C’est dans un paysage désolé que des Français vont aller vers les urnes dimanche. On leur demande d’élire les Conseillers de régions pour la plupart incongrues. Si on met à part l’unification logique de la Normandie, le redécoupage régional effectué dans les cabinets du pouvoir, sous couvert de faire des grandes régions à taille européenne, a surtout veillé à protéger quelques fiefs socialistes et à limiter la progression de l’opposition. Les régions malgré leur nouvelle dimension n’auront ni les moyens ni les pouvoirs des « länder » allemands qui sont de formats disparates. Elles garantiront un nombre de sièges équivalent au précédent. Cette manipulation politicienne se situe dans un entrelacs de manipulations en tous genres et à tous les niveaux qui devraient faire fuir les électeurs à force de dégoût. Beaucoup se contenteront de voter à l’encontre des souhaits des manipulateurs et on ne peut que les approuver.
En maintenant les inutiles et obsolètes départements et en instaurant des régions dénuées d’identité pour la plupart, les partis politiques qui monopolisent les pouvoirs en France ont préservé leurs intérêts et ceux des politiciens professionnels qui font carrière dans leur ombre. Quant à l’intérêt du pays, voilà bien longtemps qu’il a été perdu de vue. Dans cette dernière ligne « droite » avant les régionales, les manoeuvres se multiplient. Le grand journal de ma région dévoile sa connivence avec la gauche en venant à son secours sous prétexte de barrer la route au Front National. Le Medef intervient avec une légèreté de pachyderme lui aussi contre le FN. Son discours témoigne soit d’une étrange ignorance soit d’un mépris colossal à l’encontre des électeurs. Il affirme que le programme économique de Mme Le Pen est irréaliste et dangereux. C’est là confondre les élections nationales et régionales. L’exécutif d’une région n’aura pas le pouvoir de fixer l’âge de la retraite ni de fermer les frontières. C’est pourquoi la confusion entre les élections relève de la malhonnêteté intellectuelle. Le fait que le parti qui draine le plus grand nombre d’électeurs dans une région ne puisse y accéder aux responsabilités est un déni de démocratie qui disqualifie ceux qui s’en rendent complices. Le réalisme est le prix du pouvoir. On l’acquiert en exerçant celui-ci d’abord localement et la droite a d’ailleurs tendance à s’y rallier plus vite que la gauche. La diminution de la dépense publique, la suppression des subventions superflues, la limitation du nombre des fonctionnaires, la réduction de la fiscalité sont des perspectives que le Medef devrait approuver d’autant plus qu’elles sont réalisables au plan local. Mais il est vrai que beaucoup d’électeurs vont utiliser ces scrutins intermédiaires, aux enjeux mal définis dans des régions mal découpées, pour exprimer leur exaspération devant des politiques menées par des « professionnels » incompétents. L’étrange préférence étrangère manifestée à l’encontre de la très légitime déchéance de nationalité pour les double-nationaux irrespectueux de nos lois et de leurs devoirs pourra justifier une sainte colère chez beaucoup de Français après les massacres du 13 Novembre, et ils auront raison.
Mais ces escarmouches ne sont rien auprès du spectaculaire redressement présidentiel dans les sondages. Plus ça va mal, mieux ça va pour lui ! Un chômage qui en grimpant toujours devient une exception européenne, une insécurité confirmée par la quatrième action terroriste, considérable cette fois, sur notre sol, établissent l’inanité de nos gouvernants. Il a cependant suffi d’une chorégraphie talentueuse du malheur pour attirer les applaudissements. Le premier ingrédient de cette remontée réside dans l’inversion du discours. « J’avais tout faux, je vais faire le contraire… » Après deux ans d’augmentation de la fiscalité et d’absence de réformes structurelles, le Président a pondu le CICE avec des résultats médiocres. Maintenant, c’est l’état d’urgence et le contrôle aux frontières. Mais ces aveux consternants d’imprévision et d’incompétence sont emballés dans la mise en scène à grand spectacle. Congrès, marathon diplomatique, et cerise sur le gâteau, Paris , capitale blessée mais qui accueille tous les grands de ce monde pour le grand combat contre le réchauffement climatique : François Hollande a trouvé les mesures de la fonction et devient à la fois le bâtisseur de la grande coalition contre « daesh » et le premier défenseur de la nature.
A y regarder de près, le spectacle est illusoire. En fait de coalition, on sait davantage chaque jour que le Prix Nobel de la Paix par antiphrase, Mr Obama, ne veut pas en finir avec l’Etat islamique. Il vient d’avouer qu’une opération au sol en viendrait à bout, mais que la priorité est dans le changement politique à Damas. D’ailleurs, il y a des Américains au sol en Syrie : ils aident les opposants au gouvernement syrien légal, comme le font leurs alliés turcs ou arabes. Ils font la guerre à la Russie, et l’Otan va accroître son aide à la Turquie qui trafique avec l’Etat islamique. La tournée présidentielle n’a pas changé cette réalité dont nous sommes scandaleusement complices.
La France, grâce au nucléaire, n’a qu’une responsabilité infime dans un réchauffement climatique, qui n’est d’ailleurs pas forcément si humain que cela. Elle ne produit qu’1% du gaz à effet de serre mondial. La solution se trouve chez les gros producteurs comme la Chine ou les Etats-Unis, ou chez les mauvais élèves comme l’Allemagne qui en produit cinq fois plus que la France et a abandonné le nucléaire au profit du charbon et du très polluant lignite. La rapidité du virage allemand montre à quel point les engagements contraignants ou non peuvent être remis en question pour des raisons de politique intérieure. On perçoit ici comme là la manipulation à court terme des opinions par les élites mondialisées qui prétendent nous gouverner. Puissent les peuples ne pas continuer à en être dupes. Puisse l’électeur français prouver qu’il n’est pas un veau, selon le mot terrible du général de Gaulle.
11 Comments
Comments are closed.