subventionnées, interviennent dans les établissements scolaires sous divers prétextes, notamment la lutte contre l’homophobie. C’est en ayant recours à la Justice que la Confédération nationale des associations familiales catholiques a pu mettre fin à des interventions de SOS Homophobie, manifestement contraires à la neutralité de l’enseignement laïque. Cette association bénéficiait cependant d’un agrément d’ “association éducative complémentaire » de l’enseignement public. Enfin, il est extraordinaire que le ministre d’un gouvernement en proie à des difficultés budgétaires insurmontables et qui devrait remercier à chaque instant les parents d’élèves de l’enseignement privé, et néanmoins contribuables, pour les économies réalisées grâce à eux sur 20% des effectifs scolarisés, vienne en plus leur imposer son idéologie. Il faut rappeler, en effet, que si les enseignants sous contrat sont salariés de l’État, le fonctionnement des établissements est financé par le forfait d’externat qui représente déjà un gain pour l’argent public par rapport à ce que coûterait un élève scolarisé dans le public, et qu’enfin, la charge des bâtiments est supportée soit totalement, soit à 90% par les associations, à l’exception des établissements d’enseignement technique.
“La mollesse de l’enseignement catholique, la lâcheté et l’ignorance de la majorité précédente ont créé les conditions de ce coup de force ministériel d’aujourd’hui.”
La liberté religieuse, inséparable de la liberté de conscience, garantit le droit à l’expression des croyances et des valeurs qui en découlent. Il se trouve que toutes les grandes religions réprouvent l’homosexualité. Ce n’est nullement une spécificité catholique. Il n’y a donc aucune raison qu’une sorte de religion séculière vienne imposer ses dogmes au sein d’un enseignement qu’on prétendrait laïque ou neutre, tandis que les croyants se verraient imposer le silence dans les locaux dont ils ont la charge. Cette dérive, aujourd’hui évidente, a malheureusement été soutenue de manière irresponsable et en raison de son incompétence par le ministre précédent. C’est lui qui a, notamment, approuvé l’introduction de l’absurde théorie du genre dans l’enseignement. C’est lui encore qui a bloqué à 20% des parents la liberté de choisir l’établissement qui convient à leurs enfants, au mépris d’un principe qui a valeur constitutionnelle. La mollesse de l’enseignement catholique, la lâcheté et l’ignorance de la majorité précédente ont créé les conditions de ce coup de force ministériel d’aujourd’hui.
*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.
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